CHAPITRE I - Ezra

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Après lui avoir infligé le coup de grâce, dans un calme presque hypnotique et maîtrisé, elle emprisonne sa proie qui s'est laissée aveugler par cette fine geôle de soie. Cette barrière aux fils géométriques fatals. Ses gestes sont précis et minutieux. Rien n'est laissé au hasard, tout est calculé.

Une prédatrice redoutable.

Elle me captive, elle m'émerveille.

Ses longues pattes, souples et agiles, effectuent un ballet subjuguant. Travaillé et méticuleux.

Elle danse.

Une danse d'allégresse.

Une danse du triomphe.

Une danse de la mort.

Une faucheuse à son échelle, dans son royaume. Un ange noir synonyme de perte et de finalité pour tous ses sujets. Gracieuse et dangereuse, fascinante et terrifiante, elle trône en maîtresse sur son monde où tout n'est que question de survie.

Veuve noire funeste, reine de l'obscurité dans laquelle elle se manifeste, elle patiente dans la pénombre avant que sa sentence ne soit exécutée. Avant de tuer.

Ironie du sort.

—Sale bestiole, grogné-je en l'écrasant de mon poing.

Mes trapèzes endoloris et ma main tuméfiée à la suite de ma dernière incartade, me rappellent vite à l'ordre. Je grimace.

Ordure...

Cependant, mes lèvres s'incurvent en un léger rictus de satisfaction quand je repense à la branlée que je lui ai mise. Ce p'tit fils de pute ne me causera plus aucun soucis, désormais.

Paix à ton âme, traître. Que le maudit t'ouvre ses portes et qu'il t'accueille à bras ouverts.

Je ricane.

Les lâches, les renégats, sont pires que de la vermine. Aucune pitié ne m'habite, aucune empathie ne coule dans mes veines. Je les extermine. Point.

Personne ne s'interpose sur mon chemin.

Je suis le rapace aux serres tranchantes, le fauve en quête de territoire, le loup aux crocs acérés. Le Malin de vos pires cauchemars.

Et ce p'tit con en a fait les frais.

Putain, j'ai la dalle.

Allongé sur mon pieu, je croise les bras derrière ma tête. Mon esprit s'étiole à rester inactif tandis que des yeux je balaye le plafond de cette cellule.

Plusieurs fissures le parsèment. Certaines légères, d'autres plus prononcées et recouvertes en partie de moisissures. Malgré la chaleur, l'humidité est conséquente et attire toutes sortes de bestioles qui grouillent sur ces murs. Des punaises, des cafards. D'autres dont j'ignorais même l'existence.

Ça pullule à vous en donner la gerbe.

Isolement mon cul, ouais.

—Bordel jamais on bouffe, ici ?! hurlé-je avant de me lever pour envoyer un coup de pied dans la porte.

—La ferme, Cannon, ordonne un des gardiens d'une voix plate et lasse.

Tout en croisant les mains sur ma nuque, je souffle d'irritation. Les matons de cette section de la prison étaient, à mon grand regret, beaucoup moins manipulables et influençables que ceux du district principal.

Pas grave. La patience est une de mes rares mais néanmoins, précieuses qualités.

Plus que trois jours à rester dans cette piaule.

Affronte-moi Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz