[Texte 12] - It's raining again

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La première goutte tomba. Je l'attendais, je l'espérais de tout mon cœur lorsqu'elle tomba à mes pieds. J'étais perdue, je ne savais pas où j'allais, je déambulais dans les rues désertes de mon village. Le ciel gris me couvait, le vent me balayait, me prenait dans ses bras invisibles. Je n'étais pas triste, seulement confuse. Aucune haine n'agitait mon cœur, juste un amour lointain et brisé. Je recherchais un peu de poésie et de fraîcheur dans ce monde de béton. Je ne pouvais exprimer ma sensibilité qu'à travers mes textes; qui d'autre pouvait me comprendre? Les gens normaux riraient de moi, comme à leur habitude. Je cherchais un lieu de paix, où je pourrais enfin être moi même. Rien qu'un immense vide. Puis, la pluie. Des milliers de petites gouttes se brisaient sur le bitume, telles des perles de cristal. Elles étaient d'une beauté sans nom, éphémères et pourtant éternellement gravées dans mon esprit. Mes prunelles vertes se tournèrent vers le ciel voilé par les nuages. Je lui demandai en susurrant doucement:

" Qu'est ce qui te chagrine à ce point? "

J'ouvris mes bras pour mieux sentir les gouttelettes ruisseler le long de mon visage. Je sentais que j'étais comprise, je me sentais bien. Peut être que le firmament n'aimait pas voir les mortels tristes? Ou bien juste les êtres qui le comprenaient un petit peu? Les personnes bienveillantes me semblaient tellement lointaines, tellement rares, et si précieuses... Est ce que j'en faisais partie? En tout cas, je souffrais réellement, comme si j'étais des leurs. La légère mélodie que jouait la pluie me fit sourire. Un véritable sourire. L'espoir. L'espoir apporté par la pluie me faisait revivre.

" Ne t'inquiète pas pour moi, je saurai me relever grâce à toi... "

Mon cœur se remplit de joie et je pouvais enfin penser avec sérénité. Le paradis devait ressembler à cela. Je scrutais l'étendue grisâtre en songeant aux gens qui, d'ordinaire, râlaient sous leur parapluie. Pourquoi se protéger de cette chute de gouttelettes bienfaitrice? Pourquoi la maudire lorsqu'elle veut nous rassurer, nous ressourcer? Les bourrasques me faisaient vaciller, mes démons s'envolaient au creux de leurs bras insaisissables. La pluie redoubla d'intensité, tandis que je soufflais, sentais la fraîcheur effacer les mots qui m'avaient jadis blessée.

" Tu sais, moi, je te comprends... Murmurai-je en souriant. "

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"Vous maudissez la pluie;
Moi, je la comprends."

Les cris du moineauWhere stories live. Discover now