Partie 49-50-51

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Partie 49.....

Il était choqué de ma phrase. Moi et lui, nous étions surtout pas ce genre de couple qui passait leurs vies à dévoiler leurs sentiments. J’étais très discrète par rapport à ce que je sentais à son égard. Quant à lui, parlons même pas. Badro était ce genre de mecs qui restait renfermé, vous voyez ce genre de raclos, à qui pour eux, parler des sentiments, était un acte que pour les pd.

Bref après quelques secondes de silence, il se mit à sourire. Malgré le noir, je pouvais voir son beau sourire. Ce sourire pour lequel je donnerais l’univers en entier.

Il démarra, se mit à rouler en silence. Et par hasard y’avait que des sons loveurs qui passaient dans ma radio. C’était trop romantique, j’ai failli pleurer sérieux.

Pendant qu’il conduisait, je faisais que le regarder. Badro était loin d’être un bête de mec qu’on voyait dans les films ou les clips rikains. C’était un mec de la rue. Quand tu le vois, tu devines ça hyper vite. Sa façon de se sapper était très négligée, mais ça lui faisait un charme. Ses cicatrices sur le visage, sa barbe négligée aussi, sa grosse voix cassée. C’était pas le prince charmant, mais c’était mon prince charmant. Badro c’était pas qu’un physique, mais un caractère qui me rendait accro de plus en plus.

Après quelques minutes, nous arrivâmes devant un vieux bâtiment. Il sortit de la gova et commanda que je fasse pareille que lui. Nous avançâmes dans le noir, il ouvra une grande porte en fer, elle faisait un bruit terrible, elle était hyper usée.
Il entra, je suivis sans aucun problème. Sérieux, j’avais confiance aveugle, je savais très bien que Badro ne me ferait aucun mal.
Le lieu était hyper humide, sale, une putain d’odeur m’avait étouffée.
Il alluma une petite lampe, ça avait éclairci l’endroit un peu. Je constatais qu’on était dans un garage.

MOI : c’est quoi ?
BADRO : il est bien ?
MOI : de quoi bien ? Ça sent …

Je grimaçai. Il fronça les sourcils et regarda autour de lui.

BADRO : ça sent mauvais ?

Je fis oui de ma tête.

BADRO : bon, j’ai loué ce garage
MOI : en sah ?
BADRO : …oui
MOI : teh sah ?
BADRO : …je t’ai dit oui Soraya, wesh !
MOI : tu feras quoi avec ça ?
BADRO : une salle de sport

Je le regardai surprise. Le mec était entrain rêver ou quoi ? C’était la hass chez lui, il taffait avec Mouhssine et son père et il gagnait pas beaucoup d’argent. La preuve, il a galéré pour s’offrir un vieux bolide tout pété. Donc je voyais pas trop d’où il va équiper cette salle, et surtout que le garage était dans un état pathétique.

MOI : putain Badro, c’est la hass wesh
BADRO : de quoi la hass ?
MOI : d’où t’auras l’argent pour l’équiper et tout ça ?
BADRO : t’inquiètes pas pour le khaliss ma gueule ! (Khaliss = argent)

Quand il m’a dit ça, j’ai eu un pincement dans le cœur. J’avais peur de le revoir dans des bails chelou comme à l’ancienne.

BADRO : Que ce qui ya tu me regardes commasse ?
MOI : tu vas reprendre le biz ?

Il me jeta un regard noir et soupira.

BADRO : t’as viré ou quoi ? Combien de fois je dois répéter que c’est finit zebi ? Le haram je l’avais finit ya vla le temps ah zebi
MOI : s’bon arrête de me crier dessus Badro
BADRO : ben s’toi zebi là tu comprends que tchi
MOI : j’ai pas envie que nous vivrons la même chose que Sab et Mouhssine. S’pour ça je vire pour foy Badro

Il sourit, se gratta sa barbe, me prit par le poignet et me tira fort un peu près de lui. On était très très proche, cependant j’étais minus devant lui, très petite.

BADRO : fais moi confiance !
MOI : j’ai trop peur
BADRO : fais moi confiance je t’ai dit !
MOI : comment tu vas faire alors ?
BADRO : je vais me débrouiller et pour nettoyer le zbeul (bordel) je te recrute easy !

Je reculai

MOI : vazi là Badro !
BADRO, il rigolait : ben quoi ? T’es ma femme non ? Et la femme c’est quoi son rôle dans cette ive à part faire le ménage et faire à graille ?

Je lui donnai un coup de poing zerma sur son torse. Mais ça m’avait niqué la main, surtout que j’étais faible comme meuf, un rien me faisait mal. Mdr
Je poussai un cri, il explosa de rire.

BADRO : quoi ça veut me péta maintenant ?
MOI : mais tu m’as niqué la main toi !
BADRO, mdr : cheeeh

Je haussai les épaules et je commençais à faire les manières teh les bébés zerma

MOI : je te boude

Il tapa un rire de ouf.

BADRO : mais fonce dans le mûr gualak je te boude !

Je croisai les bras et je continuai à le regarder de trav’. Il bougeait pas, on dirait il s’en foutait de moi.

MOI : s’moi la grosse bolosse je suis venue avec toi

Je commençais à tailler vers la sortie. Je sentais qu’on me tirait par le bras. Sans trop comprendre, je me retrouvai face à lui.

BADRO : azi fais pas la meuf wesh on dahak tranquille
MOI : mais rien que tu me tailles sec Badro
BADRO : ma vie t’es une grosse minega Soraya

Il prit un bout de carton, l’installa dans un coin et finit par s’asseoir sur ce carton.

BADRO : inchallah je finirai ma vie dans le halal, comme le daron allah y rahmou
MOI : allah y rahmou

J’avançai, je m’installai à côté de lui et posai ma tête contre son épaule. Y’a eu un silence bizarre, mon cœur battait la chamade, on dirait que mon ventre était en bataille contre l’armée d’Hitler. J’étais bien, mais en même temps hyper stressée. Il a dû sentir que j’étais en stress, d’ailleurs il m’a fait la remarque.

BADRO : Oh Soraya ?
MOI ; …oui
BADRO : t’as peur de oim ?
MOI : …nan. Pourquoi tu dis ça ?
BADRO : téma ! Tu trembles yaa zeeeh
MOI : s’par ce qu’il fait froid !
BADRO : d’où il fait froid ?
MOI : … ben oui
BADRO : tu vires paro ou quoi ?

Y’a eu un blanc encore une fois pendant des minutes.

MOI : Badro ?
BADRO : ..hum
MOI : tu…tu m’aimes ?
BADRO : t’as quoi avec tes vieilles questions teh les films hindous là ?
MOI : quoi ? J’ai demandé puis s’tout !
BADRO : oui mais je suis pas ton ex teh shab les spices girls. Je vais pas te sortir ça toutes les 3 sec
MOI : mais tu me l’as jamais dit
BADRO : et alors ?
MOI : ben je veux savoir moi
BADRO : Soraya, si t’es là avec moi s’pas pour foy

Il me détacha de lui, se pencha et me fixa droit dans les yeux.

BADRO : un jour tu seras ma femme, ma halal. Ça s’beaucoup plus grand que toutes les disquettes qu’on sort souvent. S’plus vrai, tu vois ce que je veux dire ?

Entre les blocs de ciments , l'amour ne choisit pas ses couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant