Tessa, jeune journaliste tout juste diplômée de la Texas Christian University, est une jeune femme sans histoire. Sa vie est simple, banale, presque ennuyeuse.
Un petit ami gentil mais souvent absent, des parents aimants, quelques amis.
Elle comble...
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—Tu te bouges ?!
—Euh... non. Je préfère vous attendre ici, dans la voiture.
Je ne prends même pas la peine de le regarder en prononçant ces mots. Je fixe mes genoux sur lesquels sont posés mes doigts que je suis en train de triturer malgré moi.
Ma nervosité est à son paroxysme.
L'idée de me retrouver nez à nez avec Shain n'est même pas envisageable. Mais le criminel ne semble pas l'entendre de cette façon. Dans un bruit strident, la porte arrière du van coulisse et le visage d'Ezra se penche aussitôt au-dessus du mien.
Mes yeux s'écarquillent.
—Bien essayé. Mais t'as pas vraiment l'choix en fait.
Sa paume empoigne mon coude avant qu'il ne me sorte brusquement du véhicule. Je trébuche sous la violence de son geste et manque de tomber.
—Nan mais ça va pas bien ?! m'insurgé-je une fois remise d'aplomb sur mes deux pieds. Vous m'avez fait mal !
Tout en massant mon bras endolori, je le fusille du regard. Pour sa part, il m'observe plusieurs secondes, indéchiffrable et silencieux. Puis un rictus que je commence à bien connaître vient ourler le coin de sa bouche.
Il effectue alors un pas afin de combler le vide qui nous sépare. Son attitude ne m'est plus étrangère, toutes ses mimiques non plus.
Méfiante, je recule sur-le-champ mais il est plus rapide. Une grande enjambée lui suffit pour arriver à ma hauteur et agripper mes cheveux qu'il tire en arrière d'un mouvement sec. Je grimace pendant qu'une plainte de douleur se faufile entre mes lèvres entrouvertes.
—Toutes mes excuses, chaton, murmure-t-il à mon oreille. Déformation professionnelle.
Il ponctue sa phrase par un baiser volage sur ma tempe.
Mes sourcils se froncent.
À chaque fois que je pense avoir décelé une faille, à chaque fois que je pense avoir mis à jour une facette réelle de sa personnalité, il botte en touche et revêt une nouvelle façade.
Il brouille les pistes en permanence. Mène le jeu et s'en régale.
Pourquoi ?
Ça m'énerve.
Se décalant quelque peu, il plonge son regard sombre dans le mien sans pour autant défaire sa prise.
—Tu vas nous rendre un petit service, s'enquiert-il après avoir secouer la tête pour dégager les mèches brunes qui barrent son front. Tu vois la boutique, là ?
Sans me lâcher des yeux, il me désigne d'un geste du menton un magasin collé au Shell Shack. Une échoppe simple et discrète à la devanture ordinaire. Son enseigne bleue lumineuse grésille, effaçant par moment la lettre «O» de son inscription.
