Chapitre 20 : de la colère à la nuit

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Dans un imposant salon du palais du Roi de la Colère, une rencontre gorgée de tensions se tient.

« ...Non. Vraiment. Je ne vois pas pourquoi j'accepterais ça. » grogne Katsuki, les nerfs à fleur de peau, approuvé par une moue approbatrice d'Eijiro.

Eri, caché derrière le masque d'Hannya, soupire bruyamment, au grand énervement du Bestial.

« Que ça vous plaise ou non, c'est la meilleure option que vous ayez. »

Elle pose ses mains sur l'épaule de Tsuyu et d'une Kyoka qui a l'air de se demander ce qu'elle fait là, alors qu'elle continue :

« Vous rendre vous-même sur le territoire du Roi de la Nuit est une très mauvaise idée, qui ne pourra qu'avoir des répercussions dramatiques ! Envoyer ces jeunes filles, afin de mener une opération discrète, est une bien meilleur alternative... Estimez-vous déjà heureux que les rebelles aient accepté de vous venir en aide. »

Katsuki la dévisage sans rien dire, bouillonnant de frustration, mais il garde cependant le silence.

C'est ce moment que choisit Eijiro pour intervenir, posé en comparaison de son ami, aux antipodes de son titre de Roi de la Colère :

« J'ai deux questions. »

« Lesquelles ? »

« D'abord : pourquoi cette fille ? »

Il désigne Kyoka qui lui répond d'une œillade défiante, camouflant assez vainement sa frayeur d'être face à ce duo de semi-dieu.

Hannya vole heureusement à son secours, répondant à sa place :

« Elle est la plus à la fois débrouillarde, discrète et ouverte d'esprit de notre groupe... Je ne m'en sépare temporairement, que parce que vous avez accepté de négocier avec nous pour l'avenir. »

Ces compliments font, évidemment, fortement rougir de fierté la jeune fille !

« Quelle est votre deuxième question ? »

Le Roi abaisse alors ses yeux magma sur Tsuyu, qui ne peut réprimer un petit mouvement de recul.

« Toi... Tu peux passer, aux yeux des humains, comme l'une des leurs. Tu peux même faire illusion auprès d'un Maudit lambda. En revanche, tu te feras percer à jour très facilement par un Maudit de plus hauts rangs. Comment peux-tu penser pouvoir passer inaperçue ? »

La fille-grenouille inspire alors profondément, avant de souffler lentement, comme pour se donner du courage.

Elle se tourne vers son propre Roi, une froide détermination dans le fond de ses yeux.

« Retirez-moi votre bénédiction, je vous prie. »

Le Bestial arque un sourcil dans un mouvement infini, un peu perplexe.

« ...Es-tu certaine ? Cela serait effectivement une solution... Cependant, c'est sensé être une punition, à la base. Tu vas avoir vraiment très mal. Bien sûr, je pourrais te la restituer ensuite, mais... »

« Je suis prête à le subir. »

Elle est terrorisée. Mais elle brave sa peur, pour son amie.

Le regard du Bestial se fait juste un peu plus perçant.

L'instant d'après, Tsuyu est pris de spasme, alors que sa bouche s'ouvre sous une douleur qu'elle ne parvient pas à sonoriser !

Elle alterne entre de violents tremblements et d'intolérables crispations !

Quand son corps se relâche enfin, elle sue à grosses gouttes.

Mais son reflet qu'elle rencontre dans le verre noir de la table devant elle, est bel et bien celui d'une humaine.

Sa bouche est moins large, ses yeux moins grands, ses cheveux ont perdu de leurs nuances vertes, et son visage lui paraît moins rond...

« Bonne chance. » Gronde son Roi, une note menaçante dans la voix.


*

Bien loin des montagnes du Roi de la Colère, quelque part, se trouve une longue pièce presque intégralement plongée dans l'obscurité.

Les seules sources de lumière sont les myriades de bougies autour de l'autel, devant lequel est agenouillé un homme, les mains jointes en prières.

Au-dessus de lui, une cour de corbeaux est perchée sur les poutres, mouchetant les ombres de leurs cent yeux rouges.

Les gonds parfaitement huilés de la porte d'entré, tournent sans émettre un son.

Une fille blonde avance d'un pas sautillant dans l'allée de la petite chapelle, fredonnant.

Elle fait mine d'ouvrir la bouche pour parler, mais un homme aussi filiforme que son visage est creusé apparaît brusquement à côté d'elle, portant un doigt à ses lèvres.

« Le seigneur n'a pas fini. Attends. »

Mais l'autre l'ignore :

« Keigo est sur le chemin du retour ! Et il ramène la fille dont il a parlé dans son dernier message ! »

Après un temps, leur maître se redresse lentement, réajustant sans y penser son col de chemise...

« Très bien. Que quelqu'un lui prépare une chambre d'invité. »

Puis il se tourne vers l'homme mince.

« Tu l'interrogeras une fois qu'elle se sera remise du trajet et que tu auras recueilli le rapport de Keigo. »

L'intéressé s'incline.

« Ce sera fait. »

« Et moi ? Je fais quoi ? » questionne joyeusement la fille.

« Toi... tu le prends avec toi. » il désigne le dernier présent, qui ronfle sur l'un des bancs, « Et vous allez descendre en ville. Les Guetteurs nous ont signalé une nouvelle apparition du Chasseur. Prenez quelques Marionnettes avec vous. »

Sans cesser de sourire, la blonde met un coup sur la tête de l'endormi, le réveillant en sursaut, puis ils quittent la pièce ensemble.

Leur souverain reste ainsi seul dans la chapelle, avec les corbeaux comme unique réelle compagnie.

« ...On se connaît depuis combien de temps tout les deux ? Plus de 400 ans. Je sais que tu n'es pas un idiot qui agit sans réfléchir, quoi qu'on puisse croire. Alors qu'est-ce qui justifie ce comportement, Kats' ? »

Méditatif, il vient se poster près de l'impressionnant vitrail à l'extrémité de la pièce.

Même si ce sera dans le cadre de ses fonctions de responsable de la justice, il a hâte d'entendre parler de son compagnon cendré...

Après tout, aussi houleuse que puisse parfois être sa relation avec le surnommé Roi Bestial, ils étaient frères d'armes.

Derrière lui, son ombre, projetée par les bougies, arbore une forme ailée bien trop immense pour sa taille.



Intervention de l'auteur :

C'est là-dessus que ce termine le deuxième tome !  Yeah !

Les choses se sont précisées. Même si ça a été beaucoup à demi-mots, plusieurs mystères ont trouvé leurs réponses... Mais se sont, bien sûr, rajoutés de nouveaux questionnements ! Sinon ça ne serait pas drôle...

Bien que nous soyons à la moitié de la quadrilogie, je pense que nous ne sommes qu'à un tiers de l'intrigue... Mais on va assurément passer à la vitesse supérieure désormais.

Au passage, je serais bien curieux de connaitre vos avis, vos critiques, vos suppositions... Je suis preneur de tout !

À je sais pas quand, pour la suite (ça va sans conteste me prendre plus de temps, surtout que j'ai d'autres projets qui ont vu le jour...) !

L'ère des maudits - 2 - le Roi de la colèreWhere stories live. Discover now