Chapitre 2

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Seulgi ne savait pas pourquoi, mais son cœur battait bien trop fort. Elle pouvait presque sentir le sang qui traversait rapidement ses vaisseaux sanguins et l'entendre au creux de ses tympans. Ses mains étaient devenues moites aussi, la petite boîte en carton tremblant entre ses membres. Chacun de ses pas vers la vieille bâtisse lui faisait un peu plus perdre ses moyens.

C'était peut-être dû aux avertissements qu'elle avait reçus, ou bien à cause de l'ambiance morbide qui semblait émaner de la propriété. Elle avait l'air à l'abandon depuis des décennies, le fer forgé qui l'entourait avait rouillé et était sous l'emprise de la végétation qui avait repris le dessus. Le toit de la maison ne tenait plus à grand-chose, et les murs recouvert de planches en bois étaient grisonnantes, rongées par le temps et les insectes.

Les fenêtres étaient barricadées à la va-vite, avec les vieux volets qui tenaient à demi, et de vieilles lattes plus foncées. Certaines n'avaient plus rien, laissant pourrir les débris dans le jardin qui semblait n'avoir jamais été tondu. Seulgi resta devant le portail pendant plusieurs minutes, se sentant tout à coup, complètement découragée. Elle ne savait pas pourquoi, mais c'était comme si son corps lui disait de faire demi-tour. Pendant que ses pensées se contredisaient en même temps, l'hésitation la gagnant peu à peu.

« J'vais pas croire des idioties pareilles », marmonna-t-elle en secouant la tête, roulant ensuite des yeux tant elle avait l'impression d'être ridicule.

Pourtant, sa poigne était de plus en plus forte, le carton entre ses mains s'écrasant au fil des secondes qui s'écoulaient. Elle avala bruyamment sa salive et se décida à sonner. Le bouton était rouillé, et la plaquette dorée était si abîmée, que le nom était illisible. Seulgi fronça le nez, n'ayant aucune envie de toucher toute la saleté qui s'y était accumulée.

Elle replia son index, et en inspirant aussi fort que possible, elle trouva le courage d'appuyer dessus avec le bout de sa phalange, puis elle regarda vers la porte d'entrée. L'adolescente n'avait rien entendu, comme si la sonnette ne fonctionnait plus. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle resta plantée sur place pendant plus d'une minute. Elle attendit, pour rien certes, mais elle avait l'espoir de voir quelqu'un se manifester. Si elle avait pu éviter d'entrer sur le terrain de la vieille bâtisse, elle aurait été plus qu'heureuse, mais malheureusement, elle n'eut aucune réponse.

« Super, je suis vachement rassurée », se plaignit-elle, agacée.

Seulgi n'était pas du genre à abandonner, alors elle poussa doucement le portail qui grinça bruyamment, et elle entra sur la propriété privée. Elle s'approcha de la maison, monta maladroitement les marches du perron qui craquaient dès qu'elle reportait son poids sur sa jambe d'appui et sa respiration se coupa nette. La jeune fille pouvait faire semblant aussi longtemps qu'elle le voulait, elle était morte de trouille et n'importe qui l'aurait compris même en étant à des kilomètres d'elle.

Le poing serré, elle y colla sa lèvre supérieure pour se racler la gorge et pour pouvoir parler plus distinctement. Seulgi prit ensuite une grande inspiration qui remonta sa cage thoracique et tira ses épaules en arrière. Seulement, avant même de toquer à la porte, elle fit un pas en arrière. Elle avait entendu un bruit, en plus de son impression d'être épiée qui lui glaçait le sang depuis plusieurs minutes.

La jeune fille se pencha alors, tentant de voir à l'intérieur de la maison par une des fenêtres. Le volet était mal fermé, ballant à moitié, ne tenant plus qu'à la charnière inférieure. Elle pouvait distinguer un rideau mal tiré, comme si quelqu'un venait de regarder et l'avait laissé en l'état pour ne pas se faire surprendre. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux se plissant légèrement pour tenter de voir plus précisément. Seulgi avait une légère myopie, elle ne voyait donc pas très bien de loin, mais elle en était sûre, il y avait eu du mouvement dans la bâtisse.

Sunburn [Seulrene] - Red velvetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant