50/ Semer le vent et récolter la tempête

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Lorsque Galeazzo pénètre dans la salle de réception, sa colère n'a pas décrue. Au contraire. Maintenant, il s'en veut aussi d'avoir cédé à Lauren Piberg. Un tel comportement ne lui ressemble pas. Pourtant, il parait égal à lui-même. Comme si rien ne s'était passé. En passant devant un miroir, il réajuste sa cravate. Personne ne le remarque. Personne, pas même Céleste. Le décompte pour le nouvel an a commencé. Tout le monde s'est réuni au centre de la salle et compte joyeusement.


Lauren est entrée discrètement par une autre porte et a rejoint son assistant qui se tient près de Céleste dans l'espoir évident d'échanger un baiser au moment du passage à la nouvelle année. Lauren reconnaît la robe de la jeune femme et a un méchant sourire. Non seulement elle aura eu Galeazzo, mais elle aura le baiser également de Anders... elle s'amuse de cette méchante blague. Elle ne voit pas Galeazzo Malatesta fendre la foule vers eux.


Il s'avance sans trop réfléchir. Sa colère le guide. Sa mauvaise foi aussi. Car si une personne a le droit légitime d'être en colère, c'est bien Céleste. Pas lui. Lorsque le décompte atteint enfin le zéro, tout le monde hurle en même temps, puis les uns et les autres se tournent vers leurs voisins pour échanger des embrassades et s'enlacer !

Alors il se passe plusieurs choses au même moment.

Alors qu'il va se pencher vers Céleste, Anders sent une main de fer sur son bras qui le pousse à se retourner. La bouche de sa patronne se colle alors sur la sienne sans hésitation.

Alors que Céleste se tourne et découvre son cavalier en train d'embrasser Vampirella, elle sent une main lui envelopper la nuque et une bouche venir se poser naturellement sur la sienne. Sauf qu'elle connaît ses lèvres. Instinctivement, sa main se lève et gifle Galeazzo Malatesta.

Dans le brouhaha général, personne ne remarque l'incident, sauf Gianna qui a rejoint l'assemblée pour souhaiter une bonne année à son fils et ses petits-enfants, et Pia qui vient d'embrasser Petrus et qui s'est tournée vers son amie.

La jeune italienne n'hésite pas une seule seconde. Sans savoir ce qui a pu causer un tel désastre, et devant les regards pleins de colère de Céleste et Galeazzo qui se fixent comme deux chiens enragés prêts à se sauter à la gorge, elle prend la main de son amie et l'entraîne loin de son frère. Petrus suit sans rien dire, mais il ne peut s'empêcher de jeter un regard intrigué à l'aîné des Malatesta.


Giuseppe ne pose pas de question quand Pia lui demande de les ramener à Sienne. Il emmène tout son petit monde dans la voiture paternelle. Sofia, qui ne connaît pas tous les autres – la faute à Giù-, n'ose pas ouvrir la bouche. Pour sa part, elle a passé une excellente soirée. Elle aurait aimé le dire, mais respecte le silence pesant. Elle sent qu'il s'est passé quelque chose de grave. Mieux vaut ne pas s'en mêler.


– Tu veux bien m'expliquer ce qui s'est passé ?

Pia est assise au bureau. Céleste est sur son lit. L'italienne a vu le masque de colère de son amie s'effriter peu à peu durant le voyage en voiture. La française parait encore sous le choc. Elle réalise ce qu'elle a fait et n'en revient pas elle-même. Mais qu'est-ce qui a pris à Galeazzo de venir l'embrasser comme ça devant tout le monde - et surtout devant l'allemande qu'il venait de se taper ! - ? Toute cette colère qu'elle a vue dans ses yeux. Toute cette colère qu'elle a eue en elle.

Mais maintenant, elle n'a plus rien. Plus rien qu'un grand vide. Gianna a tort. Elle n'a pas le cœur blessé. Elle n'en a plus. On vient de le lui arracher... et le pire, c'est qu'elle n'a rien vu venir !

– Je ne peux pas...

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant