Partie 37-38-39

8.6K 344 6
                                    

Partie 37.....

Oh je vous dis pas, j’étais tombée dans un gros dilemme sérieusement. Rima m’a fait mal au cœur et quand même j’allais pas lui dire que Mahmoud était sur ma nièce, ça se fait pas pour Mahmoud surtout qu’il m’avait dévoilé son secret. Mais bien sûr j’allais pas laisser Rima bâtir des châteaux dans les nuages elle aussi.

MOI : sah là ? Mahmoud ? Wesh, s’comme notre frangin lui . Tu vires paro ou quoi ?
RIMA : baisse ta voix là, ils peuvent nous entendre.
MOI : bref, passe à la caz soir ce. On en parlera
RIMA : aller ma belle, à tard plus
MOI : à toute !

Je rentre chez moi, j’allais tracer direct dans ma chambre quand maman m’a appelé.

MAMA : aya toi, t’as tardé,
MOI : smeh y’avait les bouchons à cause de la neige.
MAMA : fallait me prévenir Soraya, j’ai eu peur
MOI : s’pas grave
MAMA : ayaa hafrita, t’as pleuré ?
MOI : …Oui mais c’est juste parce que j’étais stressée. J’en ai marre de taffer et de suivre les cours en même temps
MAMA : aaah, ewa ma fille qui t’a dit de taffer ? Suis tes cours et si t’as besoin d’un truc, tu le dis à ton père ou tes sœurs.
MOI : maalich mama (pas grave)

Maman est toute affectueuse wallah. Elle occupe la plus grande place dans mon cœur. Si je parle rarement d’elle dans la chronique, ça ne veut pas dire que je l’aime pas, non au contraire elle c’est la princesse de mon cœur. C’est l’auteur de l’auteur comme on dit.

Dans ma chambre, j’ai mit mon téléphone en mode silencieux et je me suis endormi avec mes sappes teh le boulot. J’avais besoin d’un profond sommeil tellement j’étais épuisée. Et chez moi quand je pleure, je dors direct.

C’était Rima qui m’a réveillé, elle est restée avec moi mais on a pas pu parler de Mahmoud, ma sœur Asma était avec nous dans la chambre.
J’avais trouvé vla les appels manqués, y’avait même le num à Mahmoud. Quand je l’ai rappelé (Miracle, j’avais du crédit), il répondait pas. Bref, on va zapper la soirée car y’avait rien d’intéressant.

Le lendemain à midi, ma sœur Amina était venue me chercher, elle a pu avoir un taf pour assumer les frais d’avocat. Elle taffait pas loin de mon école.
Miskina elle sombrait dans une tristesse toute seule. J’avais l’impression que personne la console, elle vivait dans une solitude mortelle depuis que son mari avait prit du ferme. Donc j’avais envie de lui montrer qu’elle pouvait compter sur moi, j’allais rien lui donner à part le support moral.

MOI : Amina, je peux venir dormir chez toi ce soir ?
AMINA : bien sûr t’es ouf. Chez moi c’est chez toi sale mehboula.
MOI : …Fais rien à diner, on va commander des pizzas
AMINA : …ça me va hbiba

Mahmoud m’a appelé, il m ‘a dit que Nabil avait disparu, qu’il l’avait cherché partout mais aucune trace de lui. C’était difficile parce qu’il taf plus au centre depuis quelques semaines. Donc on avait moins de chance de le recroiser. Malgré cela Mahmoud était saucé à faire son max pour le choper.

Le soir, après mon taf, j’étais partie direct chez Amina. (J’avais cours pendant la matinée, et je taf les aprèms), j’avais ramené de la bouffe avec moi, des pizzas et des mini-gâteaux de là ou je taffais.
On a passé toute la soirée à bouffer, on a regardé un film, c’était le film teh la chanson là « gangster paradise », je me rappelle même pas de son nom. Bref ce film reflétait si bien la réalité de vla les jeunes qui avaient grandi dans le ghetto.
Ensuite on est parti se coucher. Je voulais trop l’apaiser, mais j’avais aucune idée de la façon.

MOI : Redouane t’appelle de temps-en-temps ?
AMINA : il m’a appelé hier soir, enfin il le fait quand il pécho une occaz.

Ma sœur Amina était une vraie caillera pendant sa jeunesse, c’était une meuf teh le ghetto. Tu peux le deviner de son attitude, sa façon de parler, son langage…

MOI : il va bien ?
AMINA : c’est halla chez lui, il va super bien. S’moi qui souffre dans l’histoire.

Et elle se met à pleurer. Je me redresse et j’essaie de la prendre dans mes bras.

AMINA : wallah j’en peux plus Soraya, c’est moi seule contre le monde. Ils sont tous contre moi, mes parents, mon mari, mes sœurs, toute la France même.
MOI : nhal chétane hbiba dis pas ça, on est avec toi wesh

J’avais trop mal pour elle wallah. Perso, je pouvais dead pour mes sœurs, je préfère galérer à leurs places au lieu de les voir souffrir devant mes yeux. Quand même on était des lâches de l’avoir laissé endurer cette épreuve toute seule.

AMINA : t’façon j’ai pas le droit d’être heureuse, je galère depuis ma naissance …Ya rabbi prend-moi, j’en ai marre, j’en ai marre.

Elle pleurait trop fort, elle se vidait. Je la serre trop fort dans mes bras, je lui caresse les cheveux.

MOI : on est là hbiba, wallah je préfère mourir ou te voir souffrir comme ça. Tête de ma mère je te laisse pas tomber ma sœur
AMINA : et putain si papa le sache wallah il va m’obliger à divorcer ..Tu le connais ton père ?

Sah, je pleurais moi aussi. Amina c’était la fille qui eu le plus grand nombre de galères dans sa vie, et ça continue. Et tout ça, car elle a aimé un thug.

Après qu’elle s’est calmée, j’étais entrain de lui essuyer le visage.

AMINA : Soraya je te dis un truc, tu le sors pas de ta bouche
MOI : wallah je dis rien
AMINA : je suis enceinte
MOI : heeen dis wallah hbiba heeen je suis trop ferhana sa mère (heureuse)

Sérieux j’étais super heureuse, mais Amina avait pas trop l’air d’être si contente.

AMINA : quelle ferhana nhal chétane ?

Et elle se remet à pleurer.

AMINA : personne ne voudra de ce bébé, sonper
MOI : qu’est ce tu racontes de la merde ? Ça va les rendre heureux au contraire
AMINA : …tu rêve !
MOI : Redouane est au courant ?
AMINA : non j’ai peur de lui annoncer ça.
MOI : j’hallucine, de quoi peur ? Faut être fière Amina, t’as eu ce bébé dans le halal alors tu t’en bas la race de tout le reste.
AMINA : je panique je t’assure
MOI : faut tu le dises à tout le monde Amina
AMINA : non, dis rien Soraya !
MOI : ok moi je vais rien dire mais peuvent le deviner tous seuls.. T’es enceinte de combien ?
AMINA : dans mon deuxième.
MOI :ah déjà ?

Elle pleurait toutes ses larmes, ça avait duré presque des heures, elle s’arrêtait plus. Je lui faisais des blagues, mais rien ne marchait. J’avais trop la peine pour ma sœur sérieusement, rien que je lui faisais des douhas car c’était le seul remède.
Et puis après, elle a sorti un petit coffre, elle m’a montré toutes les lettres que Redouane lui écrivait quand il était en hebs (avant qu’ils se marient). Et elle a finit pas me raconter toute l’histoire de A à Z (ça peut faire une bête de chronique lol). Miskina elle eu des galères avec lui, entre bicrave, biz, kehba (pute), tatepa qu’il lui mettait, …etc.

Un moment, elle s’est arrêté de parler, et m’a regardé pour une longue minute.

AMINA : t’es amoureuse Soraya.

Heeen comment j’étais offusquée ! Elle l’avait deviné de nulle part, en plus elle était sûr de ce qu’elle disait.

MOI : qu’est ce qu’il te fait dire ça ?
AMINA : …s’très claire wesh
MOI : d’où s’claire ?
AMINA : on peut le deviner deuspi, j’ai passé par le même chemin que toi, donc on se connait au bled. Rien que tu écoutes les sons de loveuses, tu déprimes, tu pleures pour que dalle, t’es souvent pensive… c’est claire t’es dans le hob (l’amour)
MOI : zeeeh izi izi Amina…ça se voit trop ?
AMINA : bzaaaf (trop)
MOI : heeeeeeen t’es khatal (genre pour dire t’es maline)…J’espère les autres l’avaient pas deviné.
AMINA : j’espère pour toi wallah
MOI : heeeen je craque
AMINA : dis moi s’qui ? Mais belek tu me sors un mec de la cité, un gros thug wallah je te nique ta race
MOI, je rigolai : je vais te décevoir ma sœur
AMINA : s’qui putain ?
MOI : c’est un gros thug, un ancien taulard et c’est un raclo teh la tess
AMINA, choquée : ah bon ? T’es tombée dans le vice toi aussi putain..Vazi la putain de toi, déclare s’qui ?
MOI : tu connais Badro, le fils d’Aida ? On l’appelle Gibraltar.

Elle réfléchissais puis sauta d’un coup..

AMINA : c’est un galsen de son père non ?
MOI : oui…
AMINA : sah, t’as sérieuse à tomber pour lui ? ça le fait pas wesh, le raclo il avait prit combien de piges au shtar ? 2 ans ? 3 ans ? En plus il est mi-sénégalais wesh
MOI : et alors ? C’est quoi le blém s’il est à moitié galsen ?
AMINA : le blém est pas chez moi, ni chez toi. Le blém est chez ton père Soraya.

Entre les blocs de ciments , l'amour ne choisit pas ses couleursWhere stories live. Discover now