Le coeur a ses raisons que la raison ignore

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Au petit matin, les rayons du soleil caresse ma peau. Un bras lourd est posé sur mon ventre, celui de Jayke. Je l'observe encore endormi. Son visage est paisible, je dirais même qu'il est heureux. Je lève ma main libre pour toucher sa joue de mes bouts de doigts. Mais au moment où je le frôle, ses yeux s'ouvrent, me prenant sur le fait.
Je me ravise à toute vitesse en cachant ma main et me racle alors la gorge.
- Bonjour.
Il me fixe un moment avec son éternel sourire en coin. Une lueur passe dans ses yeux comme si une idée l'avait traversé. Il se redresse un peu, soulevant son bras pour me libérer au passage et s'accouder pour poser sa tête nonchalamment sur sa main
- Bien dormi ?
- Oui, bien et toi ?
- Comme un loir, rigole-t-il.
- Oui j'ai pu constater ça. Après mon claquement de dents, j'ai eu droit à une symphonie de ronflement.
Je le regarde espiègle en me moquant de lui volontairement.
Il tire d'un coup sec mon oreiller pour me frapper la figure avec. Je rie alors de plus belle.
- Ah ouais, c'est comme ça ?
Il soulève la couette et commence à me chatouiller partout. J'essaie tant bien que mal de me défaire de son emprise en le poussant avec mes jambes. Mais il grimpe sur moi en les bloquant au passage pour que j'arrête de me débattre. Et il attrape fermement mes bras en les soulevant au dessus de ma tête.
- On fait moins la maligne comme ça, rigole-t-il.
- Tu ne perds rien pour attendre.
- Oui je sais bien. C'est pour ça que j'en profite.
Il me scrute avec adoration.
- Tu as beau nier tes sentiments. Tes gestes et tes regards me disent tout le contraire. Alors s'il le faut, je te pousserais dans tes retranchements pour t'ouvrir les yeux. Tu as peur de quoi, exactement ? De Sam ou que je t'embrasse à nouveau ?
Il se penche alors vers mon visage en me volant un léger baiser au coin de mes lèvres.
Mes joues s'empourprent. Je perds contenance.
Puis il me souffle à mon oreille délicatement.
- Ce n'est qu'un aperçu.
Ma bouche reste ouverte. Prise au dépourvu, je ne peux qu'afficher un air surpris face à son geste. Mais au fond de moi, mon cœur tambourine à cent à l'heure, réclamant davantage.
Il libère mes bras tout en descendant du lit.
- Allez ! Allons prendre notre petit déjeuner, une longue journée nous attend.
Il me lance un sourire ravageur puis sort de la chambre.
Comment peut- il être si confiant et si serein. Alors que moi je suis entièrement affolée par cette tournure que prend notre amitié.

Arrive l'heure de notre départ vers ce lieu mystérieux. Il me conseille de m'habiller léger vu la chaleur dehors et surtout de mettre une paire de baskets. Je le rejoins à l'extérieur, où il m'attend déjà sur sa bécane en me tendant un casque. J'ai prit l'habitude maintenant d'enfiler correctement celui-ci et de monter sans crainte derrière Jayke en me blottissant contre lui.
Pendant le long parcours, je somnole faiblement mais je me force à rester éveillée. Heureusement, nous finissons par arriver à bon port. Le chemin est désert, il s'arrête près d'une petite clairière où une forêt la surplombe au loin. Je ne sais pas vraiment où nous sommes, rien ne m'est familier.
- J'espère que tu n'es pas un serial killer qui m'entraine dans un endroit inconnu pour finir enterrée sous terre, rigolais-je en descendant de sa moto.
- Si ça avait été le cas, je ne t'aurais pas gardé aussi longtemps en vie, me fait-il en me lançant un clin d'œil.
Nous marchons un moment jusqu'à ce qu'il se retourne et me tende sa main.
- Prends ma main. On va devoir emprunter un chemin étroit et rocheux.
Je lui confie alors celle-ci dans le creux de la sienne. Il m'attire vers lui tout en m'indiquant du doigt la fameuse route à prendre.
Tout le long, je n'arrête pas de cogiter dans ma tête. Depuis hier soir, tout ce mélange. Je ne veux pas franchir les limites mais il m'est impossible d'être loin de lui. Vais-je supporter cette tension entre nous deux ou vais-je littéralement craquer?
Trop obnubilée par mes pensées, je ne fais pas assez attention où je mets les pieds et je finis par trébucher sur une racine d'arbre. Heureusement, Jayke me retient à temps avant que je m'étale de tout mon long sur le sol.

Au bout de plusieurs minutes, le soleil qui avait disparu à cause des grands arbres, réapparait de nouveau devant un magnifique endroit bordé de gros rocher, laissant apparaître des cascades qui ont creusé de superbes piscines naturelles. L'eau est tellement claire que ça en est impressionnant. La vue ainsi que le bruit des cascades est spectaculaire. Je n'avais jamais vu quelques choses d'aussi beau près de chez nous.
- C'est juste splendide cette endroit ! lui confiais-je.
- Oui, c'est vrai. C'est resté comme dans mes souvenirs.
Il montre un air nostalgique à ce paysage. J'observe ses traits qui ont l'air apaisés. C'est vrai qu'il est beau, il dégage un charme fou. En a t-il conscience ? Fait-il cet effet à toutes les filles ?
Il se tourne vers moi et me scrute en se demandant pourquoi je le fixe ainsi.
- Quoi ?
- Non, rien, lui souris-je
Nous posons nos affaires pour nous allonger sur un rocher proche de l'eau.
Jayke sort de son sac de la crème solaire. Il me la tend et j'accepte, essayant maladroitement de m'en badigeonner sur mes épaules et mon haut du dos.
- Attend, je vais t'aider.
Il me prend la bouteille des mains et étale avec douceur la solution sur ma peau. Je décale mes cheveux sur le côté pour lui laisser champs libre.
- Merci. Qui d'autre connaît cette endroit? questionné-je.
- A part toi, personne.
- C'est un honneur alors, rigolé-je.
- Oui, tu es une privilégiée.
Pour aucune vraie raison, mes joues rosissent légèrement. Je me rends compte que j'ai beaucoup de chance d'être la première à qu'il montre cet endroit.
Mais au moment, où je m'y attends le moins, il se défait de son haut suivit du bas.
Oh mon dieu ! Mes yeux restent scotchés sur son corps musclé.
- Mais qu'est-ce que tu fais ?
- Je vais me baigner, tu viens ?
- Tu n'as même pas de maillots de bain. Et moi non plus je te ferais remarquer.
- Et alors ? Rien ne t'empêche de nager en sous-vêtements.
Il se met à courir et plonge dans l'eau.
- Jayke ! crié-je.
Il remonte à la surface et s'approche du bord.
- Ah ! Elle est trop bonne. Tu devrais me rejoindre, me crie-t-il.
- Tu es sérieux ?
- Allez ! Viens ! Profite de ce que la nature a à t'offrir.
Je reste perplexe un moment puis me lève.
- Ça marche, mais retourne toi un instant s'il te plaît.
Il se tourne, le temps que j'abandonne mes baskets et de faire glisser mon short sur le sol. Je préfère garder mon débardeur sur moi car mon soutien gorge n'est pas des plus opaque.

