𝐸𝑡 𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑙'𝑎𝑖𝑚𝑒 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑓𝑖𝑛...

𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 - ⁴ ❥

Pdv Shinichirô, samedi 8 Août 1998, 20h30:

— Tu comptes m'expliquer où est-ce que nous allons ? Demande-t-elle septique.

— On approche de la destination... Expliqué-je en évitant son regard.

Quelques secondes après que j'ai prononcé ces mots, un fond de musique se met à recouvrir l'air. Nous approchons du but. De la où nous sommes, nous pouvons presque apercevoir les lumières colorées du festival.

— C'est là !

Devant nous s'étale des dizaines de stands. Les gens s'entassent dans de longues queues et une douce odeur de nourriture nous embaume les narines.

— C'est un festival ? s'exclame-elle le sourire au lèvres comme pour valider ce qu'elle voit.

— Tous juste ! Ricané-je devant ses airs de gamine impatiente.

Elle me fait penser à Emma, Mikey et Izana.

— Allons-y !

Je lui prends la main et me mets à courir en direction du premier stand. Il est géré par une vieille femme. Elle a des cheveux noirs abîmés par la teinture excessive. La femme est peu maquillée mais les couleurs choisies sont assez voyante: de grossiers traies d'eye-liner sur les yeux, un fard à paupières bleu azur sur la paupière mobile et une quantité faramineux de blush sur les joues.

Elle mâche bruyamment un chewing-gum en nous fixant d'un regarder dédaigneux.

Son stand est à son image. Le rangement des récompenses de gain est bâclé : les peluches délavées et repiquées sont entassées et les boîtes de jouets qui semblent avoir déjà été utilisées s'entassent dans un amas de poussières étouffant. Des mégots et leurs cendres trône sur le bord du comptoir pour sublimer la décoration.

Je suis peu convaincu par le stand de cette vieille dame mais Anali semble tout à fait charmé par le jeux qu'il propose : le tir à l'arc mouvant. Tentant de la raisonner, je tire légèrement sur sa main en jetant divers coups d'œil vers un autre stand mais elle est décidée. Elle sort quelques pièces de monnaie qu'elle dépose sur le comptoir peu hygiénique et prend en main la fausse arme devant elle.

Très rapidement, elle prend une position adéquate et après validation avec la vieille dame, elle tire une première flèche. Elle se plante à quelques centimètres de la cible mouvante. La mine déçue qu'elle prend me fait rire.

Pas décourager pour autant, elle saisit la deuxième flèche dans son arc et la tire cette fois à quelques centimètres du centre. Nos trois bouches s'ouvrent grand. La foraine semble tout aussi surprise que nous deux. Un cri de joie s'échappe des lèvres d'Anali.

Ayant le droit à une troisième chance, elle prend sa dernière flèche et la tire.

Cette dernière, moins chanceuse que les autres, viens s'enraciner encore plus à l'opposer que la première. Un sourire rassuré prend place sur les lèvres charnues de la gérante. Anali, déçu, pose l'arc sur le comptoir et se prépare a repartir vers un autre stand. Mais avant qu'elle ne commence à s'en aller, j'attrape sa main et dépose suffisamment d'argent sur le comptoir pour faire une nouvelle partie.

La vieille femme, satisfaite de voir ses poches se remplir, propose le même arc à Anali. Son visage s'illumine et avant de le prendre en main, elle se tourne vers moi et chuchote un merci hésitant. Ses yeux pétillent, elle tente de cacher un grand sourire sur ses lèvres mais en vain. Seulement, le ton de sa voix et sa bouche tordu d'excitation me mettent rapidement au courant que mon geste lui plaît.

Son visage est adorable. Je sens mes pommettes se réchauffer doucement et sur mes lèvres, un sourire se former. Elle attrape l'arc et tire sa première flèche qui se place malheureusement tout aussi loin que la première et troisième flèche. Toujours aussi déterminée elle prend en main la seconde. Elle respire profondément puis expire doucement. Anali tire.

     À la surprise de tous, la cinquième flèche se plante au milieu. Le grincement des boulons rouillé de la cible toujours en mouvement nous rappel qu'une autre chance lui est proposée. Toute excité de tirer sa dernière flèche, elle se re met dans la position la plus similaire possible et elle re fait son jeu de respiration avant de lâcher le bout de bois avec une petite ventouse au bout. Le temps semble comme ralentir.

Au ralenti: je vois ses doigts se détendre après avoir relâcher la pression.

     Au ralenti: je la vois retenir sa respiration.

Au ralenti: je vois ses cheveux virevolter en reprenant leur forme initiale en même temps que le bras d'Anali.

C'est aussi au ralenti que je vois le visage méprisant de la gérante se détendre d'étonnement. Anali s'exclame à bout de souffle :

— J'ai réussi !!!

Moi et quelques personnes qui attendent dans la file rigolent devant son comportement enfantin. Je ne l'imaginais pas aussi innocente à l'hôpital.

     Je pose gentiment ma main sur sa tête et la frotte affectueusement. Dans un grand sourire, je la félicite.

— Mademoiselle, votre récompense ! Nous rappelle la gérante alors que nous nous apprêtons à repartir.

— Merci mais je voulais seulement tirer à l'arc. En plus, vos récompenses m'ont l'air peu normées... lui dit-elle comme un avertissement.

Le visage de la femme vire au rose. Elle la fixe quelques instant puis tourne la tête pour s'occuper du client suivant.

⋰ ⋱
𓅪
⋱ ⋰

Nous marchons en discutant, nous apprêtant à nous mettre dans la queue du prochain stand. Les bras chargés de gains, elle semble plus doué aux autres stands puisqu'elle a gagné pratiquement à chaque fois.

Même au stand de force. Nous avons tous les deux participer mais elle m'a littéralement écrasé. Je pense ne jamais pouvoir oublier la surprise sur son visage lorsqu'elle a vu mon score, une vingtaine de points en dessous du sien. Elle en a bien rit puis en voyant mon visage renfrognée elle a rit plus discrètement.

     Au moins elle ne fait pas comme Mikey qui ne se gêne pas pour se foutre de ma gueule... Quoique en réalité, tous mes proches se foutent de ma gueule...

Dans la foule, je reconnais deux touffes blondes. Je suis pratiquement sûre que c'est eux. Je me tourne vers Anali et lui demande de m'attendre là cinq minutes. Alors que je commence à marcher, elle me rattrape et marche à côté de moi en me tenant le bout du teeshirt.

꧁ 𓅪 ꧂

_______________________________

Pov ma mère s'énerve au volant :

« J'ai envie de peter une colère, j'ai envie de tout peter, j'ai envie de noyer les poissons. »

Ma mère,
jeudi 11 novembre 2021, 19h34.

_______________________________

꧁ 𓅪 ꧂