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1 semaine plus tard

Nous sillonnons les routes de campagne  depuis déjà quelques heures. Comme à mon habitude je suis émerveillée par le paysage qui s'offre à moi. Nous allons à Vienne pour la journée car Ezio a un rendez vous d'affaire ultra important d'après lui. Il a refusé que je reste seule à l'auberge par crainte que je ne fasse une connerie, ce que j'aurai probablement fait s'il m'avait laissé seule. 

Les montagnes laissent peu à peu place aux bâtiments plus modernes de la capitale. Je jette un coup d'oeil à Ezio qui n'a pas arrêté de faire tourner nerveusement sa chevalière autours de son doigt depuis notre départ. A l'épaisse ride qui barre son front je vois que quelque chose ne va pas. Lui qui semble toujours sur de lui, il n'a pas l'air très alaise. Cela a forcément un lien avec ce fameux rendez vous. Ezio tourne la tête vers moi sentant mon regard insistant sur lui.

- Quoi?

- Qu'est ce qui te rend si nerveux?

- Je ne suis pas nerveux.

- C'est ça...

- Ecoute, lâche t-il froidement, cet entretien est très important! Alors tu as intérêt de bien te comporter, je ne suis pas d'humeur pour des gamineries...

Je le regarde sidérée. Il est vraiment exécrable ces derniers temps, il me réprimande pour le moindre de mes faits et gestes. Pas plus tard qu'hier j'ai eu le malheur d'utiliser la machine à café, en moins de deux il s'est énervé sous prétexte que je le dérangeais pendant son travail. Je ne sais pas quel est son problème mais il me tape vraiment sur les nerfs en ce moment.

- Oui papa... réponds-je avec sarcasme.

- Ne te paye pas ma tête Cara! 

- Et toi ne me parle pas comme si j'avais 10 ans!

Un grognement sort de sa bouche et il sert aussitôt des poings. Il me jette un regard furieux que je soutiens avec dédain. Je pourrais jouer au jeu du regard toute la journée s'il le fallait.

- Tu ne peux pas t'en empêcher hein? 

- De? 

- De me tenir tête sans arrêt! 

- Excuse moi d'être la seule à ne pas me plier à tes quatre volontés!

- Ça viendra, quand j'aurai fini de régler mes petites affaires je m'occuperai de ton cas. 

Ces paroles me glacent le sang. Je sais pertinemment que je vais regretter la façon dont je lui réponds. Ces derniers jours il était trop occupé pour se préoccuper de moi mais maintenant que son travail ici touche à sa fin, il va surement recommencer à me rendre la vie impossible.

Après quelques minutes  la voiture s'arrête  devant un immense gratte-ciel. Le bruit de la ville ne m'avait pas manqué, je préfère largement le calme de la campagne. Nous sortons du véhicule sans plus attendre. Je serre aussitôt mon manteau autours de moi tant la température extérieure est basse. Ezio réajuste sa cravate, il n'est habillé que d'un costard gris foncé malgré le froid glacial. J'ai l'impression qu'il n'a jamais froid celui là. En même temps il n'est pas vraiment quelqu'un de normal. 

Mon tortionnaire m'attrape par le bras et m'entraîne à l'intérieur du building. Il s'avance jusqu'à la réception où une jolie jeune femme blonde  est en train de taper quelque chose sur le clavier de son ordinateur. Lorsqu'elle aperçoit l'homme qui se tient à mes côtés elle stoppe net son activité et lui lance un grand sourire. 

- Bonjour, bienvenue chez Wagner Corp, dit la blonde d'un ton accueillant.

- Bonjour, j'ai rendez vous avec Mr. Wagner.

- Votre nom?

-Ezio Ferretti. 

La jeune femme écarquille légèrement les yeux de surprise. Elle hoche doucement la tête et attrape aussitôt le combiné du téléphone. 

- Mr.Ferretti est là, annonce t-elle.

La seconde d'après elle raccroche le téléphone et jette un coup d'oeil nerveux à Ezio. Pourquoi a t-elle l'air si mal à l'aise d'un coup? Ah oui j'avais oublié que mon tortionnaire n'inspire que crainte et désespoir. 

- Mr. Wagner est prêt à vous recevoir, déclare la réceptionniste, je vous prie de vous rendre au 88ème étage.

Ezio hoche la tête et tourne aussitôt des talons. Nous prenons l'ascenseur jusqu'au 88ème étage. Un silence de plomb règne dans le petit espace. Sans même le regarder je le vois serrer légèrement des poings. Pourquoi est-il si tendu? Soudain il se tourne dans ma direction avec un regard ferme.

- J'insiste sur le fait que tu doives rester tranquille, si mon entretien avec Wagner se passe bien nous pourrons rentrer en Italie. Dans le cas contraire les choses risquent d'aller mal pour moi et pour toi aussi...

J'hausse un sourcil de surprise. C'est donc pour ça qu'il est ainsi, tout se joue à cet entretien. J'essaie de faire des liens dans ma tête mais je ne comprend pas ce que Wagner fait dans l'histoire.

- Quel est le lien avec Wagner et le fait de pouvoir rentrer en Italie?

- Si Wagner et moi aboutissons à un accord, je n'ai plus de dette envers mes ennemis.

Ces informations ne m'éclairent pas beaucoup plus. J'ai du mal à comprendre ce que cet accord a à voir avec les ennemis d'Ezio.

- Cet accord sera directement profitable à mes ennemis, sans moi ils ne pourraient pas l'obtenir, précise Ezio en voyant mon air perdu.

J'hoche doucement la tête comprenant enfin de quoi il en ressort. Il ne s'agit que d'une question d'influence et de pouvoir. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent finalement après plusieurs longues secondes. Un grand espace lumineux s'offre à nous. Ezio ne perd pas une seconde et se dirige de nouveau vers le bureau d'une secrétaire. Avant même qu'il ne prononce un mot à l'encontre de cette dernière un homme d'une cinquantaine d'année en apparence se dirige vers lui. Les traits durs de son visage ne m'inspirent rien de bon, son bouc grisonnant accentue son air dédaigneux. D'une poignée de main ferme il salue Ezio, lorsqu'il pose les yeux sur moi un air intrigué passe sur son visage abrupt.

- Qui est-ce? Demande t-il en me détaillant de la tête aux pieds.

- Une de mes putes, réponds nonchalamment Ezio.

Je manque de m'étouffer en entendant ces mots crus à mon encontre. Je me force à ne pas lui jeter un regard furibond et me contante de regarder mes pieds. 

- Et depuis quand tu voyages avec une de tes putes?

- C'est un bon anti-dépresseur...

Un rire cynique sort de la bouche de l'homme. Quel con! Il n'y a rien de drôle dans ce qu'il vient de dire, tout ce que je vois c'est un manque de respect de plus envers la femme. Je peste de l'intérieur et me force à ne pas lui lancer une insulte bien placée.

- Bon, tu m'excuseras Ferretti mais tu te doutes bien que je ne peux la laisser assister à notre petite entrevue...

- Bien entendu.

Wagner tourne des talons en direction d'une porte sur laquelle est écrit son nom. Ezio se poste devant moi avec autorité.

- N'oublie pas ce que je t'ai dis...

J'hoche la tête et l'italien se retourne vers le bureau de Wagner. Je m'assieds dans un des fauteuils de la salle d'attente avec nervosité. Je ne sais pas comment aboutira cet entretien, tout ce que je veux que l'on ne soit plus obligés de nous cacher en longueur de journée. Je veux retrouver un semblant de normalité dans ce monde de barges! 

The Maestro - Partie I ( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant