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TW : Mutilation

Je rentre chez moi après ce rendez-vous foireux, mon appartement me paraît vide, il est vide, il n'y a que moi, je n'ai même pas fait un minimum de déco, il n'y seulement que le stricte minimum. J'entends mon téléphone sonné, je le prends, je vois que c'est ma mère, j'hésite quelques secondes avant de décrocher.

- Tu comptes revenir quand ?

- Tu m'appelles sérieusement pour me dire ça ?

- Oui, je te signal que fuir dans une autre ville ce n'est pas la solution.

- Je n'ai pas le droit de faire mes études ailleurs que cette maudite ville.

- T'as été accepté dans la fac, pourquoi tu as postulé dans une autre.

- Maman, j'ai le droit de prendre mon envol.

- Tu penses à moi ? Tu me laisses seule avec tes deux frères, je suis débordée par le travail.

Toujours des reproches, depuis que je suis partie je n'ai le droit qu'à ça de sa part, elle me fait passer pour l'égoïste, peut-être qu'elle a raison, c'est vrai que je la laisse seule avec mes frères et elle a beaucoup de travail, mais je ne pouvais pas rester dans cette ville, j'ai beaucoup trop de mauvais souvenir. Je ne suis qu'à une heure de là-bas mais je ne veux pas y retourner.

- Tu pourrais rentrer des fois.

- J'en n'ai pas envie.

- Tu laisses tes frères sans nouvelle de leur grande sœur, tu n'es pas croyable, tu t'en rends compte du mal que tu leur fais.

Je raccroche, j'en ai marre de ses fichus reproches, elle ne cherche même pas à me comprendre, c'est difficile pour moi aussi, j'aimerai retourner voir mes frères mais je n'y arrive pas, je n'arrive pas à retourner là-bas et ils pourraient me rendre visite mais elle les empêche.

Je me dirige vers mon lit, je m'affale sur dessus, j'enfile mes écouteurs pour mettre de la musique, pour sentir que je suis encore vivante. Je me sens tellement vide, j'en ai marre de ressentir ce foutu vide. Mais quand je l'ai vu passer la porte, j'ai senti quelque chose pour la première fois depuis longtemps, évidemment cela n'a pas duré longtemps. Je pensais qu'en fuyant mon passé, j'irais beaucoup mieux, que si je fuyais cet endroit pleines de remords, de souffrances je me sentirais beaucoup mieux, mais non tout ce que je ressens c'est un putain de vide. J'ai laissé ma famille, je ne peux plus revenir, mes frères doivent tellement m'en vouloir, ma mère me rejetterait et puis je ne veux pas me remémorer de lui, sa personne. Ce qui me dégoûte c'est que je le laissais me faire du mal, je l'ai tellement laisser qu'à force je ne ressentais plus la douleur, me faire du mal était devenu mon addiction, c'est comme si je me punissais moi-même pour ce que je fais, pour chaque faux pas, chaque erreur que je commets, ça me soulage l'espace d'un instant mais qu'est-ce que ça me dégoûte quand je me regarde dans la glace. Sérieux qui voudrait d'un corps rempli de cicatrices, il est tellement abîmé, je n'arrive plus à le supporter, je n'arrive plus à me supporter.

Je ne leur ai même pas donné la raison pour laquelle je suis partie, ils doivent me détester, non je suis sûre qu'ils me détestent, ma mère m'appelle pour me dire des reproches, elle me rappelle à quelle point je gâche tout dans ma vie, elle n'a pas tord. La preuve j'ai laissé filer la fille que j'aime depuis tant d'années quand elle m'a avoué ses sentiments, simplement parce que j'ai refusé son aide. Je suis qu'une ratée, sans émotion, un corps vide, qui ne ressent rien d'autre que du vide et un mental rempli de remords, de regrets, de culpabilité...

Je trouve la force de me lever pour filer sous la douche, je me déshabille, je récupère cette lame sur mon lavabo avant de rentrer sous la douche, je laisse glisser la lame sur mon avant bras, je répète ce geste plusieurs fois, je le fais sur mes cuisses, ma taille, mon bas ventre. J'ouvre l'eau chaude, je vois l'eau partir, elle est coloré d'une couleur rouge. Ça me brûle mais je me sens bien, j'ai besoin de ça chaque soir, je sais que n'importe qui serait horrifié si il voyait mon corps, mais je ne donne mon corps à personne, personne ne m'a encore touché, je ne le veux pas, j'ai beaucoup trop honte et puis je pense beaucoup trop à elle pour le faire avec quelqu'un.

J'ai terminé mes cours, je monte sur mon vélo pour me diriger vers mon travail, quand je rentre j'enfile mon tablier et me mets directement derrière le bar.

- Pile à l'heure comme toujours.

- Je déteste être en retard.

- Mais désolé pour toi aujourd'hui c'est moi derrière le bar, t'es de service.

- Tu te fous de moi Alec.

- Tu y étais hier.

- Très bien.

Il me fait un clin d'œil accompagné d'un sourire, je lève les yeux au ciel et me dirige vers les clients. Quand je pose les plateaux sur mon avant bras, je sens que ça me brûle mais je ne fais mime de rien.

Mon regard est tourné vers la porte, mon visage se décompose quand je vois Joey, l'ami de Marsh, il ne m'a pas encore remarqué. Il s'installe à une table, je prends un souffle avant de me diriger vers sa table. Il est concentré sur la carte, il n'a pas encore l'air de m'avoir reconnu.

- Monsieur vous avez choisi ?

Il relève la tête, son visage est en complète décomposition, de mon côté je ressens plutôt de la gêne, du mal-être. J'ai l'impression de ne pas être à ma place.

- Peyton Greenwood.

- Je suis au travail là, donc si on pouvait faire comme si on ne se connaissait pas ça m'irait parfaitement.

- Il n'y a pas beaucoup de clients pour l'instant et puis tu dois attendre que je commande, donc on a le temps de discuter.

- Je ne veux pas que tu me parles d'elle.

- Elle est rentrée complètement en pleure hier. Elle était bien dans sa vie avant que tu ne réapparaisses, tu sais avant je voulais qu'elle sorte avec toi jusqu'à ce que tu lui brises le cœur puis disparaît par la suite. Mais bon visiblement son cœur te veut encore donc tu as intérêt d'aller la récupérer.

Attend c'est elle qui se met en victime là, elle est sensée être passer à autre chose c'est vrai elle a quelqu'un, elle ne peut pas me blâmer de ce que je lui ai dit hier, c'est une simple vérité, elle m'a juste pris pour une conne, je veux bien être la méchante dans l'histoire mais je ne suis pas coupable de tout.

- C'est moi qui doit aller la récupérer ? Mais bon sang elle a quelqu'un, je ne veux pas être un simple choix pour elle. Je regrette de l'avoir rejeté l'année dernière, tu ne peux pas savoir à quel point j'ai des remords mais ce n'est pas à moi d'aller la récupérer. Je n'ai rien fait pour qu'elle ait mal au cœur hier soir, c'est elle qui m'a détruit le mien. Elle m'a menti puis avouer ses sentiments et j'apprends qu'elle a quelqu'un de plus elle est fiancée. Je n'ai aucun tord hier, j'ai dit simplement ce que je pensais.

- Elle t'aime encore.

- Non, ne me fait pas espérer, je n'ai plus envie de croire à quelque chose qui n'est pas réel.

- Je vais prendre un café avec une gaufre.

Il ne me dit rien de plus, je note sa commande et me dirige vers le bar pour déposer sa commande. Je sens mes larmes arriver, qu'il est con, il va réussir à me faire pleurer dans mon travail, je me mords la joue intérieur pour ne pas que mes larmes arrivent.

Ne pas être un choixWhere stories live. Discover now