[Texte 6] - Naissance d'un nouvel espoir

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Je relevai doucement la tête pour porter mon regard sur la fenêtre. La pluie torrentielle avait enfin cessé de s'abattre sur notre province, et seules quelques gouttes restaient sur la vitre froide. Sans faire attention aux appels dérisoires de mes parents, je me précipitai dehors sans chaussures. Mes pieds nus frottèrent contre les pierres rousses de notre pavillon avant de sentir l'herbe verte les chatouiller. La fraîcheur de la terre aérée me fit frissonner, et le vent traversant les mailles de mon pull violet me donna l'impression d'être vivante. Je respirai à pleins poumons cet air si pur, que j'avais si souvent ignoré. Le désespoir et la haine qui me rongeaient s'envolèrent au creux des bourrasques, et je pus enfin laisser mes lèvres former un sourire. Mon cœur serré s'ouvrit enfin en cette magnifique soirée. C'était une journée idéale pour être délivrée; tout était rassemblé en une harmonie silencieuse, parfaite. Les doux rayons du soleil couchant donnaient des teintes dorées aux prairies et aux forêts, et caressaient ma peau pâle. Le ciel se teintait de rose et de tons orangés sous mes prunelles illuminées et devenues humides. Je souhaitais en secret, dans le silence d'une prière à la vie, que cet instant soit gravé à jamais dans ma mémoire. Je n'avais plus peur de rien; mon esprit était libéré de ces problèmes qui l'assaillaient d'ordinaire. Mes longs cheveux bruns s'envolant avec la brise dégageaient mon visage auparavant maussade. De discrètes tâches de rousseur constellaient mon minois, et mes yeux vert clair brillaient dans le crépuscule. Lorsque le soleil disparut derrière les collines et que le firmament devint d'un bleu profond, je craignis soudain l'obscurité grandissante. Je reculai lorsque le vent se fit plus piquant et que les ombres s'étalèrent sur le paysage. Comment l'espoir qui venait de me revenir pouvait-il rester aussi brillant lorsque la voûte nocturne se déployait? Une voix me souffla une magnifique réponse:

"La nuit, ne pleure pas le soleil;
Tes larmes t'empêcheront de voir les étoiles."

Je levai ma tête afin d'admirer l'astre d'une blancheur éclatante trôner au milieu de multiples joyaux. Mon sourire s'étendit et, pour la première fois depuis longtemps, je me sentis bien. Le hululement d'une chouette me berça lorsque je fermais doucement mes paupières. La pâle lumière d'un réverbère solitaire brillait, unique dans la nuit. L'espoir me combla de son retour glorieux et des larmes de joie de mirent à couler doucement sur mes joues.
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"Nulle nuit n'est éternelle,
Il viendra toujours une aube nouvelle..."

Les cris du moineauWhere stories live. Discover now