55/ Le triomphe de la passion

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Gianna ouvre la porte doucement. Elle est bien consciente qu'elle prend un risque. Avec ces deux-là, tout est possible. Elle a autant de chance de les découvrir raides morts, qu'imbriqués l'un dans l'autre. Les probabilités sont égales.

Elle passe sa tête curieuse dans l'entrebâillement et manque tomber à la renverse quand le battant s'ouvre en grand, de manière assez brutale.

– Nonna... Ne me refais jamais ça... dit Galeazzo avec un air revêche.

Gianna ne se démonte pas. Elle a résisté à bien pire que son petit-fils, même en colère !

– Dis donc, Azzo ! C'est comme ça que tu parles à ta nonna ! Quel manque de respect ! Tu m'as réparé mon lustre au moins ? attaque-t-elle en entrant sans vergogne dans le salon.

Le jeune homme éclate de rire, tandis que Gianna cherche Céleste des yeux. Elle la trouve adossée à la rambarde du balcon avec un petit sourire en coin. Vu l'effroyable état de sa coiffure, il a dû se passer autre chose ici que du simple remplacement d'ampoules électriques.

– Je vois que vous avez enfin réglé quelques-uns de vos problèmes... dit-elle avec un sourire triomphal en se tournant vers Azzo. C'est pas trop tôt !

– C'est bon, nonna.... Mais tes manières...

– Mes manières... Ça ne compte pas. Ce qui compte, c'est le résultat ! Et le résultat est là !

– De quoi vous parlez ? demande alors une voix en provenance du couloir.

Pia est à la porte. Petrus est derrière elle. Et il éclate de rire en entrant à sa suite.

Tout le monde le fixe étonné, attendant de comprendre pourquoi le grec rit ainsi. Il montre alors le torse d'Azzo. Sa chemise a été mal reboutonnée en bas. Effectivement, il n'y a pas eu que des ampoules électriques de changées...


Pia s'abstient de tout commentaire jusqu'au départ de son frère, mais elle meurt de curiosité. Elle épie les amoureux depuis sa fenêtre. Céleste a accompagné Azzo jusqu'à sa voiture, mais on voit bien qu'ils sont intimidés l'un par l'autre. Ils n'ont pas encore eu l'intimité suffisante pour combler l'espace qui reste entre eux. Pia sourit. Ça viendra.

Giuseppe avait raison depuis le début. Ces deux-là sont fous l'un de l'autre. Ça lui saute aux yeux maintenant. Et vu leur caractère respectif, ça risque de faire des étincelles. Au moins autant qu'avant qu'ils ne cèdent l'un à l'autre, voire beaucoup plus. Mais Olimpia est contente. Elle aime beaucoup Céleste, malgré ses fantaisies vestimentaires et sa conscience démesurée de l'injustice sociale du monde qui l'entoure. À cause de ça, aussi. Elle fera une belle-sœur tout à fait convenable, n'en déplaise à son père. Parce qu'Alessandro va faire une jaunisse ! C'est tout à fait sûr !

Heureusement Gianna veillera au grain. Elle est l'étrange ange gardien de cette étonnante aventure amoureuse. Alors, il est peu probable qu'elle laisse qui que ce soit la gâcher.


La voiture d'Azzo démarre enfin. Céleste se retourne. Ce sourire qui illumine son visage ! Olimpia a su dès le départ qu'il allait faire des ravages !


– Alors, Mlle Melville ! On se dévergonde avec mon frère aîné ? attaque-t-elle dès que la française est entrée dans sa chambre.

– C'est ... un peu plus compliqué que ça...

– Tu ne crois pas t'en sortir aussi facilement, quand même ?

– Je te dirai des choses, si tu me dis ce qui s'est passé avec Petrus. Il n'avait pas l'air malheureux à votre retour. Je croyais que tu allais le lâcher ?

Olimpia se mord la lèvre. Effectivement, ça ne s'est pas du tout passé comme prévu avec Petrus. Elle, si sûre de sa méthode ! Elle, si sûre de jouer avec le feu sans se brûler ! Et bien, elle s'est faite rattraper par ses sentiments. Petrus est amoureux d'elle. Et elle de lui. Elle a le cœur brisé à l'idée de son départ dans quelques jours. Elle le cache, mais elle n'en mène pas large.

– Je ne peux pas. Petrus... il est... comme le sommet d'une montagne que l'on vient de gravir. On admire le paysage de si haut, et c'est si spectaculaire, que l'on a pas envie de redescendre.

– Drôle d'image. Mais je trouve qu'elle va bien à Petrus. C'est un homme de pierre et de sommet...

– Je crois que je...

– Tu l'aimes ! C'est vrai ! s'exclame spontanément Céleste en sautant sur Olimpia pour l'enlacer.

Non seulement elle se réjouit de ce revirement de situation, mais elle est heureuse de pouvoir partager son état d'euphorie avec une autre personne. Et aussi, de trouver une diversion aussi facilement. Ce qui vient de se passer avec Galeazzo n'appartient qu'à elle. Elle n'est pas encore prête à le partager.

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant