Un capitaine déchiré

Chapitre 17

Alors qu'il approchait de Valinor avec son roi, Feren tourna un regard vers lui. Ils avaient juste quelques soldats avec eux, la garde rapprochée du roi. Thranduil ne voulait pas venir pour créer du grabuge. Le capitaine se souvenait d'il y a quelques jours. A peine trois après la cérémonie. Thranduil l'avait informé qu'il allait voir la mère de Lothel. Et avant que le capitaine ne demande à l'accompagner, il lui ordonna de venir.

Thranduil : « Toutefois, vu ta sympathie pour ma bru... J'aimerais que tu me promettes de te tenir correctement et de ne surtout pas chercher à la forcer. »

Feren : « Oui »

Thranduil : « Bien »

Et puis ils ont pris route. Feren se remit à observer devant lui, se demandant à quoi elle ressemblait. D'où le roi la connaissait ? Pourquoi elle n'était en droit de venir au royaume ? Était-ce une elfine qui avait fauté ? Il ne voyait pas d'autres explications. En tout cas, ce ne devait pas être si grave, sinon le roi n'aurait jamais permis l'union du prince avec Lothel.

Il expira brièvement, afin d'essayer de chasser ses questions qui lui tournaient en tête. Il avait fait comprendre à son roi qu'il aimerait y voir plus claire. Et Thranduil lui avait juste demandé d'attendre leur retour au royaume.

Attendre.

Depuis un moment déjà il trouvait le temps long. Depuis quand ? Son départ. Depuis qu'elle avait quitté son royaume. Depuis qu'il ne la voyait plus. Et plus ce départ était loin et plus il songeait à elle. En particulier depuis son arrivée à Aman. Il se sentait comme coupable. Un peu comme s'il l'avait laissé sur les terres du milieu. Comme s'il était partit sans elle. Depuis, son appétit l'avait bien quitté. Il n'était pas non plus un grand contemplatif de la vie, mais le peu qu'il appréciait ne lui donnait plus gout, plus d'intérêt.

Son roi ne lui en avait parlé, mais Feren se doutait qu'il s'en était rendu compte. Régulièrement, il le voyait le détailler, de bas en haut, et son regard se faisait plus dur comme pour l'engueuler d'avoir encore sauté un repas. Feren se sentait quelque peu honteux. Il avait peur de le décevoir. De plus être à la hauteur. Et en même temps, son cœur était en train de prendre le dessus de sa raison. Sa moitié n'était plus là et il ne le supportait plus.

Pourtant, depuis une année désormais, le roi se montrait moins inquiet, envers lui. Au début, il n'avait lui-même pas comprit. Jusqu'à ce qu'il réalise. La présence de Lothel lui apportait beaucoup. Il ne prenait toujours pas de temps ni pour lui, ni pour apprécier les bons moments ou les belles choses. Mais en tout cas, il mangeait convenablement et il semblait un peu moins lasse.

Ils arrivèrent enfin au royaume.

Ce n'était encore l'aurore, mais ils furent accueillis sans soucis. Le temps qu'un garde ailles prévenir les seigneurs de leur arrivée, un lieutenant les amena vers leurs appartements qui leur étaient prêté le temps de leur séjour.

Le temps de poser leurs affaires puis Thranduil devait rejoindre le salon d'été. Feren n'avait nullement envie de se reposer. Il préféra quitter la chambre et aller visiter un peu les lieux, peut-être croiser des amis et bonnes connaissances, puisque Thranduil voulait être seul avec Celeborn pour cette matinée.

Longeant les couloirs, au détour d'un, alors qu'il se stoppa afin de savoir vers où aller, son attention fut happée par une silhouette. Son cœur rata un battement, et ses jambes le portèrent vers cette personne qui se tourna vers une porte. Là, de profil, Feren la reconnu et se pétrifia.

Elle.

Elle était ici.

Tant d'émotions l'envahirent. Il se sentait à la fois heureux, tant heureux. Elle était ici, à Aman. Elle était en vie. Et puis il pouvait enfin reposer ses yeux sur elle. Mais en même temps... De quel droit pouvait-il la regarder ? Ne serait-ce que la croiser ?! Il ne l'avait pas soutenu. Il avait douté d'elle. Il a davantage cru en son roi qu'en elle. Il avait honte. Tant honte. Et la douleur de son absence était là, lacérant lentement son âme comme un collet.