6 - Emmanuel

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Un jour avant l'événement...
Maison de Patricia.

Le radio réveil émit un son insupportable. C'était à l'aide de cette chose qu'elle se réveillait chaque matin, mais aujourd'hui, elle ne pouvait pas le supporter. À vrai dire pendant toute la semaine, elle s'était sentit épuisée. Plus que d'habitude. Elle tâtonna sa table de nuit, et l'éteignit sans même prendre le temps de regarder.

- Suis-je vraiment obligée d'aller travailler ?

Si elle ne le fait pas, personne ne le fera à sa place. Patricia émergea enfin du drap avec colère. Ses cheveux étaient en pagaille, des cernes couvraient la partie inférieure de ses yeux, et elle avait une énorme migraine. Elle s'assit sur le rebord du lit. Pendant cette semaine, Patricia avait beaucoup travaillé. L'affaire du moment concernait un homicide involontaire. Son client Henry Ulysse, un chauffeur de poids lourd a donné la mort, la semaine dernière, à deux étudiants d'une Université à cause de sa négligence. Il s'avère que celui-ci avait ingurgité, juste avant de conduire, un verre de vin rouge. D'après les analyses, le taux d'alcool dans le sang avait longtemps dépassé les 0.5 g d'alcool par litre de sang fixé.

Lors d'une conversation entre avocat et client, l'homme avoue avoir bu plus d'un verre, mais le problème concernait son frein qu'il aurait dû renforcer il y a plus d'une semaine. L'avocate ne pouvait pas ramener ça à la barre, elle risquerait de causer beaucoup plus de complications.

Henry Ulysse était âgé de 45 ans, c'était un homme de petite taille au ventre bedonnant. Il avait deux enfants. Sa femme était atteinte d'un cancer en phase finale et c'était à lui de s'occuper d'elle ainsi que de ses enfants.  Patricia avait du pain sur la planche. Si elle gagne ce  procès, son cabinet gagnera en renommée et si elle le perd, elle s'en voudra énormément. Même si d'un côté, il savait que son client avait gravement merdé.

Elle quitta le lit et se réfugia dans la cuisine, elle se prépara du café puis alla se brosser les dents. Lorsqu'elle sortit de la salle de bain et avant de boire son café, elle descendit vers la pharmacie au coin de la rue et se procura un test de grossesse. Ça fait déjà 2 semaines depuis qu'elle avait du retard sur ses règles et c'était quelque chose qui ne lui arrivait pas souvent. Bien qu'elle le mit sur le compte de la fatigue, au plus profond d'elle, elle savait que c'était faux.

La dame à la pharmacie, une grimel très laide, lui expliqua malgré la posologie inscrite sur le test, la façon de l'utiliser. Patricia sourit, mais sentit son niveau de stress augmenter. Voulait-elle un enfant ? Oui, mais pas maintenant. D'un autre côté, ce n'était pas si grave vu que Marcel et elle étaient fiancés. Il l'aimait, elle le sentait. Elle aussi l'aimait, mais ses parents à elle ne voulaient pas de cet homme. Comme le répétait souvent sa mère. « Ti jenòm nan pa fini lekòl, anplis, s'on bòs mason li ye. » Sans vouloir se mentir, ça lui arrivait parfois de douter. Et si sa mère avait raison ? Et si Marcel se trouvait dans l'incapacité de l'aider un jour ? Néanmoins à chaque fois qu'elle se retrouvait dans ce genre de situation, la présence, le regard et l'emprise que Marcel avait sur elle, changeaient la donne. Elle croyait en lui, en ses rêves et surtout en sa capacité à bien élever leur futur enfant.

De retour à la maison, elle pissa dans un récipient puis laissa tremper le test pendant quelques secondes. Son pouls s'accéléra. Le résultat lui arracha une grimace. Deux lignes... Elle devient fiévreuse tout à coup. Patricia alla s'assoir sur le rebord de la cuvette et continua à fixé intensément le test, comme si elle pouvait changer à tout moment. Elle avait longuement imaginé cette scène, le test positif, la réaction qu'elle aurait en la constatant. Comment annoncerait-elle la nouvelle à son fiancé, et comment il réagirait.

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