Chapitre 30 : Chase

1.1K 82 3
                                    

- Comment tu te sens ?

Je souris. C'est la quatrième fois qu'Emma me pose cette question tandis que nous franchissons le seuil de mon appartement, les bras chargés de nos valises.

- Bébé, tu m'as posé cette question il y a une heure et ma réponse est toujours la même, dis-je en l'embrassant à pleine bouche. Je vais très bien. Mon cœur va très bien.

- Je suis médecin, se défend-elle dans un sourire. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour toi.

- S'il y a le moindre problème je te préviendrai, assuré-je en laissant tomber nos valises.

- Promis ?

- Promis. Viens prendre une douche maintement ensuite allons dormir parce ce que le vol a été épuisant.

- Tu as pris tes médicaments ?

- Oui ne t'inquiète pas, la rassuré-je. J'ai seulement envie de dormir et de sentir ton corps chaud contre mes bras.

Emma sourit. Si elle ressent le moindre doute, aucune expression sur son visage n'en témoigne.

Munie d'un sourire séducteur qui aurait pu prétendre désarmer un chaste moine, Emma se saisit de ma main et d'une démarche féline m'entraîne vers la salle de bain. Je suis idiot, je pense d'abord lui faire l'amour à l'usure mais je comprends rapidement que nous sommes trop épuisés par le voyage pour ça. À la place, nous nous étreignons et toute la tension accumulée commence à disparaître de mon corps.

Je suis détendu, calme et en bonne compagnie. 

— Viens dormir avec moi, m'écrié-je à l'égard d'Emma lorsqu'elle franchit la porte de ma chambre.

Elle saute sur mon lit dans un éclat de rire et se blottit dans mes bras dans un soupir. 

— Raconte moi une histoire, lance-t-elle d'une voix rauque, gagnée par le sommeil.

Je réfléchis quelques instants, une main caressant sa chevelure encore humide et l'autre la cicatrice qu'elle arborre au bras. 

— C'est l'histoire d'une jeune femme qui s'appelle Ruth, un jour elle rencontre un homme qui s'appelle Rupert...

Elle rit puis laisse échapper un petit grognement que je trouve adorable. Je souris et commence à lui raconter une histoire tout droit sortie de mon imagination, sans queue ni tête où chaque nouvelle phrase est synonyme de rebondissement. 

— Tu aurais dû écrire les feux de l'amour, plaisante-t-elle. Avec une imagination pareille, tu aurais percé.

— Je n'aime pas me vanter mais tu as totalement raison.

Nous continuons de discuter quelques minutes avant de sombrer dans un profond sommeil, nos corps enlacés, les vides comblés. Emma est mon âme sœur, j'en suis convaincu.

Mon téléphone vibre, me décrochant une plainte sonore impossible à réprimer. Je tends le bras et décroche sans prendre la peine de vérifier le nom affiché à l'écran.

— Chase ! Chase !

Je me réveille, alarmé par la voix catastrophée d'Emiliano et me faufile discrètement hors du lit où dort ma petite amie à poings fermés.

— On a une piste ! Tu ne le croiras jamais !

— Qu'est-ce qui se passe ? Demandé-je alarmé.

— Tu te rappelles de mon contact qui a infiltré le cartel d'Aguilar ?

— Oui, répondis-je avec lassitude.

— Il m'a informé qu'Aguilar se soignait à New-York et devine dans quel hôpital ?

— Non...

— Sì. L'hôpital où travaille Emma ! Lorenzo Jubile, il voulait proposer à Emma de nous aider...

Je fronce les sourcils, sentant une rage sourde enfler dans mes veines. Je la sens dans chaque millimètre de mon corps, elle m'habite, me happe, vibre en moi.

— Il en est hors de question, aboyé-je, enragé.

— Quoi ?

— J'ai dit qu'il en était hors de question, dis à Lorenzo de me retrouver demain à la banque et dis lui de ne pas être en retard. Adiós.

Je raccroche sans laisser le temps à mon interlocuteur de me répondre. Je ne ressens pas l'envie de l'écouter tenter vainement de me convaincre de mêler ma petite amie à cette sordide histoire. Ça n'arrivera jamais, même si l'occasion qui se présente est en or.

J'éteins mon téléphone et me rallonge, je ne me rendors pas, mon esprit est trop agité pour pouvoir espérer ne serait-ce qu'une courte pause. À la place, je regarde Emma dormir, je la dévore des yeux. Je surveille chaque respiration, chaque mouvement. La voir aussi détendue à mes côtés est une chance que je ne réalise toujours pas. Nous avons traversé tellement d'épreuves, vécu tellement de choses qu'il m'est inconcevable de lui en imposer une autre.

Emma tente d'avancer, je ferai tout pour la tirer vers le haut.

— Tu pars déjà ?

Je me retourne, interpelée par la voix d'Emma. J'entreprends de boutonner ma chemise et lui dépose un chaste baiser sur ses lèvres.

— Affaire urgente à la banque, marmonné-je. Repose toi, je serai bientôt de retour.

Elle acquiesce et disparaît sous une tonne de couvertures.

— À plus tard.

— Je t'aime, murmuré-je en sortant de la pièce.

Je soupire lorsque j'arrive à la banque, je suppose que Lorenzo est déjà en train de m'attendre, le regard sévère, l'allure implacable. Il tentera de me convaincre, il ne se doute pas encore du fait qu'il aura en face de lui un mur.

Comme je l'avais prévu, il se trouve là, debout, occupé à faire les cent pas tel un fauve en cage. Son regard durcit lorsqu'il remarque enfin ma présence.

— Bonjour, dis-je par politesse.

— Qu'est-ce que tu fous ? Explose-t-il. Comment peux-tu refuser de m'aider à ce point ?

— Je ne mêlerai pas Emma à cette histoire. Je ne lui en parlerai pas et tu n'as pas intérêt à le faire toi aussi !

— Elle était présente avec nous bordel ! Elle sait ce que nous avons vécu ! Elle nous aidera.

— Vraiment ? Lancé-je d'un ton faussement intéressé. Comment ?

Lorenzo ne réfléchit même pas avant de me répondre. Il a déjà tout prévu. Le salaud.

— Emma est médecin, elle pourra facilement s'infiltrer dans la chambre d'Aguilar.

— Pourquoi ferait-elle une chose pareille ?

Lorenzo se saisit d'une fiole qu'il gardait dans sa poche. J'écarquille les yeux, horrifié, effaré par ce qu'il veut faire.

— Ça ne laisse aucune trace dans le sang, explique-t-il d'une froideur inégalée. Aguilar aura l'air d'avoir fait une crise cardiaque.

— Tu es fou ! Crié-je dans un éclat de rire.

— Excuse moi !

— Tu veux qu'Emma assassine un homme ? Tu te rends compte de ce que tu demandes ?

— Ce n'est pas un homme ! Hurle-t-il en proie à une vivre colère.

— Si ! Sa chambre sera sûrement gardée aussi, Emma risquerait sa vie. Tu sais quoi Lorenzo, tu délires. Je n'en parlerai pas à Emma, et tu ne le feras pas non. Elle se remet doucement des événements et il est hors de question que je la mêle à cette histoire. Trouve quelqu'un d'autre.

— Tu es avec moi ou contre moi Chase.

Je n'hésite pas.

— Excuse-moi mon frère mais cette fois-ci, je suis contre toi...

Dévoile-moi Tome2Where stories live. Discover now