Chapitre 8

508 41 11
                                    


Le cri de Cali me sort de mon incompréhension. Je me tourne vers la jeune femme, elle se précipite vers son père adoptif, ses genoux frappent le sol à côté des deux corps. Le roi Horos retourne déjà vers son trône d'un air nonchalant.

Il vient de tuer sa femme !

Il vient d'assassiner son frère !

Il vient de faire de moi une reine...

Mon regard s'oriente vers Ayden et Alex qui restent figés sous le choc. Alex a encore une main bloquée dans un geste d'apaisement sur le dos de ma sœur. Ayden braque des yeux écarquillés sur moi. Je sors l'une des fioles que m'a données Léandre et lui lance, il la rattrape au vol. Je me doute qu'elle n'aura aucun effet, mais on ne peut pas ne rien faire.

Je sors ma dague à rouelle et prends rapidement la suite du roi qui marche tranquillement vers son trône. Je n'entends que mon sang marteler mes conduits auditifs. J'arrive enfin à sa hauteur, j'arme mon bras pour le transpercer comme il vient de le faire avec son frère. Une odeur de résine et de lavande m'assaille, sans que je ne comprenne pourquoi cette odeur me dit quelque chose. Je vais enfin venger toutes mes pertes et la corrélation entre toutes celles-ci se trouve face à moi.

Quelqu'un m'attrape violemment le poignet et serre si fort que j'en fais tomber ma dague. L'ouïe me revient, j'entends le métal rencontrer le sol. Je me retourne furieuse qu'on m'ait empêché d'accomplir ce que j'attends de faire depuis si longtemps. Je dégaine un de mes poignards et m'apprête à frapper le visage de l'idiot se mettant en travers de ma vengeance et moi. La colère me fait perdre la tête parce que je rencontre les yeux bleus glaciers qui m'empêchent de faire tout autre mouvement.

— Ce n'est pas fairplay de frapper quelqu'un dans le dos, petite guerrière.

Il m'attrape par la même occasion la gorge sans serrer assez fort pour que j'étouffe. Je fronce les sourcils en proie à l'incompréhension la plus totale. Je cherche un moyen de stopper cette illusion.

— Éros ?!

C'est la première fois depuis des mois que ce prénom franchit mes lèvres, c'est même la première fois que j'ose penser à ce prénom... Sa tête se penche sur le côté et il plisse les yeux.

— On se connaît ?

Cette phrase m'achève, je cherche un soutien du regard. Je cherche à comprendre si je suis totalement folle ou si quelqu'un d'autre voit l'homme mort qui était mon âme sœur. Ayden est debout, la fiole vide dans ses mains et il dévisage lui aussi l'homme qui me tient par le cou. Alex a placé ma sœur dans son dos et paraît aussi confus que moi.

— Il vient de demander si Tia le connaît où je rêve ?

Ayden lance un regard à son frère et acquiesce. Le contact de la main d'Éros sur mon cou devient plus pressant.

— Tu es vivant ? Je lâche le poignard que j'avais attrapé.

— Je respire donc je suppose que oui. Il hausse un sourcil. Mais ce ne sera plus ton cas dans quelques minutes.

Ayden fait un pas en avant et je le stoppe d'un geste de la main.

— Il t'étrangle, tu ne peux pas me demander de ne pas intervenir.

— C'est vrai que c'est idiot. Es-tu idiote ?

Je suis surtout folle. Mes yeux parcourent son visage à une vitesse impressionnante. Ses cheveux sont plus courts, mais à part ça il paraît inchangé. Je ne lis rien dans ses yeux, si ce n'est une froideur impénétrable. Il y a quelque chose d'inhabituel chez lui que je ne saurais pas expliquer. C'est le physique de mon âme sœur, mais je ne le retrouve pas. Mon cerveau reçoit enfin l'information qu'il n'a pas pris le temps d'analyser plus tôt. Il vient de me menacer. Il veut me tuer. Il maintient toujours mon poignet droit dans sa main et son autre main comprime de plus en plus ma trachée. J'essaie d'attraper un autre poignard, mais la main d'Éros qui maintenait fermement mon poignet droit se saisit de l'autre rapidement.

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant