Premier contact

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JAYKE

Je m’installe à la première table libre dans le laboratoire. Sarah et Emi se sont installées l’une à côté de l’autre, au fond de la pièce, tout en continuant leur conversation de filles. Ca m’a fait de la peine d’avoir aperçu de la tristesse dans ses yeux quand elle nous a révélé être souvent seule. J’ai envie de lui dire que ça va aller et que  je la comprends parfaitement. Je ne sais que trop bien, ce qu’est la souffrance d’être seul. J’espère renouer ce lien d’amitié qui nous unissait auparavant pour que plus jamais elle ne ressente de la solitude. Je veux être là pour elle, comme l’ami que j’étais dans le passé.
Notre professeur Monsieur Miller me sort de ma torpeur en arrivant à toute jambe dans la salle. C’est un homme petit, rondouillet et toujours pressé.
— Bonjour à tous ! Aujourd'hui nous allons faire des expériences à l'aide d'eau oxygénée catalysée par la platine et également d'ions ferriques. Pour cela, vous allez vous mettre par deux.
Il sort une boite contenant des morceaux de papiers.
— Vous allez piocher à tour de rôle le prénom de votre équipier. Et vous garderez le même pour monter un nouveau projet. Je précise au passage que la note attribuée à votre exposé comptera pour votre diplôme, de quoi ne pas se louper, nous dit-il amusé.
Super ! J’espère tomber sur quelqu'un de bosseur. Je ne veux pas être le seul à me creuser la tête et à faire tout le travail.

Les élèves ayant pioché, se placent immédiatement près de leur partenaire. C’est à mon tour de prendre un bout de papier. Je le déplie et instinctivement un sourire se dessine sur mon visage.
Jackpot ! Je me lève et me dirige vers sa table, confiant.
— On dirait que le destin s’obstine à nous voir ensemble, lui dis-je, sourire au coin.
Elle relève ses yeux noisette vers moi. Une étincelle d'amusement éclaire son visage.
— Oui, on dirait bien, rigole Emi.
Je m’installe prêt d’elle. Sarah ayant déjà rejoint une fille de notre classe.
— Pas trop déçu j’espère ? en lui demandant attentivement.
— Tant que tu travailles correctement, je n'ai rien à redire, répond-t-elle, sérieusement avec une pointe de malice.
Elle me fait beaucoup rire, avec son petit air de fille taquine mais timide. Dans ces moments-là, j’ai l’impression de retrouver l’ancienne Emi.
— Au moins, tu ne seras plus obligée de me mater de loin, la taquinais-je en rigolant.
Elle me regarde abasourdie et scandalisée par ce que je viens de lui dire.
— Je-je ne te mate pas, bégaie-t-elle, les joues empourprées.
Le prof approche pour nous déposer le matériel sur notre table et nous demande de suivre les instructions écrites sur le tableau.
J'installe le matos et elle me file un coup de main.
— La dernière fois, je ne te matais pas. J'étais juste perdue dans mes pensées.
Elle chuchote cette phrase tellement doucement, que j’ai dû tendre l’oreille pour l’entendre.
— Donc, tu es en train de me dire que tu es souvent dans tes pensées ?
Je la regarde fier de ma réplique, tout en continuant à l’asticoter et à me marrer.
Certains élèves se retournent pour savoir ce qui me fait tant rire et reprennent ensuite leur tâche.
— Je te signale que toi aussi tu me fixes, me dit-elle sur un ton de défi.
Alors, je me rapproche d'elle, posant nonchalamment mon coude sur la table, appuyant mon menton dans le creux de ma main.
— Et alors ?
Je réponds à son attaque, observant ses moindres expressions. Son teint devient des plus rouges. Ne sachant pas quoi répondre, elle change de sujet et me tend un bocal.
— On devrait préparer les produits.
Nous commençons alors, par mélanger la solution de peroxyde d'hydrogène avec un fil et un disque de platine. Et le posons sur la plaque chauffante tout en surveillant la température.
Je décide de l’embêter encore un peu. Pas de bol pour elle. Ses réactions sont tellement prévisibles et amusantes que ça rend le cours plus stimulant. Et à vrai dire, cela fait tellement longtemps que je n’ai pas rigolé autant.
— Tu sais que, … tu es mignonne quand tu es concentrée.
Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je lui dise ça, car elle lâche le bocal qu'elle tenait dans ses mains.
— Oh non ! s’écrit-elle.
Tout le monde se retourne vers Emi. Elle se dépêche d'enlever sa blouse qui est imbibée de produit. Je l’aide alors, à ramasser les bouts de verre du bocal qui sont éclatés un peu partout sur la table.
— Mince, mon chemisier…
C’est alors, qu’elle entreprend d’enlever son haut. Laissant voir un débardeur clair, qui lui moule le corps à la perfection. Montrant à tous, et à moi-même, ses formes féminines qu’elle cachait jusque là. Je suis tellement surpris, que je reste figé sur place à la regarder.
Quelques mecs commencent à la siffler. La vue est un vrai plaisir pour les yeux de tous les gars de la classe. Mais je vois bien qu'elle est gênée par la situation et les regards des autres. Elle ne sait plus où se mettre. Et voir mon amie en mauvaise posture, m’agace fortement. Alors je me rapproche d'elle et j’essaie tant bien que mal de la dissimuler avec mon corps. J’en profite pour lui tendre mon sweat pour qu'elle se couvre. Elle me regarde un instant et me remercie en l'enfilant.
— Regardez ailleurs ! Ordonnais-je à l’ensemble de la classe et aidé par le professeur qui réclame à nouveau le silence et la concentration.
Emi en profite pour lui demander si elle peut aller aux toilettes se nettoyer. Il hoche alors la tête pour l'y autoriser. Elle se dépêche donc, de sortir du labo sous les yeux de nos camarades.

