Blanc Diamant

° Prologue

Juin 1948

- Qui est-ce?

Il venait à peine d'arriver en 1948, et déjà on lui demandait qui l'accompagnait. Qu'est ce que ça pouvait lui faire ? Et quel manque de politesse. . . Un bonjour n'aurait pas fait de mal. Le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité de la pièce, il répondit :

- Voici le Saphir, Lucy Montrose, Sir.

Elle était juste devant lui, observant le garde de haut en bas et il la prit par les épaules. Par protection sûrement. Elle méritait un accueil plus chaleureux. Celui-ci avait presque été agressif. Pourtant elle souriait et se déroba de son emprise, tendant une petite main ferme vers le garde, affirmant être la petite fille de Lucas Montrose. L'homme ne semblait que couic surpris par cette affirmation, et sourit simplement.

- Encore une rousse, quelle lignée !

Comme il avait raison, une magnifique rousse. Il la regardait avec attendrissement tandis qu'elle souriait poliment au garde.

- Veuillez me suivre, je vais vous conduire directement dans le bureau de Mr Montrose, dit l'homme en commençant par sortir de la salle de documentation sale et froide dans laquelle la Tourmaline était censé élapser tranquillement. - Après tout, cela lui fera plaisir de recevoir la visite de ces futurs petits-enfants.

Les couloirs n'en finissaient pas alors qu'ils suivaient l'adepte dans les étages du Temple. Lui-même connaissait très bien ces couloirs pourtant, mais il n'allait tout de même pas refuser une escorte. Les torches éclairaient fiablement les pierres mais l'endroit semblait beaucoup plus sombre qu'à son époque. Alors qu'il montait les marches une à une, il sentit qu'à ses côtés, elle était toute excitée, sûrement à l'idée de rencontrer son grand-père. Elle lui en avait si souvent parlé. Dans le présent, elle l'appréciait vraiment beaucoup, et en était très proche.

Alors qu'ils montaient une dernière série de marches et qu'ils s'approchèrent de la porte, elle s'arrêta. Il le remarqua de suite et se tourna vers elle, inquiet.

- Qu'y-a-t-il princesse ?

- Et s'il ne veut pas encore me rencontrer ? S'il préfère ne pas savoir mon existence pour l'instant ?

Des larmes perlèrent dans ses yeux, et il se sentit si mal pour sa belle rousse qu'il la prit dans ses bras d'un coup. Elle sembla surprise, mais ne le repoussa pas, à son plus grand bonheur, resserrant même un peu son étreinte. Peut-être ce câlin lui faisait-il autant de bien qu'à lui. . . En tout cas, l'espérait-il.

- Allons, pas de ça ici, il y a des chambres ! s'exclama une voix.

Un rire s'ensuivit et il sut de suite qui c'était, comme une intuition.

Il se détacha d'elle et lui jeta un coup d'oeil, pour s'assurer qu'elle ne fonde pas en larmes à l'entente de son grand-père. Mais elle rayonnait. Tant mieux, une crise de larmes n'aurait peut-être pas été bien venue en ce moment, alors qu'elle rencontrait un adepte de la Loge. Son regard se tourna alors en direction de son grand-père, qui avait plus l'air d'un jeune homme d'à peine vingt-cinq ans que d'un papi.

- Ma petite Lucy, comment vas-tu ?

- Tu me connais ?? dit-elle pleine d'espoir. Cela le fit sourire, son innocence la rendait si douce.

Elle et son grand-père se prirent dans les bras l'un de l'autre, comme s'ils étaient d'anciennes connaissances qui ne s'étaient pas revus depuis longtemps. Puis il se tourna vers lui, tendant une main qu'il prit avec entrain, légèrement surpris.

- Et toi aussi Paul. À vrai dire, nous nous sommes déjà rencontrés. J'imagine que pour vous, ce n'est pas encore arrivé.

- Oh, ça ne risque pas ! s'exclama-t-elle, C'est la deuxième fois que je saute.

Il sourit. Une si grande agitation la parcourait, comme si ce n'était qu'un jeu. Il avait l'habitude, tout n'était qu'un moyen de partir à l'aventure pour elle. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout, ça faisait tout son charme.

- Vous avez sans doute raison, ça ne s'est pas encore produit. Je ne me rappelle pas avoir vu un quelconque adepte lors de mes précédents élapsages, veuillez m'excuser, dit-il à Mr Montrose.

- Oh pas de ça avec moi, tutoie moi donc.

- Bien, souria-t-il un peu gêné.

- Allons, ne perdons pas de temps, entrez donc dans mon bureau, dit Mr Montrose en prenant par le bras sa petite-fille.

Elle était tellement heureuse, qu'il ne put s'empêcher de sourire avec elle. Lucas les fit donc entrer dans le bureau et ils discutèrent ainsi durant deux bonnes heures. Mais le retour se fit imminent, et n'ayant pas vu le temps passé, ils se précipitèrent à la hâte jusqu'à la salle de documentation de tout à l'heure.

Alors que l'habituel tiraillement au niveau du ventre le prit, il saisit la main de sa magnifique rousse et se mit à courir sur les derniers mètres.

- Désolée Mr Montrose, nous devons y aller, eut-il à peine le temps de dire.

- Tu peux me tutoyer Paul ! ria-t-il, Au revoir, les enfants.

- Au revoir Grand-Père !

Elle était si belle, mais ce n'était pas le moment de l'observer, Il fallait rejoindre la salle de documentation à temps, pour ne pas être disputé par le Grand-Maître de la Loge de leur époque. Ils avaient appris des choses intéressantes lors de cette discussion, des choses dont ils devraient encore parler la prochaine fois qu'ils rendraient visite à Lucas. Mais entre-temps, ils pourraient profiter de faire des recherches afin de pouvoir assembler leurs résultats.

Il entra juste à temps dans la salle qu'il commençait déjà à voir tourner. Elle le regardait, tout sourire, en se tenant le ventre. Elle-aussi sentait le moment venir.

- C'était extra ! Rentrons Paul.

- Prête ? parvint-il à dire légèrement essoufflé.

- Prête, si tu es prêt.