Chapitre 11 : obstacles

22 6 1
                                    

« Eh bien ? Qu'a-t-elle raconté de beau ? »

L'homme masqué est planté au milieu du chemin à trois mètres distance de Denki, ses ailes légèrement déployées pour barrer implicitement la route au blond, sans se départir de son attitude nonchalante.

« Quoi ? Pourquoi ce regard ? » ajoute-t-il, devant l'expression fermée de l'Oni.

« Elle n'a rien dit qui te concerne. » Réponds Denki, glacial, avant de reprendre sa marche, bousculant sans ménagement l'autre au passage.

Pourtant, celui-ci ne s'en formalise pas. À la place, il commence à énumérer d'un ton doucereux :

« Une humaine a traversé la Forêt et a réussi à arriver jusqu'ici. Pire, elle a, à elle seule, mis hors de lui ton Roi. Comment cela pourrait-il ne pas me concerner ? »

Denki se fige, tandis qu'il serre les poings à se planter les ongles dans les paumes.

Il garde un instant le silence, sans se retourner, puis finit par demander, une nette note menaçante dans la voix :

« Je ne vois rien qui te concerne là dedans, non. Où veux-tu en venir ? »

« Le Roi Bestial a passé un accord avec le mien : il est censé être le garant de la frontière avec les Nouvelles-terres. Or, c'est bien de là-bas qu'elle vient, n'est-ce pas ? Je suis ici par ordre de mon maître, afin de m'assurer de l'équilibre. Cet accord a-t-il été rompu ? Et pourquoi ? ...Et est-ce le seul à l'avoir été ? »

Le bruit de la foudre qui tombe quelque part résonne à travers les montagnes environnantes.

« Avec tout le respect que j'ai pour lui, le Roi de la Nuit devrait se mêler de ses oignons. Si Katsuki l'a, effectivement, laissé passer, c'est pour une bonne raison... »

« Et puis-je savoir laquelle ? »

« Encore une fois : ça ne te regarde pas. »

C'est sur ces paroles peu amènes qu'il abandonne l'homme-masqué.

Celui-ci soupir, sans se préoccuper que l'Oni est désormais bien trop loin pour l'entendre.

« Dieux... Que vous ai-je fait pour mériter ça, sérieusement ? ...Mmm... Je préférais le temps où nous travaillons à deux. »


*

De retour au palais niché dans les entrailles du volcan, Denki observe son roi, occupé à massacrer à coup de kanabō des mannequins d'entraînement.

Le pas feutré des pieds nus d'Eri se fait entendre, avant qu'elle ne s'arrête à côté de son ainé.

« ...Comment va-t-il ? »

« Le cratère a enfin arrêté de cracher de la lave et de fumer. Il va mieux. Mais... »

« Mais ce n'est pas encore ça. »

« Exacte. »

Ils l'observent en silence encore un temps, avant que Denki ne lâche :

« L'autre emplumé commence à poser problème. »

« Ah oui ? »

« Les Rois s'étaient mis d'accord pour ne pas interférer avec le domaine des autres... Or c'est ce qu'il veut : se mêler de nos affaires. »

« Mais nous n'avons pas le pouvoir de lui ordonner de partir. Il faudrait que ce soit Eijiro qui le fasse... »

« Ce qu'il ne fera pas tant qu'il ne se sera pas calmé. »

« Comment ça s'est passé avec la fille ? »

Pendant tout le temps que dure le long compte-rendu du blond sur ce qu'Ochaco lui a révélé, ni l'un ni l'autre ne quitte des yeux leur souverain.

Quand Denki se tait enfin, la petite Oni pousse un profond soupir où pointe l'agacement.

« ...La descendante du Bestial... Quelle guigne. »

« Ouais. Il ne manquerait plus que les rebelles s'en mêlent pour compléter ce tableau de merdes. »

Eri n'ajoute rien.

En revanche, elle tourne les talons, vite avalée par l'obscurité des couloirs de la forteresse.

Denki la regarde partir du coin de l'œil, puis reporte son attention sur son Roi, toujours occupé à son massacre.

Le blond grimace.

« ...Vraiment une pourriture. » Souffle-t-il, pendant que sa main se porte inconsciemment à son ventre, là où une vieille cicatrice se trouve.

Mais d'un coup, le Roi de la Colère s'interrompt en plein mouvement, tandis que sa tête se tourne vers quelque chose et son langage corporel traduit une écoute silencieuse.

« Quoi encore ? » marmonne le blond devant ce comportement pour le moins étrange.


*

À Melessia, ce même énorme prédateur qui avait fait si peur à Ochaco, Tsuyu et leur Vazours deux jours plus tôt, fourre un rongeur dans sa grande gueule. La pauvre bête se fait mâcher avec application par la Créature alors que celle-ci balaie paresseusement le paysage de ses petits yeux.

Mais soudain, il quitte sa position détendue pour une bien plus sur la défensive.

Puis en un éclair il s'effondre, terrassé alors qu'il n'a même pas été touché.

Son agresseur, quant à lui, le dépasse, sans lui accorder un regard.

Puis les mâchoires de la bête s'entrouvre, avant que des paroles commencent à s'en échapper.

L'ère des maudits - 2 - le Roi de la colèreΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα