Protection

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Je me rends devant l'hôtel de ville, un peu avant l'heure du rendez-vous que Jayke m'a indiqué par message hier soir.


J'ai longuement hésité sur la tenue approprié pour cette sortie. Je me vois mal parcourir la ville avec une tonne de couches de vêtements pour camoufler mon corps avec cette chaleur intenable. Je serai sûrement devenue rouge et dégoulinante au bout de quelques pas. Donc, j'ai opté pour une longue robe légère et cintrée à la taille en libérant mes cheveux ondulés qui tombent en cascades sur mes épaules par la même occasion. Mais je suis restée bloquée un moment en face du miroir pour m'observer. Ai-je raison de m'afficher ainsi ? Le doute s'installe à l'idée d'être encore humiliée. Mais cette fois-ci, Jayke est à mes côtés. Je me sens protégée avec lui et enfin moi-même, habillée ainsi. Après tout, nous ne sommes pas au lycée. Qu'elle est la probabilité qu'on me reconnaisse dans cette foule.


Jayke apparaît au loin, me sortant ainsi de ma réflexion. Je le vois chercher de droite à gauche puis son regard s'arrête net sur moi. Il reste un court instant figé, portant sur moi un regard indescriptible. Puis me rejoint.


- Emi ! Waouh, ca te change d'être habillée comme ça.


Il me fixe de haut en bas, comme-ci il contemplait un paysage éblouissant.


- Merci. Je ne parais pas trop bizarre comme ça ?


- Non, au contraire. Ca te va tellement bien. Mais j'avoue que c'est inhabituel que ça en est, ... perturbant.


Il remarque sûrement ma gêne car il se racle la gorge puis me propose d'avancer pour rejoindre un petit parc tranquille non loin.


On croise beaucoup de familles qui se baladent et qui profitent des rayons du soleil avec leurs enfants.


Jayke s'installe sur un banc blanc qui siège sur le bord de notre chemin près d'un grand chêne. Il m'invite à le rejoindre. Quelques minutes passent avant qu'il reprenne la conversation.



- J'ai beaucoup pensé à toi ses dernières années. En me demandant ce que tu devenais.


- C'est pareil pour moi. Je n'ai jamais compris ton départ précipité. Et mon père ne m'en a jamais reparlé. Parfois quand ca n'allait pas fort, je repensais à nos moments à deux. Ce que tu faisais pour me remonter le moral.


Il s'adosse vers l'avant, les avant-bras posés sur ses cuisses en fixant ses baskets.


- A vrai dire, je ne connais pas la vérité exacte sur notre départ. Je me rappelle juste que mon père avait décidé d'ouvrir sa propre boite sans ton père. Et une dispute à éclaté entre eux. C'est pour ca que je ne t'ai jamais revue car ton père et le mien ont coupé froidement tout lien entre eux.


Sa révélation me perturbe. Jamais mon père ne m'a révélé le pourquoi du comment. Avait-il envisagé une seule seconde que je souffrirais de cet éloignement brutal ?


- En tout cas, je me rappelle de toi, comme une fillette pleurnicheuse et collante, dit-il, en ricanant.


- Tu peux parler ! Tu étais un sale morveux arrogant et casse-cou à tes heures perdues, dis-je, en me moquant de lui.


- Oh, tu vas voir si je suis un sale morveux arrogant !


Il commence à me chatouiller partout. Je glousse de plus belle, ne pouvant plus m'arrêter.


- Je vois que tu es restée chatouilleuse. C'est tout à mon avantage, se moque-t-il.


- S'il te plait. Je t'en supplie. Arrête, dis-je entre deux fous rires.


Je commence à avoir les larmes aux yeux, tordue dans tous les sens pour essayer de me protéger de ses doigts. Puis il cesse à ma demande et reprend son sérieux tout en soupirant.

Et si c'était lui Donde viven las historias. Descúbrelo ahora