Chapitre 15 : intrusions

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Le Roi de la Colère se tient assis à même le sol, au milieu des décombres de maisons ravagées.

Une odeur de cendre et de sang flotte dans l'air.

Derrière lui, je vois Denki qui observe les dégâts, les sourcils froncés par une visible incrédulité.

« Eijiro... Que s'est-il passé ? »

« ...Une coalition a attaqué. Mené par le Shogun. »

« Quoi ? Mais... pourquoi ? Nous sommes un village pacifique ! Nous ne sommes que des forgerons... »

« Et cet endroit est notre patrie à tous deux. »

« Que... que veux-tu dire... ? »

« Ils ont appris pour ce qui s'est passé dans la Forêt. Ils ont appris pour la force que nous possédions... Ils ont appris pour toi. »

Le visage du blond se vide de toute couleur.

« Eijiro... »

L'intéressé se relève, son arme à la main, avant de regarder son comparse avec une lassitude infinie dans les yeux.

« Puisqu'il s'agit du seul langage qui leur parle... je suppose qu'il ne me reste plus qu'à leur déclarer la guerre... La vraie guerre. »

La scène est brisée par une succession d'images rapides de violences et de sang d'une telle intensité que mon pauvre cerveau ne réussit pas à en saisir toute l'ampleur.

La seule chose que je parviens à réellement comprendre, c'est que le Roi en est l'absolu unique responsable.

Un sentiment d'immense tristesse, que je devine ne pas m'appartenir, me contamine.

Puis les flashs s'interrompent, laissant place à une nouvelle scène.

Denki marche à pas lent dans de ce qui me semble être un palais, au détail que les murs et le sol présentent les stigmates d'un terrible affrontement dont l'origine me paraît évidente.

Le blond passe une porte, entrant dans une chambre luxueuse, de ce qui devait être un enfant, au vu du mobilier.

Il porte un regard circulaire sur les lieux, épargnés par le combat, jusqu'à tomber sur une armoire entrouverte d'où s'échappent de petits bruits faibles.

Il tend la main, mais est interrompu par un le grincement de pas lourd sur le parquet hors de la pièce.

Vif comme l'éclair, il repousse le panneau de bois, étouffant les bruits.

« ...Tu as fini, Eijiro ? »

« Ouais. Le Shogun est mort. Comme tous les chefs de clans. »

« Ainsi que leurs familles ? »

« Évidemment. »

Le blond continu à tourner le dos à son maître et ami. Comportement que, pour une quelconque raison, j'imite, refusant de regarder le Roi.

...Peut-être à cause des volutes d'odeurs métalliques et agressives qui parviennent à mon nez...

« Je vais offrir la possibilité de devenir des Onis à quelques gardes pas trop idiots... histoire de grossir nos rangs. Tu viens ? »

« Pars devant... Je te rejoins. »

Un court instant passe, chargé de quelque chose que je sens ne pas comprendre, puis le pas lourd s'éloigne.

L'ère des maudits - 2 - le Roi de la colèreWhere stories live. Discover now