EMI

Dans les toilettes, j'essaie de nettoyer et rincer mon chemiser tâché de produit.
— C'est sa faute ! dis-je à voix haute, énervée.
C'est vrai, non? Jamais je n’aurai commis une telle bêtise s’il ne m'avait pas charrié. Qu'est-ce qui lui prend de me dire ça ?
Mais en même temps, il a été très gentil et prévenant de m'avoir passé son sweat et d'avoir fait barrage au regard des autres. Je suis totalement confuse de ce qui vient de se produire.
Je sèche mon chemisier sous le sèche-mains. Et une fois qu'il est quasi sec, j’enlève le sweat de Jayke pour remettre mon haut. Son sweat dégage une odeur boisée et virile, très agréable pour les sens. Je me dépêche de partir rejoindre la classe avant que l'heure ne s’écoule.
Je m’installe à ma place discrètement et croise le regard de certains garçons qui m'examinent avec un peu trop d'insistance à mon goût. Jayke, quand à lui, est concentré sur sa fiche. Est-il gêné par la situation ? Je décide alors, de reprendre mon travail.
— Est-ce que ça va? me demande-t-il.
Je continue de fixer ma feuille devant moi tout en lui répondant.
— Oui, ça va, merci.
— Tu es sûr ?
Je soupire alors, d’agacement.
— A part que ça t'amuse de jouer avec mes réactions. Mais sinon ça va.
Mon ton devient sec et distant.
Quelques secondes s'écoulent avant qu'il me réponde de nouveau. Il me touche alors, le bras. Ce qui me force à le regarder droit dans les yeux.
— Je suis désolé si je t'ai blessée. Ce n'était pas mon attention.

Son regard est doux et sincère. Je n’arrive pas à lui en vouloir davantage et acquiesce de la tête pour lui signifier que je le pardonne.
Je détache mon regard du sien pour prendre son sweat dans ma main et lui rendre.
— Tiens. Merci de me l'avoir prêté, lui souriais-je timidement.
— Je t’en prie.
Nous reprenons notre sérieux et terminons notre expérience en évitant de reparler de la situation gênante que j'ai vécue. Et pour ça, il a toute ma gratitude pour sa délicatesse envers moi.
Le professeur nous demande de ranger le matériel. Puis commence à nous expliquer les différents thèmes à choisir pour les exposer. Jayke et moi, sommes tout de suite d'accord sur le thème que nous voulons aborder.
— Nous choisissons les éclairs et le tonnerre, s’exclame Jayke, directement à Monsieur Miller.
— C'est du rapide. C’est noté pour vous. Ensuite ?
Le professeur s'occupe des autres élèves. Pendant que nous continuons à discuter ensemble.
— Au moins, on a les mêmes goûts niveau physique chimie. On devrait s’en sortir sans problème sur cet exposé.
— Oui, je pense. D'ailleurs il faudra qu'on se cale une heure pour partager nos idées sur le sujet et débuter notre dossier.
— Pas de problème, je te tiens au courant assez vite. Au fait, ça te dirai d’aller te balader demain dans l’après midi ? Si bien sûr, tu n’as rien de prévu. On pourra rattraper le temps perdu. J’aimerai beaucoup retrouver l’Emi d’autrefois. Et puis ça t’évitera de te retrouver encore seule chez toi, dit-il avec un sourire dès plus convaincant.
— Oui, pourquoi pas. Ca serait chouette.
Il attrape mon portable et note dessus son numéro.
— Tiens. Envoie-moi un SMS. Je t’enverrai notre point de rendez-vous pour demain.
La sonnerie retentit.
— Ca marche. On fait comme ça.
Je me lève, rassemble mes affaires et le salut. Prenant la direction de mon arrêt de bus.

Et si c'était lui Där berättelser lever. Upptäck nu