Je m'approche doucement du bord et m'assois en mettant les pieds dans l'eau. Il se retourne et s'approche de moi, me tendant ses bras pour m'aider à le rejoindre.
- Tu veux que je te lâche ?
- Non, non ! Ne me lâche pas, s'il te plaît. Je ne suis pas une très bonne nageuse, expliqué-je.
Il sourit mais ne dit rien.
Nous nous regardons dans le blanc des yeux, plaqués l'un à l'autre.
Puis il me soulève pour me faire valser plus loin. Je refais vite surface en toussant et aveuglée par l'eau qui dégouline de mes cheveux. Je l'entends rigoler puis il m'attire à nouveau vers lui.
- Tu vois, il n'y a rien à craindre. Ici, on a pied.
Alors, j'essaye à mon tour de le faire couler en appuyant sur sa tête mais sans succès. Il rigole de plus belle et je me joins à lui dans un fou rire.
Au bout d'un moment, il reprend son sérieux et me serre contre lui. Il me contemple sérieusement et plus intensément que d'ordinaire.
Comme-ci le temps était suspendu, nous nous détaillons comme au premier jour.
Je ne peux plus résister à cette tentation trop forte. Toutes mes inquiétudes et mes questions se dissipent à l'instant où je décide de l'embrasser.
Mais réalisant ce que je viens de faire, je m'écarte légèrement de lui. Il ne s'attendait sûrement pas à ce que je fasse le premier pas car il me regarde médusé. Au moment où je m'apprête à parler et faire chemin inverse en regrettant mon geste, il glisse ses doigts dans mes cheveux, m'attirant contre ses lèvres douces et sucrées, pour y déposer cette fois-ci, un langoureux baiser.
Celui-ci devient de plus en plus passionné et ardent, comme si on avait attendu ce moment depuis toujours. J'enroule mes jambes autour de ses hanches pour être encore plus proche de lui. Caressant ses cheveux mouillés où des gouttelettes d'eau tombent sur sa clavicule et ses pectoraux.
Nous avons la sensation d'être seuls au monde. Dans une bulle de sérénité.
Et a aucun instant, nous ne cessons de nous embrasser. Comme si on était l'un pour l'autre notre propre oxygène.
Tout en m'entourant davantage de ses grands bras musclés pour me préserver de l'extérieur, je savoure ses baisers chauds et délicats à la fois.
Pourquoi n'ai-je pas succombé bien avant?
Mais je refais surface dans la réalité, poussant Jayke de mes deux mains.
- Je ne peux pas, on ne devrait pas...
- Emi ..., murmure-t-il avec un visage peiné.
- Je ne suis pas ce genre d'amie. J'ai promis à Sam de ne pas la blesser, dis-je en étouffant un sanglot.
Je me détache de ses bras pour revenir vers le bord et remonte à la surface, en essayant tant bien que mal de me rhabiller.
- Attend Emi ...
Il se dépêche de me rejoindre, me prenant les mains.
- Je suis désolé, je ne voulais pas que tu te sentes mal vis a vis de Sam. Mais sache que je ne regrette rien et que j'ai aimé notre étreinte et notre baiser.
- Ca serait te mentir de te dire que j'ai détesté. Mais est ce que ça en vaut vraiment le coup de casser notre amitié ? Il n'y aura plus de retour en arrière. Et je sais bien que tu ne ressens rien vis-à-vis de Sam mais en tant qu'amie, il faut que tu comprennes, que je ne peux pas me permettre de la blesser volontairement pour une amourette de passage.
- C'est ce que je suis pour toi ? Une amourette de passage ?
- Je ne sais pas, je ne sais plus. Pardonne-moi mais je refuse d'être aussi proche de toi.
Il lâche mes mains. Je ne sais que trop bien que je l'ai encore déçu. Mon cœur est déchiré en deux. J'ai besoin de prendre du recul,... loin de Jayke.
- Ramène-moi, s'il te plaît.
Je me dépêche d'attraper mes affaires et de refaire le chemin inverse, évitant au passage de me prendre les pieds dans les racines et les rochers. J'atteins enfin sa moto et attends que mon chauffeur me reconduise chez moi. Je serre ma poitrine, celle-ci me fait terriblement mal.
Tout le long du trajet je me retiens de verser des larmes. Le fait d'être contre lui me fait souffrir car je sais très bien que ça sera la dernière fois.
Il me dépose devant chez moi dans un silence de mort. Une fois descendu de son engin, il m'attrape ma main.
- Je suis tellement désolée ..., murmuré-je.
Je viens poser mon front sur son épaule et lui souffle ces dernières paroles.
- Il serait mieux pour nous deux de ne plus se voir pour l'instant.
Puis je pivote vers ma maison pour franchir ma porte d'entrée.
Je file jusqu'à ma chambre et je m'allonge de tout mon long pour enfin laisser mes larmes couler de mon cœur meurtri.

Et si c'était lui Where stories live. Discover now