Chapitre 3 : Emma

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-"alors Snow ? Ta garde ?"

Le ton moqueur d'Isaac me sort presque instantanément de ma torpeur insidieuse. Lorsque je me suis mise face au distributeur automatique, j'ai été plongée dans un tel débat intérieur que j'ai fini par m'assoupir sans même m'en rendre compte.

Chocolat au lait ou beurre de cacahuètes ?

Frustrée, j'ai fini par prendre les deux. À quoi bon choisir si on peut prendre les deux ?

-"je suis fatiguée" je grogne de frustration lorsque je sens mes paupières s'allourdir.

-"N'oublie pas qu'on doit se réunir avec Ramirez pour voir comment le projet humanitaire va se dérouler" m'informe Isaac en ouvrant avec une certaine nonchalance sa boisson énergisante. Il me tend une que j'accepte volontiers en vu de mon état. Je n'aime pas trop la caféine mais lorsque mes journées durent plus que ce qu'elles devraient durer, je n'ai pas d'autre choix que d'ingurgiter ces poisons.

-"savoir qu'on a été choisis est vraiment un retournement de situation que je n'ai pas vu venir" je lance d'un ton surpris en engloutissant la moitié de mon muffin au chocolat.

Mon ami s'adosse contre le mur derrière lui puis soupire bruyamment.

-"moi aussi, je ne pensais même pas qu'on puisse être retenus"

J'acquiesce.

-"je suppose que partir en Afrique nous sera bénéfique"

-"on est obligés de partir Emma" me corrige-t-il.

-"je sais que nous sommes obligés de partir Isaac"

Lorsque Ramirez est venu nous voir ce matin pour nous annoncer qu'il nous avait finalement choisi pour représenter l'hôpital aux yeux du monde, une agréable sensation de fierté s'est emparée de moi, savoir que je suis méritante et que mes compétences me permettent d'aider des gens dans le besoin à l'autre bout du globe est quelque chose d'extrêmement plaisant et je n'ai pas pu cacher ma joie à l'idée de participer à ce projet. Ramirez nous a de toute façon informé qu'en tant qu'internes, nous ne pouvions pas vraiment avoir le loisir de choisir au risque d'être renvoyé comme Shelly, une étudiante qui a osée dire au chef de la chirurgie qu'elle voulait quelqu'un d'autre pour la superviser.

Mauvaise idée. On travaille et on se tait car tant que nous dépendons des médecins, nous n'avons absolument rien à dire, encore moins choisir nos supérieurs.

Le milieu de la médecine est très sélectif ainsi que très compétitif, si je perds ma place, on ne tardera pas à me remplacer et je me retrouverai avec des dettes énormes, un prêt bancaire et rien en poche pour rembourser mes études.

Autant dire que si Ramirez me dit que je pars en Afrique alors je pars en Afrique peu importe la personne qui se dresse en face de moi.

-"j'espère pour toi que tu aimes les avions" je plaisante lorsque j'empoigne le pas à Isaac.

-"pour être honnête, je déteste les avions, j'ai regardé beaucoup trop de films où les avions se crachent" je ris à la pensée de lui en train de paniquer lors de turbulences.

-"toi aussi tu n'as jamais pris l'avion" fait-il remarquer après avoir salué George, un médecin résidant de troisième année soucieux de devenir le prochain Ramirez de cet hôpital.

-"je préfère les trains vois-tu, j'ai toujours eu les pieds sur terre" il ricane puis me donne une légère tape à l'épaule.

Isaac et moi nous séparons quelques mètres plus tard lorsque je rejoins le chef de la cardio, le docteur Michelle, une femme aussi étrange que compétente. Je ne l'ai jamais vu perdre espoir même lorsque l'opération ne se déroule pas du tout comme prévu. Elle prend une énorme bouffée d'air puis se concentre.

Dévoile-moi Tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant