17/ De l'inutilité non avérée de certaines études

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Le mot gêne ne suffit pas à décrire ce que ressent Céleste en cet instant précis. Olimpia lui a dit de venir la rejoindre sur le parking de la fortezza. Et c'est Galeazzo qu'elle y trouve !

– Montez ! Nous devons partir tout de suite si nous voulons arriver avant la nuit...

Pas un « bonjour ». Pas un « comment allez-vous ? ». Juste cet ordre donné comme si elle était en retard ! Alors que ça n'est absolument pas le cas. Elle est même en avance sur l'horaire donné par Olimpia. Elle fixe l'italien sans bouger alors qu'il monte dans son « char ».

– Et Olimpia ?

– Elle est déjà partie avec Giù et Petrus !

– Mais ! Elle m'avait donné rendez-vous à...

– Peu importe ! Elle est déjà partie, elle ! Vous montez oui, ou vous prenez racine ?

Céleste a bien envie de le laisser planté là, mais elle a promis à Olimpia de venir. Alors elle ouvre la portière arrière, prête à monter.

– Je ne suis pas votre chauffeur. À l'avant !

Le ton est sec, et Céleste rougit. Elle n'a pas réfléchi lorsqu'elle a ouvert la portière. Elle a fait comme si Olimpia était là. Ce Galeazzo l'impressionne et la perturbe. Il est tellement désagréable ! À l'opposé du reste de la fratrie !

Elle finit par monter en silence. Elle pose son sac sur ses genoux et boucle sa ceinture sans le regarder. Elle l'entend soupirer.

– Vous pouvez mettre votre sac à l'arrière.

– Non. Ça ira.

Il n'ajoute rien et démarre en trombe... pour être bloqué quelques mètres plus loin. C'était bien la peine de faire son cirque...

Une fois sorti de Sienne, la circulation est plus fluide. La voiture est très silencieuse et confortable. Céleste se contente de fixer le paysage. La campagne toscane est magnifique sous le soleil de fin d'après-midi. C'est étrange comme toutes les couleurs sont plus intense ici. Le vert est plus éclatant. Le bleu du ciel plus radieux. Elle est sous le charme. Elle sourit à la vitre jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche.

– Vous vous plaisez à Sienne ?

Il compte lui faire la conversation ! Porca miseria !!! Il ne manquait plus que ça ! Que va-t-elle bien pouvoir dire ? Tous leurs échanges jusqu'à présent se sont soldés dans la contrariété. Maintenant qu'elle en sait un peu plus sur la famille, elle le voit comme un homme d'affaire, un beau gosse de 27 ans intelligent et friqué qui travaille. Un adulte avec des responsabilités. Sans doute est-il fiancé ou même marié ? Elle jette un œil sur ses mains. Pas d'alliance, mais doigts crispés sur le volant. Il se force donc à lui parler. Il doit être comme Olimpia. L'italienne ne déteste rien tant que le silence. Pas Céleste.

Elle lui donne donc un « oui » laconique. Basse vengeance.

– Vous êtes inscrite à quel cursus ?

Il insiste le bougre !

– Histoire et littérature.

– Deux cursus ?

– Non. Histoire avec deux UV de littérature... parce que c'est permis. En...

Elle n'a pas pu s'empêcher de préciser. Mais elle s'est reprise à temps. Elle n'ajoute rien.


Galeazzo se demande pourquoi elle s'est arrêtée de parler alors qu'elle commençait une phrase. Elle a reporté son attention sur le paysage extérieur. Si elle préfère s'ennuyer en regardant les collines, va bene ! Qu'elle les regarde ces foutues collines ! On ne pourra pas dire qu'il n'a pas essayé d'être poli !

Il la laisse donc à sa contemplation pendant quelques minutes. Mais il trouve le silence pesant. N'y tenant plus, il revient à la charge.

– Vous comptez faire quoi avec un tel cursus ?

Pour Céleste, c'est la phrase de trop. Et dit sur un ton !!


Elle tourne lentement son visage pour le fixer. Elle a l'air franchement fâchée. C'est bizarre. Pourquoi a-t-elle cet air-là ? Il n'a pourtant rien dit d'extraordinaire. En se cantonnant aux études, Galeazzo pensait ne pas prendre de risque.

– Avec un TEL cursus ? Voyons voir. Avec un TEL cursus ? Et bien laissez -moi réfléchir... Rien en fait ! En réalité, je me cherche un mari ! Olimpia ne vous a rien dit ? Ça me parait pourtant évident avec un TEL cursus !

La réponse le souffle. Il comprend qu'il l'a vexée. Pourtant, ça n'était absolument pas son intention. Même s'il n'a pu s'empêcher d'être sec avec elle. Mais c'est de sa faute à elle ! Enfin, c'est de la faute à son sourire ! Il ne peut pas permettre qu'elle sourit. Pas ici. Dans cette voiture. Alors qu'ils sont seuls. Ça aurait été vraiment dramatique. Dramatique pour lui, et inacceptable pour le comportement que cela engendrerait.

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant