Chapitre 10

494 35 4
                                    

Ce n'est pas lui. Ce n'est pas l'homme que j'ai connu, celui dont je suis tombée amoureuse. Comment peut-il lui ressembler à ce point tout en étant si différent ?

Je lance un regard à Ayden. Il ne dit rien. J'essaie de comprendre ce qui a pu les pousser, Eryk et lui, à mettre mon frère au fer. J'entre dans le salon et c'est avec surprise que je constate la présence de Léandre. Il se tient debout à côté de la cheminée en compagnie des deux gardes qui l'ont menotté avec qui il parle tranquillement. Mon frère n'a pas les poignets entravés et boit tranquillement un verre d'eau. Il tourne la tête vers moi, un hématome s'épanouit sur sa pommette. Ayden me dépasse et s'assoit dans son fauteuil habituel. D'un geste de la tête j'enjoins les hommes présents à parler. Mon frère ouvre la bouche, mais la porte s'ouvre à nouveau et Eryk pénètre dans mon champ de vision. Le nouveau venu observe mon frère et se retient de rire. Léandre lance alors :

— Ooooh, je ne t'ai pas raté apparemment.

— Regarde-toi avant de parler.

Mon frère sourit et Eryk dit aux gardes qu'ils peuvent nous laisser. Je dévisage chacun des hommes présents dans la pièce, mais aucun d'entre eux n'a l'air soucieux de revenir sur les événements qui viennent de se produire.

— Est-ce que je peux savoir pourquoi Eryk s'est mangé une droite et pourquoi Léandre s'est retrouvé menotté ?

— Éros m'a reconnu...

— Je l'ai remarquée, en effet.

Une moue peinée apparaît sur son visage tuméfié. J'expire bruyamment face à sa réaction et l'invite à poursuivre.

— Il pense que je suis venu le sortir d'ici...

— Et grâce à cette intervention musclée devant lui, il va penser que Léandre est notre prisonnier, commente Eryk.

— Je pense que le mieux à faire serait de mettre Léandre dans une des prisons au sous-sol et de mettre le prince à côté... Il se confiera à son ami.

Ayden regarde mon frère qui n'est pas seulement l'ami d'Éros, mais son meilleur ami.

— Je n'ai pas spécialement envie que Léandre soit mis derrière les barreaux.

— Ce ne sera que quelques jours, le temps que le prince parle. Ça t'irait, Léandre ? demande Ayden.

Mon frère hoche la tête avec une facilité déconcertante.

— Et qu'est-ce que vous voulez savoir ? je pose cette question avec un peu trop de véhémence. Je veux juste l'utiliser comme monnaie d'échange contre nos parents.

Je n'avais pas encore émis cette hypothèse à voix haute, mais elle a hanté mes nuits.

— Tu serais prête à échanger ton âme sœur ? Eryk me dévisage.

— Je ne connais pas cet homme. Il ressemble à mon âme sœur, mais son regard n'est pas le même et je n'ai pas spécialement envie de garder dans mon pays un homme qui nous déteste... Il a essayé de me tuer.

Je désigne les endroits qu'il a frappés de son épée. Heureusement, ce sont de petites entailles qui ne m'handicapent pas du tout. Eryk a une moue dubitative qui me fait froncer les sourcils. Ayden égal à lui-même annonce :

— Très bien, c'est ton choix. Je ne suis pas forcément d'accord avec toi. Avoir le prince du pays ennemi comme prisonnier de guerre est un avantage considérable, mais si tu veux qu'il parte, il partira.

Je hoche la tête sachant pertinemment que c'est lui qui a raison. Éros est un atout de taille pour mettre fin à la guerre, mais mes parents en sont tout autant pour le roi. Ce qui nous met à égalité. Ayden reprend :

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant