CHAPITRE VI - Tessa

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Du bout des doigts et sans grande conviction, je fais tournoyer les baguettes dans la petite boîte en carton cylindrique disposée devant moi

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Du bout des doigts et sans grande conviction, je fais tournoyer les baguettes dans la petite boîte en carton cylindrique disposée devant moi. Les effluves de soja se mêlent avec subtilité aux arômes citronnés en diffusant des senteurs exotiques alléchantes. Malgré tout, je n'ai pas faim.

Mon appétit s'est évaporé, a disparu suite à ce fameux coup de fil.

L'estomac noué, j'abandonne et repousse le plat dans un profond soupir avant de m'avachir au dossier de ma chaise. Tête basculée en arrière, je fixe le plafond en passant les mains dans mes cheveux.

—Qu'est-ce que t'as contre ces nouilles sautées ? D'habitude t'en raffoles.

La voix inquisitrice de Samy m'oblige à faire un minimum bonne figure. Je me redresse et le détaille.

Assis sur la tranche de mon bureau, il m'observe d'un air narquois tandis que son pouce essuie le reste de sauce entachant un coin de sa bouche.

—Rien, me contenté-je de répondre d'un ton le plus neutre possible. J'ai juste pas très faim.

Pas convaincu du tout, mon collègue arque un sourcil tout en avalant sa dernière bouchée de kebab.

—Tess'... commence-t-il sans se douter une seule seconde de mon malaise. Faire vœux d'abstinence culinaire ne le fera pas guérir plus vite. Et puis, une jambe cassée, ça aurait pu être pire. Tu crois pas ?

Ma poitrine se comprime.

Bien sûr que ça aurait pu être pire...

À la limite de craquer, je me mords l'intérieur de la joue pour masquer mon trouble.

—Deux mois de plâtre, lâché-dans un souffle en prenant la bouteille d'eau pour la porter à mes lèvres. D'après les médecins, il pourra sortir demain.

—Et bah tu vois ! se réjouit-il en m'envoyant le papier de son sandwich en pleine tête. Inutile de faire la grève de la faim. Tu vas bientôt le revoir, ton Greg chéri.

Mes sourcils se froncent.

—RAY ! Il s'appelle Ray !

—Ouais, rétorque-t-il en haussant les épaules, c'est presque pareil. Celui dont on entend parler mais qu'on voit jamais. Un fantôme, quoi.

—Samy ! m'offusqué-je. Il travaille pour...

—Harper, Hartwood ! nous fait sursauter une voix grave et autoritaire derrière moi. Je ne vous paye pas pour parler chiffons. La pause est finie donc retournez bosser et plus vite que ça !

L'intervention surprise de notre rédacteur en chef a au moins eu pour effet positif de clôturer cette discussion gênante. Le sérieux revenu sur ses traits, mon collègue s'empresse de libérer mon bureau de son postérieur pour se réinstaller à son poste, à l'autre bout de la pièce.

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