Chapitre 12 : « Pas tant que je serais là. »

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Assise en tailleur, je force mon esprit à se concentrer sur ma respiration que je m'applique à garder régulière, malgré la chaleur de ma cellule.

Je dois entrer dans un état de paix intérieure.

Les goûtes de sueurs qui coulent de mon front et dans mon dos ne sont rien.

Denki ne sera pas mon ennemi, mais mon allier.

Mon emprisonnement n'est que temporaire.

Tsuyu va bien, où qu'elle soit.

Inspiration...

Expiration...

Inspiration...

Expiration...

Calme.

J'y suis.

La paix.

Provisoire, mais la paix...

Je suis calme.

Bien.

Voilà...

Il est temps de dompter mon satané lien avec la Trame.

J'ai déjà réussi à avoir des visions incontrôlées sans avoir à effectuer un contact physique, après tout !

Mon ancêtre semblait en être capable et même entrevoir l'avenir...

Si elle l'a pu, je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas à ma portée !

Et sans avoir recoure à l'aide d'un dieu dégueulasse, ce coup-ci !

Un peu de concentration et du calme, voilà tout ce dont je dois avoir besoin.

...

Ma vue se trouble...

Un champ de bataille mort.

Où que ma vision se tourne, je ne vois que les restes d'un véritable massacre.

Et face à moi, à une dizaine de mètres, une forme humaine qui traîne des pieds, alors qu'elle avance vers moi, comme un somnambule.

On dirait... oui, c'est bien lui ! C'est le Roi de la colère. Ses cheveux sont poisseux de sangs, son torse n'est protégé par rien, ce qui me laisse une vue sur sa peau à vif et aux angles hideux qui laissent imaginer son squelette en souffrance.

Ses poings sont crispés, alors qu'il boxe régulièrement le vide, geste qui est lent et tremblant, témoin d'un épuisement manifeste.

Chaque pas paraît le faire endurer un horrible calvaire, mais il continus.

Mais plus que tout, c'est son visage qui m'effraie : sa bouche est figée en un rictus haineux et ses yeux sont révulsés dans leurs orbites.

Il n'est même pas conscient.

Il n'est qu'un monstre violent qui se bat en pilote automatique.

« Arrête-toi, Eijiro. Il n'est pas trop tard. »

Le Roi s'interrompt à l'écoute de cette voix grondante dont je ne parviens pas à situer l'origine... C'est comme si elle avait surgi de partout et nulle part à la fois.

« Si tu te dépêches, tu peux encore faire quelque chose. »

« ...Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant ? » La voix du Roi se résume à un râle de mourant.

« Car seule la guerre m'intéresse. Or elle vivra, tant que tu vivras. »

« ...Je vois... Pourriture... »

L'ère des maudits - 2 - le Roi de la colèreWhere stories live. Discover now