° Chapitre 10

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Le parc de notre époque était nettement plus rempli que celui que nous venions de quitter. Des joggeurs, des gens qui promenaient leurs chiens ou leurs enfants, des papis et des mamies qui prenaient l'air. Il faisait sombre, malgré le halo de lumière émis par le lampadaire sous lequel nous nous trouvions. Je rangeai l'épée tâchée de sang dans ma ceinture et jetai un coup d'oeil autour de moi.

Gwendolyn était là, affalée sur l'herbe, entourée d'un million de jupons et de tissus. Elle tremblait de tout son corps. J'inspirai pour me donner du courage et m'approchai d'elle.

- Debout ! (Elle ne bougea pas, regarda à peine ma main tendue) Allez, viens Gwendolyn. On commence à nous remarquer.

Elle ne dit rien, ne bougea pas.

- Je t'avais dit de ne pas quitter la calèche !

Je la relevai en tirant son bras. Bon sang. . . L'adrénaline quittait peu à peu mon corps mais pourtant j'étais toujours animé par l'épouvante, le stress, la nervosité. Et la colère qu'elle ne m'ait pas écouté. Comment nous allions faire si Madame ne jugeait pas nécessaire de m'écouter et de n'en faire qu'à sa tête ?!

- C'était de la pure inconscience et. . . totalement. . . dangereux et. . .

Je me tus, inspirai, fixai mon regard dans le sien. Il fallait bien se l'avouer :

- . . .sacré bon sang. . . plutôt courageux aussi.

- Je pensais que ça se sentait quand on atteignait une côte, dit-elle complétement sous le choc, Je ne pensais pas que c'était comme. . . comme quand on découpe une tarte ! Comment se fait-il que cet homme n'avait pas d'os ?

- Il en avait sûrement, tentai-je de la rassurer, Tu as eu de la chance et tu l'as touché quelque part entre deux.

- Il va mourir ?

À vrai dire, ça m'était complétement égal. J'en avais tué un, elle avait sûrement tué l'autre et le dernier s'était probablement enfui. Dans tous les cas, c'était soit eux, soit nous qui mourrions et franchement, je préférais rester en vie pour l'instant.

- Si le coup a été propre, non. Mais on peut difficilement comparer la chirurgie du XVIIIe siècle avec Grey's Anatomy.

Elle blêmit d'un coup, devint encore plus blanche qu'elle ne l'était déjà. Et je la sentis défaillir sous ma main, aussi je refermai ma poigne. Ce n'était pas le moment de se laisser aller.

- Viens, il faut rentrer. Les autres vont se faire du soucis.

J'emmenai Gwendolyn un peu plus loin. Deux dames passèrent à nos côtés et je leur souris gentiment, machinalement. J'étais nerveux, beaucoup trop nerveux et je sentais Gwendolyn tellement désemparée à côté de moi. Elle claquait les dents, perdue, perturbée et j'inspirai trop rapidement. J'essayai pourtant de sembler calme en apparence. Mais à l'intérieur de ma tête, c'était le foutoire. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Que venait-il de se passer ? Tout avait eu lieu si rapidement.

- Arrête de claquer des dents comme ça ! Ca me fiche des frissons, dis-je soudain.

- Je suis une meurtrière.

Je soupirai.

- Jamais entendu parler de légitime défense ? Tu t'es défendue. Ou plutôt, tu m'as défendu, pour être exact.

Je n'en revenais toujours pas. J'esquissai un léger sourire avant de me reprendre. Il ne fallait pas lui laisser croire qu'elle m'avait entre ses griffes, comme dirait le comte de Saint-Germain, juste parce qu'elle avait cru bon de me défendre.

- Non pas que cela eût été nécessaire, ajoutai-je.

- Oh, et un peu que c'était nécessaire ! Qu'est-ce que tu as à ton bras ? (Ah oui. Mon bras) Tu saignes !

Blanc DiamantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant