Chapitre 14 - Léandre

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Cali entre dans ma chambre comme une furie. Elle referme la porte derrière elle vigoureusement. Je pose le livre que je lisais et me redresse lentement. Je suis assis sur mon lit et l'observe avec méfiance. Son regard parcourt la pièce à toute vitesse avant de se poser sur moi. Elle entrouvre la bouche prête à parler, mais ses yeux dévalent mon torse nu et sa phrase se perd dans les limbes.

— Oui ?

Ses cils papillonnent et ses yeux verts délavés reviennent sur mon visage. Je me lève lentement en attendant qu'elle parle.

— C'est le moment, on doit te descendre en cellule.

Je hoche la tête et attrape le premier tee-shirt que je trouve dans ma commode. Je lance un regard vers la porte de la salle d'eau et m'approche de Cali. Je m'arrête une fois face à elle. Elle fronce les sourcils et passe sa main dans ma poche de pantalon. Elle en sort mon couteau papillon. D'un mouvement fluide, elle l'ouvre puis le referme aussi rapidement. Le regard qu'elle me lance se veut incendiaire, mais elle n'arrive qu'à me faire sourire.

— Tu ne peux pas emmener ça, insiste-t-elle.

— Ouais, ouais, ouais...

Je l'attrape par la taille et la tire vers moi. Ma main droite se place dans le creux de ses reins tandis que la gauche attrape sa nuque. Je l'attire à moi et m'empare de sa bouche. Je la sens se détendre contre mon corps. Le couteau frappe le sol tandis que ses mains explorent mes pectoraux. Sa réaction me vole un sourire. Elle le sent parce qu'elle ne peut s'empêcher de sourire à son tour contre mes lèvres. Elle me pousse légèrement pour que je recule sans perdre mon sourire.

— Aussi agréable que ce soit, on doit y aller. Maintenant.

Je plisse les lèvres en souriant et en hochant la tête. Elle a raison. Je tourne la tête vers la porte de la salle de bain.

— Lua, j'y vais.

À cette phrase, Cali s'éloigne de trois pas en écarquillant ses magnifiques yeux. Ma petite sœur passe la tête par la porte en fronçant les sourcils.

— Déjà ? Tu remontes quand ?

— Aucune idée, mais sans doute pas cette nuit. Tu peux prendre mon lit plutôt que le lit d'appoint. Ou bien va dormir dans la chambre d'Hestia.

Ça fait plusieurs nuits que ma sœur préfère dormir dans ma chambre plutôt que dans la chambre qui lui a été attribuée. Je lui ai proposé mon lit, mais elle a insisté pour prendre le lit d'appoint sans que j'aie mon mot à dire. Je me sens coupable à l'idée de la laisser dormir dans un lit aussi peu confortable, mais elle ne s'en plaint pas et a l'air de passer de bonnes nuits. Elle n'est aucunement cernée et rayonne comme d'habitude. Elle hoche la tête et passe la porte de la salle d'eau pour se jeter dans mes bras. Je pose ma tête sur la sienne en la serrant contre moi.

— Ok, à très vite alors. Et ne reviens pas avec une maladie ou je ne sais quoi. On ne sait pas ce qui traîne dans les cachots.

— Je suis plus robuste que ce que tu as l'air d'insinuer.

Elle se détache enfin et me lance un regard hautain sans réussir à le tenir et finit par rire. Je secoue la tête comme si j'étais épuisé par cette petite. Elle retourne rapidement dans la salle de bain après avoir salué Cali. Je sens un coup sur mon bras.

— Tu aurais dû me dire qu'elle était là.

— Et me priver de cette exquise réaction ? J'en doute.

Un nouveau coup m'atteint, je la laisse faire. Cali refuse qu'on parle de nous deux aux autres. Ça fait bientôt trois mois que je me faufile dans sa chambre ou qu'elle s'introduit dans la mienne. Les premières fois, elle est venue me parler d'Hestia, me communiquant son inquiétude, mais rapidement les conversations ont dévié et je me suis retrouvé à parler de ma vie. Elle m'a raconté la sienne. Je crois que j'ai craqué pour elle à la minute où mon regard a croisé le sien. Évidemment, ce n'était pas un moment évident, je venais de perdre mon meilleur ami, Cléo m'avait manipulé et trahi, j'avais été horrible avec ma petite sœur, je devais me faire pardonner alors qu'elle portait un deuil plus complexe que le mien. Certainement pas le moment idéal pour flirter avec une femme et encore moins avec la sœur d'un homme que j'ai failli laisser mourir par empoisonnement. Malgré ces conditions défavorables, je crois qu'elle m'a remarqué au même moment. Il nous a fallu un temps à tous les deux pour comprendre la profondeur de nos sentiments. J'ai beaucoup pensé à Cléo et à sa trahison, j'étais tombé amoureux de la jeune femme sans voir son vrai visage et pourtant... Ce qui est dingue, c'est que quand j'ai vu les yeux de Cali j'ai tout oublié, que ce soit Cléo ou même Éros. Un soir, j'ai pris mon courage à deux mains, je ne pouvais pas passer ma vie à laisser mes erreurs passées m'empêcher de vivre ma vie. Je me suis précipité dans la chambre de Cali et sans préambule je l'ai embrassé avec voracité. Quand j'ai finalement réussi à la lâcher, elle a haussé un sourcil et dit « Enfin ! ». J'ai su instantanément que je l'aimais. Depuis, nous attendons le bon moment pour parler de notre relation...

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant