Sunburn [Seulrene] - Red velvet

Chapitre 18

Joohyun soupira en tapotant le bout de ses ongles sur le plan de travail de sa cuisine. Sa patience avait pris un coup, même juste une petite minute devant sa bouilloire était trop long. C'était pourtant bien pour faire passer le temps qu'elle avait décidé de se préparer un thé. Souffler sur la surface de l'eau brûlante l'occuperait un peu, et peut-être bien qu'une boisson chaude lui ferait du bien pour se détendre.

Cela faisait plusieurs semaines que Seulgi ne lui parlait plus beaucoup, et elle en était plus qu'angoissée. Elle se disait que son esprit lui jouait sûrement des tours, que ce n'était que des films que sa grande imagination créait inconsciemment et que la réalité n'était pas du tout ce qu'elle n'arrêtait pas de penser. Elle ne voulait absolument pas se l'avouer, mais ce qui lui collait encore à la peau, était sa peur incommensurable d'être abandonnée.

Il lui arrivait souvent de regretter d'avoir ouvert sa porte, d'avoir répondu à sa cadette, parce que si elle l'avait gardé loin d'elle, elle serait restée seule pour toujours, jusqu'à ce que sa fin arrive. Son envie de mourir s'était de plus en plus estompée, et elle avait maintenant la crainte d'être à nouveau seule, ou de quitter Seulgi sans avoir pu réellement profiter de leur amitié.

Sa maladie, elle, était toujours aussi bien présente. Il lui arrivait régulièrement de rester chez elle pendant plusieurs jours, son amie lui faisant alors quelques courses en rentrant du lycée. Elle utilisait sa propre clef pour pénétrer dans la vieille bâtisse, et passait une bonne partie de la fin de son après-midi, assise sur le lit de Joohyun, à lui raconter sa journée. Seulgi ne s'était pas fait d'ami, il n'y avait que son voisin de table, qui lui adressait la parole de temps en temps. Elle n'avait, d'après ses dires, aucun souci avec les autres. Elle ne parlait pas, et personne ne lui accordait d'attention en retour.

Seulement, Joohyun avait l'impression que la bulle de Seulgi se refermait même devant ses propres yeux, au fur et à mesure que l'automne s'installait.

Les roses devant sa demeure s'étaient peu à peu fanées, les pétales tapissant le trottoir, le jardin et le parc juste à côté. A la moindre rafale de vent, elles s'envolaient sur quelques mètres et s'il pleuvait, l'odeur devenait encore plus forte comme à leur apogée, jusqu'à disparaitre complètement. A l'inverse de cette fragilité, les ronces étaient toujours aussi hargneuses, piquant la peau, déchirant le moindre tissu se coinçant à l'intérieur.

Seulgi enfila ses chaussures et attrapa ses clefs, quittant sa maison après avoir mangé. Elle traversa la rue, manqua de glisser sur le parterre de rose, et pénétra sur la propriété privée de Joohyun. Les marches montées deux par deux, elle toqua à la porte, et elle s'ouvrit sur son ainée, qui était déjà prête.

« Bonsoir, souffla la plus jeune en entrant. Avant que nous sortions, je-

- Comment ça, nous sortons ? répondit-elle en la coupant, fronçant les sourcils. Tu ne m'as rien dit dans notre dernière lettre.

- Eh bien, parce que c'est une surprise. Nous allons nous amuser, mais j'aurais besoin que tu me prêtes un de tes sweats, annonça l'adolescente qui était déjà fière de ton idée.

- Je ne sais pas pourquoi, mais tout d'un coup, je n'ai plus trop confiance en toi, soupira Joohyun en refermant sa porte. Je n'ai que du noir, tu le sais, n'est-ce pas ? dit-elle avec conviction, comme si cela empêcherait Seulgi de mener à bien son plan.

- C'est parfait », assura-t-elle bien évidemment en suivant la maîtresse de maison, dans les escaliers menant entre autres à sa chambre.

Elle fouilla dans son armoire, sortant un de ses nombreux pulls à capuche qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. La plus jeune le prit et l'enfila, remettant sa veste juste au-dessus. Elle plongea ses mains dans ses poches, puis tourna les talons.