19 - La dette

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Les yeux embués, Marcel revient du souvenir de ses parents. Des pleurs. Oui des pleurs de joie. Il a aimé chaque instant, du début jusqu'à la fin. Du moins jusqu'au moment qui a précédé la fin. La fin à tous les deux. Les baisers, les promesses, les regards complices, les caresses et les... bref, il avait détourné le regard à chaque fois que les deux amoureux ont voulu franchir de nouvelles étapes. Les cinémas, les bars, les voyages. Marcel avait même aimé les pleurs. Comme toutes relations, il y avait des hauts et des bas, mais des bas qui menaient à des réconciliations spectaculaires.

Il a assisté à l'enterrement de Marvel ainsi que celui de Miriam. Il s'est vu en train de discuter avec le petit Paul, un ami d'enfance qu'il n'a plus revue depuis ses seize ans. Il a vu Miriam inconsolable. Elle avait perdu l'homme de sa vie, le père de son enfant. Elle n'était plus la même depuis.

Marcel a assisté à la vie de Miriam sans Marvel, ses journées tourmentées, ses prières et ses pleurs... elle n'était plus la même. Sa santé avait prit un grand coup.

Marvel était mort d'un AVC et Miriam d'une maladie cardiaque. Malgré la greffe d'un nouveau cœur. Miriam mourut quelque année plus tard. En soi c'était un suicide, après la greffe, le médecin en chef avait déconseillé à Miriam d'enfanter. Sauf que, 9 ans plus tard, elle donna naissance à un nouveau bébé. Jacob.

Cependant ce qui surpris Marcel c'est la façon dont Jacob a été créé. C'était sa plus grosse question et du coup sa plus grosse surprise. Et cette réponse il ne s'y attendait pas. Genre, vraiment.

C'est à la deuxième année de son accouchement que les complications ont survenu. Ce jour, Marcel ne l'oubliera jamais. Du moins, les moments marquants. Les pleurs incessants du petit Jacob, l'odeur répugnante de l'hôpital. Le visage inquiet de sa tante, ses prières et son chapelet argenté.

-    Alors, t'as tout compris ?

Marcel secoua la tête.

-    Tu pleures, lui fit remarquer la Faucheuse.

-    Non.

-    Ah moi qui croyait que quand vous faites ça, vous l'appelez pleurer. Donc t'as vu, ils ont osé changer le cours de l'histoire. La vache.

Marcel ne répondit pas.

-    C'est fou comment IL vous considère comme des dieux.

-    Ne commence surtout pas avec ça.

-    Non, je suis hyper sérieuse, vous pouvez réécrire l'histoire, ou la transformer à votre guise, si seulement vous saviez à quel point vous êtes puissant.

Marcel l'interrogea du regard. Amusée, elle poursuivit.

-    Crée à sa ressemblance n'a rien à voir avec la forme physique. Il y a du divin en chacun de vous. Tu viens de voir comment tes parents ont chamboulé l'ordre des choses, Jacob ne devrait pas être née. Et bien, toi aussi t'es en train de faire la même chose.

-    Jacob, pensa Marcel.

Il s'empressa le pas. Il l'avait laissé K.O sur une table du vieux restaurant, le Bar machin-chose. Il ouvrit la porte, prolongea le couloir et tomba nez à nez avec l'étalagiste.

-    T'as vu mon frère ?

-    Rien vue, M'sieur.

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