40/ Ne pas reconnaitre l'amour

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Gianna arrivant sur ces entrefaites, Céleste n'a pas le temps de lui demander ce qu'il entend avec sa dernière phrase. En même temps, la réponse l'aurait sans doute entraînée vers une autre dispute à n'en pas douter. Parce que ses paroles sous-entendent clairement qu'ils sont encore en compte, et que la dernière scène est presque entièrement de sa faute à elle. Il a vraiment le don de tout gâcher.


– Tu cherches les ennuis, Azzo !

– Je ne vois pas de quoi tu parles, nonna, répond le jeune homme d'un ton innocent, en continuant à fixer la route.

Il revoit parfaitement le dernier regard de Céleste. Un brin agacé par ce qu'il venait de dire, mais empêchée de répliquer par l'arrivée de Gianna.

– Tu me l'as encore mise en colère... C'est bien la peine que je me donne tant de mal !

– Ah ! C'est bien ce que je pensais ! Le coup de l'amie que tu vas voir justement quand je viens te chercher ! C'était petit, nonna !

– C'était extrêmement bien pensé, jeune homme !

– Tu parles ! Elle a failli avoir une crise cardiaque et a cassé son téléphone.

– Bah ! Qu'est-ce que c'est qu'un téléphone ! Ça se remplace !

– Elle n'est pas de cet avis !

– Comment ça ?

– Elle ne veut rien accepter de moi...

– Bah ! Ça aussi, c'est rien ! À moi, elle ne refuse rien ! Je demanderai à Giù d'en trouver un, et je lui donnerai.

– Non. C'est moi qui dois lui donner.

– Si elle ne le garde pas, tu seras bien malin !

– Et ce sera entièrement de ta faute, nonna !

– Ah ! Cavolo ! Si tu ne sais pas y faire avec elle, ça n'est pas de ma faute ! Faut-il que tu sois mal embouché pour ne pas arriver à la faire sourire !

– C'est que je ne veux pas qu'elle sourit, nonna.

– Quoi ? Stupido !

– Tu ne sais pas ce que ça me fait, nonna. C'est trop dur.

Gianna observe son petit-fils de ses petits yeux malicieux.

– Alors, tu as compris, finalement.

– Qu'est-ce que j'ai compris, nonna ?

– Qu'elle était pour toi, cette fille-là !

– Je ne crois pas. Elle m'énerve prodigieusement, s'habille avec les fond de malle d'un clown, et je crois que j'aime beaucoup trop la mettre en colère, dit-il en souriant.

C'était exactement ça. Il avait envie de se battre avec Céleste. Il avait envie de la prendre dans ses bras et la faire taire avec un baiser. Il avait envie... de faire bien des choses avec cette fille-là. Des choses qu'il n'admettrait certainement pas devant nonna.

– C'est parce qu'elle n'est pas comme toutes ces dindes que tu nous infliges depuis plusieurs années.

– Ces dindes, comme tu les appelles, ont toutes un parfait pedigree approuvé par ton fils, je te signale.

– Ah ! Ça ! Est-ce que tu ferais confiance à Giuseppe pour te trouver une femme !!! Et tu peux compter sur ton père pour ne choisir que des intérêts financiers ! Depuis que ta mère est morte, il a une pierre à la place du cœur !

– Il pense encore à elle.

– Nous pensons tous encore à elle, Azzo. Une femme comme elle, laisse sa marque. Mais ça ne justifie pas qu'il te prive de trouver l'amour comme lui l'a fait.

– Il ne me prive de rien, nonna. L'amour n'a pas encore croisé mon chemin, c'est tout.

– Et Céleste ? Elle compte pour rien, peut-être !!

– Nonna... Céleste n'a aucun sentiment pour moi. Elle est la petite amie de Giù...

– Mais che cavolo ! Giù et elle sont amis !!! C'est tout ! Si elle avait été sa petite-amie, tu crois qu'il t'aurait laissé l'amener au palazzo ou la ramener à Sienne ? Tu crois qu'il ne vous serait pas rentré dedans après tes remarques et celles de ton père ! Allons ! Il sait que Céleste n'est pas pour lui. Ils s'amusent ensemble ! Ils jouent une partition sans conséquence. Et surtout, lui s'amuse à te voir si empoté avec elle.

– Giuseppe n'est pas son petit-ami...

– Non, cavolo... Je me demande pourquoi je me décarcasse autant pour toi ! Finalement, Il vaudrait mieux que Giù tombe amoureux d'elle. Lui sait y faire. Il la fait sourire tout le temps.

– Giù lui briserait le cœur.

– Qui te dit que ce n'est pas elle qui le lui briserait ? Tu es bien le seul à ne pas voir qu'elle est magnifique !

– Magnifique ??? Mais enfin, nonna, on dirait une gamine qui a arrêté de poussé trop tôt en oubliant le reste. Si elle avait les cheveux courts on pourrait croire à un garçon ! Magnifique ? Francesca est magnifique ! Céleste est...

Il revoit la jeune fille dans sa chambre, juste vêtue de sa chemise et de ses chaussettes. Les cheveux lâchés. Les yeux d'argent... il frémit. Il n'a pas besoin qu'elle soit magnifique. Elle est déjà parfaite, même s'il ne le reconnaîtra pas devant nonna.


Gianna croise les bras sur sa poitrine. Que peut-on répondre à un idiot de mâle qui ne juge les femmes que sur leur perfection physique. Décidément Azzo a encore du chemin à faire !

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant