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Les lumières de la ville défilent à travers la vitre teintée. Voir la civilisation me fait du bien même si je sais que cela ne durera pas. Nous roulons depuis un peu plus de 30 minutes et mon angoisse n'a pas cessé d'augmenter. J'essaie de canaliser au mieux mes pensées afin de rester positive, dans la mesure du possible. Une petite voix dans ma tête n'arrête pas de me crier que je vais passer à la trappe. Un goût métallique dans ma bouche me fait grimacer, je me mords tellement fort la lèvre inférieure depuis tout à l'heure qu'elle a fini par s'ouvrir. Alors que je suce le sang qui s'écoule de la légère morsure, je perçois Ezio se tourner vers moi.

- Si tu continues comme ça tu n'auras bientôt plus de bouche et ça serait dommage...

Je ne relève pas les mots qu'il vient de dire, trop préoccupée par mon propre sort. Malgré toute ma bonne volonté je ne peux m'empêcher de penser au pire. Si vous étiez à ma place, n'en feriez vous pas de même?

- Cara... lance mon tortionnaire en tirant soudainement sur ma lèvre inférieure avec son pouce pour me forcer à la lâcher des dents.

Je lui lance un regard furibond.

- Si je suis dans cet état c'est de votre faute!

- Je parie que tu es en train de penser aux pires scénarios possibles. Mais tu sais, si tu as besoin d'un anti-dépresseur je suis là, se moque t-il avec un sourire narquois.

Je suis scotchée par son manque d'empathie. Cette situation le fait jubiler ce taré. Me voir trembler comme une feuille, voilà ce qu'il aime. Je me retourne vers la vitre comme si cela pouvait effacer sa présence.

Quelques minutes plus tard, la voiture s'arrête finalement dans une sombre ruelle. La première chose qu'il m'interpelle est l'enseigne lumineuse à la silhouette d'une femme. Un million de pensées traversent mon esprit à la seconde.

Qu'est ce qu'on vient foutre ici?

Ezio sort sans attendre de la voiture et m'ouvre la portière. Voyant que je ne réagis pas il me prend par le coude et me tire hors du véhicule. La légère brise de l'extérieur me fait frissonner et je resserre aussitôt mon manteau autours de moi. Le ciel au dessus de nos têtes est aussi ombrageux que la situation dans laquelle je suis. Mon tortionnaire s'arrête devant une porte sombre avec un judas électronique sur le côté. En à peine quelques secondes la porte s'ouvre et nous pénétrons dans l'enceinte du bâtiment.

Une fois à l'intérieur, mon corps se crispe tout entier. Un club de strip-tease. Au loin des femmes se trémoussent au rythme d'une musique sensuelle autours d'une barre de pôle dance. Quelques hommes leur lancent des billets et d'autres les coincent directement dans les sous vêtements de ces dernières. Quand je pense que ces hommes sont sûrement attendus par leurs gentilles petites femmes depuis plusieurs heures déjà. Ça me donne la gerbe. Ezio me tire vers l'avant ce qui me force à lâcher les danseuses des yeux. Nous nous dirigeons vers un ascenseur, les portes de ce dernier s'ouvrent et nous entrons dans la cage en acier.

Ezio appuie sur le bouton de l'étage -1 et la musique est aussitôt coupée par la fermeture des portes. Un silence de plomb règne dans l'espace clos. On pourrait presque entendre les battements frénétiques de mon coeur dans ma poitrine.

Le ding de l'ascenseur sonne comme une fatalité. Un salon, semblant plus privé, entre dans mon champ de vision. Des hommes aux allures de gangsters sont éparpillés un peu partout dans la pièce. Certains fument ou prennent des rails de cocaïne pendant que d'autres s'amusent avec des femmes à peine habillées.

Ezio me prend la main et me tire contre lui lorsque certains regards se posent sur moi. Ce geste me surprend, c'est comme si il voulait montrer ce qui est à lui en territoire ennemi. Mon coeur bat à tout rompre alors que nous nous dirigeons vers une double porte métallique devant laquelle un homme se tient. Ce dernier fait un signe de la tête à mon tortionnaire et entre ouvre la porte pour nous laisser passer.

The Maestro - Partie I ( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant