CHAPITRE V - Tessa

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Assise en tailleur sur le lit, mes dents malmènent le pauvre stylo que je tiens dans la main

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Assise en tailleur sur le lit, mes dents malmènent le pauvre stylo que je tiens dans la main. Elles le mordent, le broient. Sans se soucier de son état et encore moins de son utilité. Perdue dans mes pensées, je fixe l'écran toujours vierge de mon ordinateur sans vraiment le regarder.

Arrête de ronronner, chaton.

Une crainte réelle m'habite.

Une partie de moi la repousse. Me hurlant haut et fort la stupidité de la situation, qu'il ne peut rien contre moi. Contre lui. En revanche, aussi minime soit-elle, une petite voix me souffle de rester sur mes gardes.

La Dame se sentirait-elle menacée par le Fou ?

Je ne peux nier que ses paroles et son comportement m'ont ébranlée, plus que je ne veux bien me l'avouer. Il semblait si sûr de lui. Rien à voir avec les quatre autres détenus que j'avais interviewés juste après et qui s'étaient montrés plutôt coopératifs. Comme si parler d'eux leur avait permis d'échapper, l'espace de quelques heures, à leur quotidien en captivité.

Une différence flagrante d'attitude avec ce dénommé Cannon. Austère, sournois, agressif. Terrifiant.

Tu vas aller lui passer ce putain de message.

—Imbécile, murmuré-je dans un soupir après avoir jeté mon crayon sur les draps, à mes côtés.

Un mal de tête carabiné pointe à l'horizon.

Fatiguée de cette journée riche en émotions, mes yeux se ferment tandis que du bout des doigts, je me masse les tempes. Un doute amer me noue l'estomac et ne veut pas me quitter.

Et s'il disait vrai ?

S'il était vraiment capable de lui faire du mal ?

Comme souvent pour son travail de broker*, Ray est amené à traverser le pays afin d'évaluer les différentes entreprises pour lesquelles il s'engage. Des déplacements de quelques jours mais intenses en activité, intenses en négociations et autres pourparlers. Le temps lui est précieux, la fatigue inévitable. Cependant, l'envie de l'appeler pour calmer mon anxiété à fleur de peau se fait de plus en plus forte.

Bref coup d'œil à mon téléphone disposé sur la table de nuit.

23h25

Une heure en moins de décalage avec Washington. Avec un peu de chance, il ne sera pas couché. Je ne réfléchis pas plus longtemps et m'empare du portable pour composer son numéro. C'est ça ou je vais virer folle en m'imaginant les pires scénarios possibles.

L'objet de ma délivrance à l'oreille, un doigt entortillant une mèche de mes cheveux, je retiens mon souffle. Les battements de mon cœur résonnent en cadence avec les tonalités.

Affronte-moi Where stories live. Discover now