Chapitre 2

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1420, Second âge

Le temps m'a semblé passer à une allure folle à cette époque. Il y avait tant à faire dans ce royaume. C'était un nouveau départ pour nous tous et nous en profitions pour agrandir le palais, passer des accords avec des clans voisins. En quelques années, c'est comme s'il n'y avait jamais eu deux clans mais qu'un seul. Feanel était souvent aux côtés de père, elle allait avec lui pour rencontrer les clans de nains et d'Hommes des environs puisqu'ils la connaissaient déjà c'était plus simple ainsi.

Je ne réalisais que peu encore les sentiments étranges de mon père à son égard. Je dois admettre que moi-même, je ne me reconnaissais pas forcément.

Je ne suis pas un sentimental, je n'aime pas afficher mon estime pour une personne. Mais elle... Oui. Je peux le dire aujourd'hui, même si je n'ai pas agi en ce sens à cette époque, je l'adorais. Elle était pour moi comme une sœur. Cette complicité qui nous a électrisé à notre rencontre ne nous a pas un instant quitté, elle n'a cessé de grandir en nous. Et même si, à cheval sur le protocole comme elle pouvait être, elle gardait ses distances avec moi, à sa manière, elle me faisait comprendre combien elle m'estimait aussi, plus que comme son dirigeant.

Nous étions très proche. Très liés. Eh bien sûr, même si Feren pouvait réussir à me faire douter de ce qu'il pouvait ressentir, j'avais assez peu de doute la concernant.

Thranduil : « Comment cela se passe avec Feren ? Il me semble que père t'as demandé de l'amener à son meilleur. »

Il était déjà excellent soldat, excellent capitaine, mais avait quelque lacune en gérance et intendance. Or, père voulait qu'il soit le meilleur des bras droits pour moi. Pas juste pour moi, pour ma sécurité, pour mon bien, mais parce qu'il savait, comme nous tous, que Feren est empli de qualités et de capacités qu'il ne réalise pas lui-même. A ma question, j'ai vu son regard briller un peu plus.

Feanel : « Bien. Il a beaucoup de capacités, il apprend très vite. »

Thranduil : « Mais il est encore plus à cheval sur le protocole que toi. »

Feanel : « J'ai eu la chance de gérer un royaume. Je sais quand et comment détourner le protocole pour en tirer toute son essence sans avoir à le suivre à la lettre... Il n'a pas expérimenté cela. »

Thranduil : « Il est vrai. Il ne peut que l'apprendre et l'appliquer. Seulement, sais-tu ce qui lui manque le plus pour ouvrir les yeux sur ces règles ? »

Elle m'a alors questionné du regard et intérieurement j'étais déjà amusé en imaginant la réaction sur son visage à ce que j'allais lui dire.

Thranduil : « L'amour. »

Ais-je chuchoté. Ca n'a pas loupé, elle qui pouvait être si neutre venait de rosir devant moi qui ne put m'empêcher de rire. Elle m'a alors fusillé du regard.

Feanel : « Je vous interdis de vous moquer ! »

Thranduil : « Tu me donne un ordre désormais ?! »

Feanel : « J'irais bien plus loin si cela m'est nécessaire. »

A-t-elle pesté. Je ne me suis pas offusqué de sa rébellion. Je le savais, pourtant qu'elle était capable de se dresser contre moi ou mon père. Elle avait tant de force. En temps normal, j'aurais dû la remettre à sa place, lui rappeler qui était le dirigeant et qui était le capitaine. Mais je n'ai pas pu. Parce que oui, je l'avais provoqué. Parce qu'importe ce que j'imposais, elle n'était pas un chien que l'on pouvait tenir en laisse.

Thranduil : « Ne comptes-tu pas lui avouer ce que tu ressens ? »

Feanel : « Je... Je ne ressens rien de particulier... »

Un capitaine déchiréWhere stories live. Discover now