° Chapitre 2

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J'étais arrivé à Temple depuis quelques minutes déjà. Il faisait nuit, et le silence régnait dans les ruelles de pierres à peine éclairées. Mon moral avait beaucoup baissé, la présence de ma fatigue n'aidait en rien et celle des deux qui me servaient de gardes m'irritaient plus qu'autre chose. Le trajet jusqu'à Londres s'était passé rapidement, surtout parce que je dormais pour combler ma fatigue et que je n'entendais plus les deux adeptes jaspiner.

Au débarquement, j'avais allumé mon téléphone et découvert une bonne douzaine de messages et d'appels en absence, ce qui m'avait agacé avant même que je ne commence à les lire. . . Une bonne partie était de mon oncle, les quelques-uns restant venaient de Charlotte. Charlotte était ma partenaire, elle était comme moi, une voyageuse du temps. Alors que cela faisait deux ans que mon gène s'était activé et me permettait de sauter dans le temps (presque) à ma guise, Charlotte venait tout juste d'avoir seize ans et allait sûrement très bientôt faire son saut d'initiation. Nous avions été formés ensemble, depuis notre plus jeune âge, pour nous préparer à ce premier saut. Entre cours d'escrime, d'histoire et de savoir-vivre, tous deux étions devenus assez proches et j'étais excité que le gène s'active lui aussi. Elle pourra enfin m'accompagner. Ayant déjà dix-huit ans, mon premier saut avait eu lieu depuis un moment déjà, et mon sang avait tout de suite été prélevé et introduit dans le chronographe afin d'élapser par la suite régulièrement. Sans cet appareil, je sauterai à n'importe quelle époque, pour un temps indéterminé ; mais le chronographe permettait d'y remédier en nous donnant la possibilité de choisir et l'époque et la durée du voyage. Dès son premier saut effectué, le sang de Charlotte devait également être introduit dans le chronographe.

Sac à dos sur une épaule, téléphone dans la main, j'avais lu quelques-uns des messages pendant que je suivais les adeptes au travers de l'aéroport. « Salut Gideon, quand tu rentreras de Paris, il faudra absolument que tu restes à Temple. Il se pourrait que Charlotte fasse son premier saut dans peu de temps. Falk.», « Coucou, c'est Charlotte, j'ai essayé de te joindre mais tu dois toujours être en 1759, je vais passer ces prochains jours à Temple. Bisous. Fais attention à toi.»

Toujours aussi charmante cette Charlotte.

Il était très tôt quand nous arrivâmes à bon port, à peine cinq heures du matin. Je parcourus les couloirs du grand bâtiment, semant les deux idiots qui ne m'avaient pas lâché les basques jusqu'à présent. Les portes qui se succédaient à travers les longs couloirs étaient quasi toutes fermées, je les longeai sans vraiment y faire attention. Je savais que plus haut, j'avais une pièce pour moi, ouverte. Je fis un rapide aller-retour chez Mme Rossini pour déposer les vêtements que j'avais portés lors de mon voyage en France. La pièce était éteint et encore vide ; il était trop tôt pour que Mme Rossini s'affaire déjà à coudre et ajuster et chercher l'authenticité dans le moindre accessoire. La salle qu'occupait la merveilleuse mais extravagante couturière des Veilleurs était magnifique. De précieuses parures s'entassaient de-ça de-là et tous ces costumes avaient été confectionnés avec la plus grande passion et le plus grand soin. Moi-même qui, d'après Mme Rossini, ne comprenait rien à la mode, était impressionné par tant de beaux vêtements. Malgré tout, c'était une vraie caverne d'Ali Baba. Partout où mes yeux se posaient, il y avait un désordre fou.

Je déposai le sac dans un coin et partis sans faire de bruit. En y réfléchissant, cet endroit était même un peu flippant, dans le noir, dans le silence, sans signe de vie. Je refis le chemin inverse, grimpai une série d'escaliers et allai jusqu'à ma chambre. Je n'avais croisé personne dans les couloirs. C'était vraiment mort aujourd'hui. Mais Charlotte n'avait-elle pas dit qu'elle restait quelques temps à Temple ? Apparemment, elle devait sûrement être dans une autre chambre de l'étage. Je me lançai sur mon lit, tout habillé, et la fatigue que je n'avais pas totalement récupéré malgré mon petit somme dans l'avion privé, m'assomma bien vite. Ainsi je sombrai dans les bras de Morphée.

Blanc DiamantWhere stories live. Discover now