° Chapitre 12

425 22 1
                                    

Falk et Mr George avaient organisé une nouvelle mission, dès que je leur eusse transmis le résultat de ma visite. Je n'avais pas employé la force pour faire parler Margret Tilney - je n'en avais pas eu le temps - mais Falk disait que cela nous était avantageux. On ne devait pas la brusquer, tant que nous avions encore des solutions pour la faire parler et lui soutirer des informations. Et cette solution, c'était Gwendolyn. Voilà un jour qu'elle était le Rubis, et elle allait de nouveau devoir aller dans le passé pour une mission spéciale. Heureusement que j'allais être là, car la jeune fille n'était absolument pas préparée. Et cela m'inquiétait pour elle. . .

J'étais donc appuyé contre la portière de la limousine qui nous avait conduit au lycée Saint-Lennox où étudiait Gwendolyn. Nous étions venus la chercher, Mr George et moi-même et je ne cessai de me dire que cette limousine attirait beaucoup trop les regards. Les étudiants qui sortaient de l'établissement s'arrêtaient pour regarder la voiture, lançaient des coups de coudes à leurs amis. Gwendolyn avait raison, mes clichés d'une fille banale reposaient sur les observations que je me faisais quand j'errais comme une âme en peine dans la cour. Mais quand je regardais ces groupes de filles se presser les unes collées aux autres, tout en gloussant et en montrant la voiture ou moi du bout du doigt, je ne pus m'empêcher de penser que mes observations étaient fondées. Je leur souris avec charme. C'était complétement pathétique. . . Une fille capta alors mon attention. Elle, elle ne gloussait pas en regardant dans ma direction, non. Elle fonçait, tête baissée, vers la ruelle, sans m'adresser un regard, ses cheveux roux cachant son visage.

- Charlotte, criai-je en accourant vers elle.

- Oh Gideon, que fais-tu là ? Tu dois sûrement attendre ma cousine, me demanda-t-elle d'un air faussement surpris, affichant son petit sourire suffisant, qui ressemblait grandement à celui de Mona Lisa.

Je soupirai. J'avais complétement oublié de l'appeler la veille au soir, ou même de lui envoyer un message. Et elle était énervée contre moi. Probablement qu'elle pensait qu'à présent que Gwendolyn était le Rubis, j'allais la laisser tomber.

- Ne sois pas énervée contre moi s'il te plaît, lui dis-je en plantant mes yeux dans les siens.

- Je ne le suis. . .

- Il s'est passé beaucoup de choses en très peu de temps, tu en as conscience. Pas que pour toi. Pas que pour ta cousine. Pour moi aussi.

Son sourire forcé disparut. Elle baissa les yeux, inspira, les releva.

- Tu ne m'as même pas tenu au courant de. . .

- Je sais, je sais, je suis désolé, m'excusai-je en lui prenant la main. J'ai pas assuré mais je promets de prendre le temps de tout t'expliquer plus tard.

Elle murmura en esquisçant un sourire :

- J'espère que Gwendolyn n'a pas trop fait de bêtises. Le comte a du être grandement surpris.

- C'est sûr qu'elle n'est pas celle à laquelle il s'attendait. Et elle n'a pas non plus ton expérience et ton talent. . .

J'allais ajouter que Gwendolyn s'était quand même plutôt bien débrouillée pour une première. Mais Charlotte me coupa :

- Je suis persuadée que tu arriveras quand même à bout de notre mission, malgré elle !

À présent, elle souriait vraiment, comme elle le faisait d'ordinaire avec moi. Je portai une main à sa joue.

- Bien sûr que oui. Même si sans ta présence, c'est différent.

Charlotte avait toujours été là, depuis que je m'entraînais pour ces voyages dans le temps. Elle avait été ma plus fidèle et ma plus proche amie. Et peut-être même la seule. Je ne me plaignais pas de la toute nouvelle venue de Gwendolyn dans le groupe. Mais Gwendolyn n'était pas Charlotte et Charlotte, pas Gwendolyn. (Encore heureux) Elles étaient si différentes. Et travailler avec l'une ou avec l'autre n'était absolument pas la même histoire.

Blanc DiamantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant