Affronte-moi

CHAPITRE VII - Ezra

Impatiente et vive, ma main n'a toujours pas bougée.

Les palpitations de sa trachée résonnent contre ma paume comme un décompte annonciateur de la sentence.

La peur qui l'anime gronde.

L'anxiété qui la submerge hurle.

Ses jambes vacillent. Elle lutte pour garder un aplomb illusoire.

Saisie, emprisonnée, ma prise est ferme sans pour autant la condamner. Laissant juste ce qu'il faut de marge pour que son souffle, aussi mince soit-il, continue de jouer son rôle rédempteur. Véritable faiblesse, je chéris cette partie du corps. Fragile mais cruciale à la vie, à nu et noyau de la mort. Essentielle pourtant, si vulnérable aux yeux des prédateurs qui en font une cible de choix.

Je joue.

Chasse à découvert.

—Ai-je été suffisamment clair, cette fois-ci ? chuchoté-je contre sa peau en me collant davantage à elle.

De sa joue humide à ses épaules, des soubresauts la parcourent.

Elle tremble.

De terreur, de panique, de nervosité.

—Réponds-moi, chaton, insisté-je à voix basse tout en desserrant quelque peu mes doigts. Es-tu prête à te plier à mes propres règles ?

—N... non, articule-t-elle avec difficulté.

Mon attaque s'intensifie, la manœuvre est voulue. Recherchée.

De manière subtile, mes lèvres effleurent sa tempe puis remontent à ses cheveux qui laissent échapper dans leurs sillages, une odeur fraîche d'agrumes et de pêche. Sa respiration, quant à elle, accélère. Mais elle ne cède pas pour autant et quelque part, une partie de moi s'incline devant sa témérité. Devant son courage qui ne fait qu'accentuer mon envie de jouer.

J'aime.

M'amuse de ma muse.

Ma bouche s'incurve dans un rictus tandis que je délaisse sa gorge pour descendre un tant soit peu. Sans grande surprise, elle se crispe.

Satisfait, je me redresse pour plonger mon regard dans le sien qui s'alarme. Mon index frôle une des bretelles de son débardeur, vêtement bien trop sage à mon goût. Sa peau, chaude et parfumée, frémit, se pare de frissons qui déferlent sur toute la longueur de ses bras dénudés.