5. Lady Anna

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Duntrune, deux jours plus tard.

L'humeur de Cailean était aussi taciturne que la météo quand il arriva à Duntrune Castle. Durant tout le trajet, le ciel des Highlands avait crachoté une pluie fine, et malgré quelques timides apparitions du soleil entre les nuages, la progression avait été difficile. Après un court bivouac en bordure du Loch Melfort, Cailean avait préféré suivre les conseils de Gilroy MacDougall et faire un détour pour rejoindre un chemin caillouteux plutôt que de continuer à couper à travers la lande dont le sol devenait bourbeux. Alors qu'il avait espéré arriver à destination en fin de matinée, il ne passa la herse à la tête de sa troupe qu'en milieu d'après-midi.

Arrivés dans la haute-cour, les guerriers MacDonald furent accueillis par l'un des capitaines du chef MacDougall. Après avoir confié leurs montures aux palefreniers, Cailean, Duncan et Gilroy s'empressèrent de rejoindre le donjon où le chef Iain leur offrit l'hospitalité.

— Je suis heureux de vous accueillir à Duntrune, mes amis ! Venez donc vous réchauffer et vous restaurer !

Tandis que les hommes se regroupaient autour de l'immense cheminée pour se sécher, quelques servantes vinrent garnir une table avec des pichets d'ale, des gobelets et un assortiment de fromage et de viande séchée.

— Cela faisait longtemps, Cailean ! Tu n'étais encore qu'un jeunot la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, déclara Iain MacDougall en lui tapant amicalement sur l'épaule.

— En effet. C'était lors d'un rassemblement à Buchanan Castle, il me semble.

Aye. Ça remonte à six ou sept ans, je pense. C'était lors des fêtes données à l'occasion de la naissance de Walter, le fils du chef. Tu n'étais déjà pas une demi-portion à l'époque, mais je vois que tu as encore grandi et forci.

— L'entraînement endurcit le corps.

— C'est certain. J'ai entendu dire que tu étais devenu un grand guerrier.

— C'est en dessous de la vérité, commenta Duncan. Mon cousin est redoutable avec une claymore.

Après s'être réchauffés, les deux guerriers MacDonald s'installèrent à la table avec Gilroy et Iain MacDougall et les quatre hommes trinquèrent tout en discutant de choses et d'autres. Au bout d'un moment, ne voyant nulle trace de son père ni des hommes de son escorte personnelle, Cailean s'étonna :

— Mon père n'est pas encore entre vos murs ?

Nay. Il a envoyé un éclaireur pour annoncer son arrivée demain. Il aurait dû nous rejoindre hier, mais je suppose qu'il a voulu ménager ma fille. Mon Anna n'est pas habituée aux longues chevauchées, grimaça le chef MacDougall en guise d'excuse.

Préférant éviter toute conversation à propos de la jeune fille, Cailean s'empressa de couper court à l'entrevue. Prétextant des ordres à donner à ses hommes, il quitta la tablée, suivi de près par Duncan. Les deux hommes s'entretinrent pendant quelques minutes avec les guerriers MacDonald, tandis que Gilroy faisait à son chef de clan un compte rendu détaillé de sa gestion de Dunstaffnage.

Cailean et Duncan ne retrouvèrent le chef MacDougall que pour le souper. Ils firent honneur au repas tout en échangeant les dernières nouvelles. Alors que les servantes débarrassaient la table, Iain MacDougall leur demanda d'apporter une bouteille de sa réserve personnelle de whisky. Tout en sirotant l'alcool fort, il évoqua quelques faits notables survenus dans la région, demandant des détails sur les dernières échauffourées ayant eu lieu entre les alliés des MacLeod et ceux des MacKinnon. La soirée était déjà bien avancée lorsqu'il donna un tour plus personnel à la conversation :

L'épouse de la réconciliationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant