° Chapitre 11

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Je me retrouvai devant le chronographe, Falk à ma droite, le docteur White à ma gauche, vêtu d'un costume taillé en drape cut, pantalon et veste de lin, chaussures cirées et un canotier sur la tête. Une tenue légère et chic pour l'année où j'allais me rendre d'ici peu. Je triturai, nerveux, la cravate à mon cou et attendis que Mr George qui se tenait à côté du chronographe donne ses explications.

- Tu vas te rendre en 1937, où tu vas visiter Jade, la charmante Margret Tilney, âgée de soixante ans, dans sa salle d'élapsage. Je pense qu'une heure devrait suffire.

Il lança un regard à Falk qui acquiesça.

- Bien. Le mot de passe du jour est Audaces fortuna juvat. Ton doigt, mon garçon.

Je tendis la main vers Mr George qui plaça mon index dans le chronographe et hop ! un petite piqûre, quelques vertiges et je me retrouvai en 1937.

Il faisait nuit noire, et il n'y avait personne dans la salle du chronographe. Je sortis donc par la petite porte, guettai dans les couloirs sombres à la recherche d'une potentielle présence. Des Veilleurs étaient censés m'escorter jusqu'à Margret Tilney. Mais rien. Personne. Pas un bruit. Je me faufilai alors jusqu'à la salle de documentation et toquai à la porte. Magret Tilney devait être là, sans aucun doute. C'était ici que nous avions rendez-vous. Aussi il ne fallut pas plus de trente secondes avant que la porte ne s'ouvre sur une charmante vieille dame. Mince, élégante, elle se tenait droite et ses cheveux blanchies par la vieillesse qu'elle avait ramené en un chignon parfait révélaient encore quelques reflets roux . Elle portait une simple robe en dentelle blanche qui tombait jusqu'au sol.

- Gideon de Villiers, me présentai-je en baisant sa main que j'avais pris avec délicatesse.

Elle la retira d'un coup.

- Je sais qui vous êtes.

Cela me surprit et je relevai la tête d'un coup vers elle. Pardon ? Mais je ne l'avais jamais vu. C'était la première fois que je voyais Margret Tilney. Puis je compris, j'avais déjà dû la rencontrer plus tôt dans sa vie, mais plus tard dans la mienne.

- Bien. Puisque les présentations n'ont pas besoin d'être faites, je souhaitais m'entretenir avec vous afin de vous demander quel-. . .

- Ma réponse est non.

Elle se détourna de moi, me laissant bras ballants, bouche-bée, les yeux écarquillés. Pardon ? Mais, c'était une énorme et piètre blague ! Pourquoi rien n'allait ce jour-ci ?! C'était si frustrant. Je m'avançai dans la salle de documentation, qui n'était pas tellement différente de celle de mon époque. Seule la caisse remplie de petits cochons tricotés en laine rose n'avait rien à faire là. Mais je ne dis rien, y jetai à peine un coup d'oeil.

- Je ne vous ai même pas encore posé de questions.

- Mais je la connais déjà, jeune homme. Vous allez me demander quelques gouttes de mon sang pour les mettre dans votre stupide chronographe. Et ma réponse est non.

- Je ne suis pas sûr que vous ayez bien compris, Lady.

- Oh si, très bien. Vous avez à nouveau besoin de mon sang, or je ne vous le donnerai pas.

- Je. . .

J'étais complétement désemparé. Il se passait quoi là ?

- Jeune homme. Ne pensez-vous pas que le consentement est chose sacré ? Que les femmes ont droit à la parole ? Ont le droit d'exprimer leur opinions, leur avis, leurs émotions ?

Je fus pris de court. On m'avait dit qu'elle était quelqu'un d'agréable, de très gentil, et capable de coopération. Mais j'avais l'impression que la femme devant moi était tout le contraire. Elle s'opposait à moi.

Blanc DiamantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant