6. Discussion père-fils

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Le lendemain, après avoir assisté à la messe avec le reste de la maisonnée, Cailean et Duncan se rendirent sur le champ d'entraînement. Ils y passèrent un long moment à s'affronter ou à observer les autres guerriers. Le repas de la mi-journée était à peine terminé et les tables débarrassées que la cloche d'alarme se fit entendre. Une troupe approchait de Duntrune Castle. Une fois rassuré sur les intentions pacifiques de ses visiteurs, le chef MacDougall fit relever la herse. Cailean et Duncan assistèrent à l'arrivée d'une troupe assez imposante aux couleurs des MacDonald de Clanranald. Le chef venait en tête, accompagné de l'un de ses capitaines, tandis que les autres guerriers entouraient un chariot derrière lequel était attaché un hongre gris pommelé. Les deux chefs se saluèrent en se serrant les avant-bras et échangèrent quelques mots à voix basse. Une fois les salutations terminées, Allan MacDonald rejoignit Cailean et son cousin. Il donna une accolade affectueuse à son fils et à son neveu.

— Content de te voir, fils ! Toi aussi, Duncan.

— Avez-vous fait bon voyage, Père ?

— Il a été plus long que je l'espérais et je ne suis pas fâché d'être arrivé !

— Avez-vous rencontré des difficultés en route ?

— Rien d'insurmontable. Le mauvais temps ne nous a pas facilité les choses et j'avoue que je n'avais pas prévu de devoir convoyer un chariot, mais la jeune Anna n'est pas très à l'aise pour chevaucher sur de longues distances et j'ai dû changer mes plans. Malheureusement le chariot s'est enlisé à plusieurs reprises, ce qui nous a fortement retardés.

D'un léger mouvement de tête, il désigna la jeune fille que le chef MacDougall serrait dans ses bras.

— N'est-elle pas délicieuse ?

Cailean la détailla rapidement. Avec ses longs cheveux châtains raides, ses yeux noisette, ses hanches rondes et sa poitrine opulente, Anna MacDougall ne manquait pas de charmes. Pourtant, il restait insensible à sa vue. Elle n'avait pas le pouvoir de lui mettre le sang en ébullition comme la femme qu'il avait laissée dans son lit quelques jours auparavant.

— J'espère que cette lass suscitera un vif intérêt chez toi...

Sentant que son père faisait déjà des plans d'alliance, Cailean décida de l'arrêter avant qu'il ne s'emballe.

— À ce propos, j'aimerais m'entretenir avec vous, Père.

— Laisse-moi d'abord me rafraîchir et me restaurer.

Il se passa plusieurs heures avant que Cailean ne réussisse à s'isoler avec son père. Entre-temps, Iain MacDougall avait tenu à lui présenter sa fille et les deux chefs avaient incité les jeunes gens à faire plus ample connaissance. Cailean n'avait pu s'y soustraire et s'était donc astreint à soutenir une longue conversation avec la jeune fille. L'entrevue n'avait pas été désagréable, mais l'avait conforté dans l'idée qu'Anna MacDougall ne l'attirait en aucune manière, malgré ses appâts avantageux. C'est presque avec soulagement qu'il rejoignit son père dans sa chambre.

— Alors, de quoi voulais-tu m'entretenir ? commença Allan MacDougall, tout en se servant un verre de whisky.

— Je me doute que vous n'avez pas convoyé Anna MacDougall sans raison et...

Aye. Je pense qu'elle ferait une excellente épouse pour toi et il est bon que tu apprennes à la connaître pour...

Cailean ne laissa pas son père développer davantage ses arguments et le coupa abruptement :

L'épouse de la réconciliationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant