𝑾𝒂𝒏𝒕𝒆𝒅 𝑷𝒐𝒔𝒕𝒆𝒓 •° ᶜʰᵃⁿᵇᵃᵉᵏ

2.2

La sirène de l'ambulance résonnait dans tout le quartier alors que quelques voisins s'étaient attroupés pour voir ce qui se passait. Baekhyun était assis sur les marches extérieures menant jusqu'à l'entrée, enveloppé par une couverture chaude et attendant que les médecins sortent son petit ami de la maison. C'était étrange pour lui de revoir clairement le monde extérieur: les gens, le ciel, les immeubles, les voitures... Il avait passé environ deux semaines dans une petite pièce loin du monde, sans les rayons du soleil et surtout très mal traité. Certains diraient peut-être que deux semaines passaient vite, mais deux semaines à mourir de faim et à se faire battre était l'équivalent d'un mois entier pour le petit brun.

Il garderait sûrement ces images violentes ancrées en lui toute sa vie, et cette horrible sensation qu'il avait ressentie lorsqu'il avait vu Chanyeol se faire tirer dessus, ou même lorsqu'il avait le pistolet de Kyungsoo collé au front. Toutes ces scènes additionnées à l'angoisse qu'il avait vécu durant quatre mois à recevoir secrètement des menaces de mort.

C'était sans aucun doute la pire expérience de sa vie, et elle allait malheureusement faire partie de son histoire à jamais.

Il fut tiré de ses pensées lorsqu'il vit un brancard sortir de la maison, mais ce n'était pas celui qu'il attendait. C'était Kyungsoo. Le ventre de Baekhyun s'était retourné à la vue du corps recouvert par un drap fin, et une soudaine envie de vomir le prit. Il s'en voulait un peu pour tout ce drame, car il en avait une énorme part de responsabilité. S'il n'avait pas connu Chanyeol, rien de tout cela ne serait arrivé et peut-être que Kyungsoo aurait été avec l'amour de sa vie. C'était lui qui avait tout gâché.

Une fois de plus, il émergea de ses réflexions lorsqu'un second brancard fit son apparition. Malgré le peu de forces qu'il avait, Baekhyun s'était redressé pour approcher son amant, ce dernier étant confortablement allongé sur le lit mobile.

- Channie... appela-t-il, inquiet.

- Baekkie, Chanyeol lui sourit en lui serrant la main, ça va aller.

Sur ces mots, il fut poussé par les infirmiers, loin de son amour. Si autrefois Baekhyun avait des légers doutes au sujet des sentiments de Chanyeol, il venait d'avoir la preuve irréfutable de son amour. Le commissaire s'était sacrifié pour lui. Avec moins de chances, cela aurait même pu lui être fatal. Baekhyun ne méritait pas un homme pareil. Il se rassit sur les marches alors que Jongin l'approchait, les mains maintenues derrière lui par un policier. Le brun baissa immédiatement la tête.

- Baekhyun, appela le gris, j'espère que j'ai pu te prouver la sincérité de mes sentiments.

Par pitié, Baekhyun redressa finalement la tête pour le regarder dans les yeux.

- Je sais que ça ne changera plus rien entre nous, poursuivit Jongin, parce que je sais que jamais tu ne me donneras une chance, et puis de toute façon je vais croupir en taule. Mais... Si je l'ai fait... Si j'ai tiré sur lui... C'est uniquement pour toi et pour personne d'autre.

Jongin essayait-il de l'attendrir avec des larmes de crocodile ? Il ne savait pas.

- Je ne pouvais pas le laisser t'ôter la vie de la sorte, tu mérites de vivre Baekhyun. Même si cela implique que tu vas te marier avec Chanyeol ou quelque chose comme ça, ce qui compte pour moi c'est que tu vives.

Inconsciemment, le petit homme assis s'était lui aussi mis à verser des larmes. N'en aurait-il donc jamais marre de pleurer ? N'en avait-il pas eu sa dose ?

- Je suis désolé pour tout le mal que je t'ai fait, j'espère que tu pourras me pardonner...

- Ce que tu m'as fait était vraiment horrible Jongin, Baekhyun répondit d'une petite voix. Mais tu m'as sauvé la vie et je t'en serai éternellement reconnaissant...

Jongin avait faiblement souri à l'entente de ces mots. Au moins il était pardonné, c'était déjà ça.

- Je suis désolé de ne t'avoir jamais donné la réponse que tu attendais, poursuivit faiblement le petit brun. Je suis sûr que j'aurai quand même été très heureux avec toi...

Même s'il ne le pensait pas réellement, il voulait en finir en bons termes. Même si c'était Jongin, même si c'était l'homme qui lui avait fait tant de mal. Sans cette personne, il n'aurait probablement plus revu le ciel étoilé et les lumières de la ville. Sans lui, il n'aurait plus la possibilité de continuer sa relation avec Chanyeol. Pour Baekhyun, lui avoir sauvé la vie était une raison suffisante pour lui pardonner ses erreurs.

Lorsque Jongin s'éloigna finalement en direction d'une voiture de police, ce fut au tour de Sehun de l'approcher. Le jeune brigadier lui tendit une tasse de cappuccino fumante, comme il l'aimait. Chanyeol avait dû le prévenir, Baekhyun ne buvait rien d'autre comme boisson chaude. Le petit brun le remercia avec un sourire, même s'il avait plus faim que soif, et le grand policier s'installa difficilement à ses côtés, le visage défiguré et sûrement de nombreux bleus au corps dûs à sa précédente bagarre.

- Je suis vraiment désolé, il s'excusa sans que Baekhyun ne comprenne pourquoi.

La vérité était qu'il se sentait légèrement honteux de n'avoir rien pu faire pour venir en aide au jeune couple, dans son statut de policier.

- Je n'ai pas été très utile tout à l'heure, au contraire. Si je n'étais pas venu dans la cave, personne n'aurait été blessé.

- C'est Chanyeol qui vous a appelé, vous n'avez pas à vous le reprocher... Et puis, si vous n'étiez pas intervenu, Kyungsoo m'aurait probablement déjà tiré dessus... Merci beaucoup.

Baekhyun était tellement adorable, enveloppé dans cette couverture et avec cette tasse brûlante entre les mains, sans parler de sa petite voix encore fatiguée. Sehun comprenait mieux le choix de son supérieur.

- Chanyeol vous aime beaucoup, vous savez ? sourit-il. Il ne dormait et ne mangeait presque plus quand vous n'étiez pas là. Il avait même laissé tombé de nombreuses affaires pour mieux se concentrer sur votre disparition. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état, c'était l'homme le plus inquiet et le plus fatigué du monde.

Baekhyun n'étira que très faiblement ses lèvres avant de reprendre une gorgée de cappuccino.

- Je vous dis ça parce que... Je veux que vous sachiez à quel point vous avez vraiment de la chance d'avoir un homme comme lui.

- C'est vrai... J'en suis conscient... Mais moi... Je ne fais que lui attirer des problèmes...

- Ne pensez pas ça, vous lui apportez plus de sourires que de larmes, vous pouvez me croire.

C'était difficile de se dire que toute cette histoire était bel et bien terminée. Le brun avait pensé à plusieurs reprises qu'il n'allait pas survivre, qu'il n'allait plus tenir, que sa fin était proche. Quatre mois à vivre dans la peur additionnés à deux semaines à vivre dans les larmes et la douleur, cela nécessitait un mental d'acier.

Mais désormais, tout était terminé...

Enfin.

Tout allait enfin redevenir comme avant...