17 - Miriam Beljour ( Elvaruste )

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Les ampoules du couloir semblaient briller de plus en plus à chaque minute qui passait. Dehors, le soleil terminait sa journée de travail, cédant ainsi la place à un ciel plutôt laiteux.

Il y a à peu près deux heures, un docteur avait fait appel à la dame enceinte qui souffrait amèrement. Dans l'heure qui a suivi, Patricia avait cru entendre des cris, des pleurs. Ceux d'un nouveau né. Elle avait pensé à cet embryon dans son ventre. À la façon dont elle allait l'aimer et l'enchérir. À la façon dont elle allait l'appeler. Pendant une dizaine de secondes de pure naïveté, elle avait même imaginé son visage, son sourire mignon et même son regard innocent. Tout à coup, une tristesse s'abattit sur elle. Il est peu probable que Marcel soit là dans ces moments. Maintenant qu'il était replongé dans le coma, Patricia n'avait plus aucun espoir. Peut-être que le mieux à faire était de le débrancher ? « Si je fais ça, ce sera moi la véritable meurtrière » avait-elle pensé. Comment raconter un jour à son fils qu'elle avait signé une décharge attestant le débranchement de son père ?

Depuis une dizaine de minutes, les deux
femmes avaient regagné le banc des visiteurs. Le gamin avait disparu, seule la vieille dame et le type qui dormait au dernier banc étaient restés.

Evelyne n'avait rien compris de tout ça. Pourquoi Augustin s'en était pris au deux hommes ? Qu'avait-il à y gagner ? Affaire personnelle ? Jalousie ? Toutes des questions sans réponse. Cette fois-ci, elle n'avait pas la force de consoler Patricia. Elle aussi avait besoin de réconfort. Et Patricia n'était pas du genre à consoler, déjà elle était quelqu'un d'extrêmement émotif et fragile.

Qu'est-ce qui va arriver, maintenant ? Retour à la case départ. Elles vont attendre qu'un médecin leur informe encore une fois sur l'état de santé des garçons. Est-ce que cette fois encore l'un d'eux va se réveiller ?

Les deux ?

Aucun ?

***

La disposition des caves était splendide. On avait pris le soin de choisir des photos adorables des défunts. Pas souriant, mais splendide. Une agréable odeur de Lys occupait l'espace, elle l'apaise et le réconforte.

Marcel marchait à pas rapide. Il voulait la voir. La revoir. La dernière fois remontait à plus de vingt ans. La dernière fois... c'était à l'entrée d'un hôpital du Centre ville, escortée par deux personnes, entre la vie et la mort. La dernière fois, il avait 11 ans, il était un gamin. La dernière fois, il n'avait rien compris. Du moins au début. La dernière fois, et bien, c'était la dernière fois.

Marcel accéléra.

Et après ? Qu'est-ce qui va arriver ? Est-ce que cela va l'apaiser, la revoir ? Après tout s'il échoue de l'autre côté de la rivière, il va peut-être la revoir. Ils seront à nouveau ensemble, réunis, comme une famille.

En arrivant face à la cave qu'il souhaitait. Il vit une photo de Miriam Elvaruste. ( 1962 - 1998 ) Son cœur accéléra. Miriam était assise, entre ses mains, elle tenait un enfant, encore bébé, de l'autre côté, debout comme un petit soldat un autre, plus âgé. Marcel et Jacob. Elle fixait l'objectif avec un sourire radieux. Marcel sentit une larme couler sur sa joue droite. Elle lui manque terriblement. Elle l'a toujours manqué.

***

Une envie de dégobiller le ralentit sur sa course, Jacob fut obligé de s'appuyer contre un mur, c'était l'entrée de la Salle C, plus que quelques mètres. Pour atteindre l'objectif, il avait besoin d'une dizaine de pas, mais puisque Marcel l'avait saoulé, il avait du mal à garder l'équilibre. Quatre tournées, ingurgitées sans modérations dans un état de pure stress.

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