Chapitre 8 : Emma

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Burundi.

Voilà où nous nous dirigeons depuis plusieurs heures à présent dans cet avion militaire qui me donne la chair de poule plus qu'autre chose.

Le voyage s'est passé sans inconvénient, soit, mais être entourée de militaires hautement entrainés, forts et stoïques reste très intimidant. Ils n'échangent pas vraiment, se contentant de s'assoupir lorsqu'ils ont le temps ou de nous expliquer un peu comment nous devons nous comporter avec les personnes que nous allons aider.

Nous nous dirigeons vers la province la plus pauvre du pays, pour essayer d'aider ceux qui ont le plus besoin d'aide, de nourriture, de vêtements et bien évidemment de soins. Nous sommes médecins après tout, même si quelque part au fond de moi, un terrible pressentiment m'enserre la poitrine.

Je me risque à lancer un regard à Chase. Il est assoupi, les yeux clos, le corps détendu en apprence mais après l'avoir détaillé plus minutieusement, je remarque le rythme irrégulier de sa respiration, les sueurs sur son front. Il doit être en mal, étant donné l'état de son cœur, je suis sûre qu'il finira par se faire greffer un nouveau cœur mais la raison pour laquelle il fait ce voyage avec nous me dépasse totalement.

J'essaie de reporter mon attention vers Teddy mais cette dernière parle avec un militaire et semble s'amuser de leur conversation, Isaac quand à lui s'est enfermé dans sa bulle, ses écouteurs aux oreilles, il semble avoir oublié toute trace de vie autour de lui.

Lorenzo, l'ami de Chase est étendu, le sourire taquin, il flirte sans vergogne avec l'une des jeunes femmes agglutinées autour de lui, peut-etre toutes. Il a l'air d'être de ceux qui ne se soucient guère du nombre de conquêtes qu'ils baratinent tant qu'à la fin de la journée, ils rentrent en bonne compagnie.

Chase soupire, laissant échapper une plainte étouffée. Il essaie de se retourner mais n'y parvient pas vraiment. Il a l'air de souffrir.

Je me mords les lèvres, tentée d'ignorer ses souffrances, de me convaincre qu'il le mérite, qu'il doit crever et qu'après ce qu'il m'a fait c'est encore un miracle que je ne l'ai pas encore tué mais je suis médecin, lorsque j'ai décidé de soigner des gens, j'ai juré de soigner toute personne dans le besoin peu importe son origine, son ethnie, sa couleur de peau, sa religion. Un malade est un malade et je suis médecin.

Résignée, je m'approche doucement de lui, saisie d'une étrange sensation de malaise. Mon corps tremble d'appréhension, dans mon esprit Chase est ce monstre que chaque personne craint. Celui qui me tient éveillée tard le soir de peur qu'il ne surgisse avec son sourire cruel et qu'il ne m'agresse, pire qu'il me baise comme la première. C'est pervers, je le sais mais je suis condamnée à me remémorer cette nuit tant que je serai en vie car elle était la première, ma premiere fois.

-"Chase" je murmure en m'approchant de lui.

Il grogne pour toute réponse, ses yeux noisette noyés dans le vague.

Je l'ausculte rapidement puis me saisis d'un masque à oxygène prévue pour l'occasion.

-"pourquoi tu fais ça ?" me demande-t-il doucement, ayant finalement trouvé la force d'encrer son regard au mien.

Je me mors l'intérieur de ma joue puis l'aide à enfiler ce masque.

-"parce que tu es malade et que je suis médecin" j'explique d'un ton qui se veut dépourvu de tout sentiment.

Un petit soupir de soulagement m'arrive aux oreilles, du coin de l'œil j'aperçois les traits de Chase se détendre, sa respiration se stabiliser. Apparemment, il va mieux.

-"merci" me murmure-t-il d'un ton abattu.

Je ne réponds pas, je n'ai plus rien à lui dire.

Satisfaite de ma petite intervention, je me lève afin de regagner ma place et peut-être en profiter pour faire une petite sieste mais une main m'arrête dans ma lancée, une poigne plutôt ferme pour un souffrant.

Dévoile-moi Tome2Where stories live. Discover now