Chapitre 12

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Je m'attendais à tout sauf à ça. Il recule et mon corps ne peut que suivre ses mouvements. Je me sentais ankylosée en apprenant qu'il pensait qu'Anna-Livia était son âme sœur, mais ce revirement de situation me revigore. Il est brusque dans ses mouvements et ne me ménage pas. Je lève le bras et frappe violemment son foie avec mon coude. Il encaisse le coup en étouffant un juron. Je sens sa main se déplacer de ma bouche à mon cou.

— Ne hurle pas, au risque que je te coupe la parole rapidement.

Je ne peux que le sentir dans mon dos. Sa main libre tâtonne ma ceinture à la recherche de quelque chose. Il souffle d'exaspération.

— Où sont tes armes ?

Je le laisse tâtonner dans le vide. Les seules armes que je porte sont cachées. Une à la cheville et ma dague à rouelle accrochée à la cuisse. Le seul moyen de l'atteindre est de passer sa main dans ma poche que j'ai trouée pour la récupérer facilement.

— Va en enfer.

— J'y suis déjà, le but est d'en ressortir.

Il bouge dans mon dos, bientôt, il passe devant moi tout en gardant sa main plaquée sur mon cou.

— Tu vas faire ce que je te dis et en silence. As-tu des armes sur toi ?

Je ne réponds pas. Je le dévisage avec hargne. Je réfléchis à toutes les options me permettant de m'en sortir sans lui faire du mal. Même s'il ne se souvient pas de moi, je n'arrive pas à accepter l'idée que je devrais le blesser. Au lieu d'agir comme je le ferais d'ordinaire, je le dévisage en silence et cette absence de réaction de ma part me tue. Je me souviens d'une phrase qu'Ignace m'a dite. Prendre le risque d'aimer c'est s'attendre à ce qu'il nous fasse du mal un jour ou l'autre. Il me l'avait dit quelques jours après que le lien avec Éros ait été brisé. J'ai souffert en le croyant mort, mais n'est-ce pas pire de le voir se retourner contre moi ? J'aimerais le penser, mais je préfère le voir en vie et je suis incapable de faire quoique ce soit contre lui à moins qu'il attente réellement à ma vie... Il sourit.

— Bien sûr que tu en as sur toi. Ok, recule.

Il appuie sur ma gorge et j'obtempère. Je me retrouve rapidement assise sur la chaise qu'il occupait quelques minutes auparavant. Il attrape la corde de sa main libre et me lâche enfin le cou. Dans un mouvement rapide, il attache mes poignets dans mon dos.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? Des gardes sont postés devant la porte et d'autres tournent autour du château.

Il me fouille en commençant par mes chevilles, mon couteau atterrit dans sa main. Je poursuis.

— Même avec une dague tu ne t'en sortiras pas.

— Tu vas déjà me retirer ses menottes. Dit-il en me montrant les manchettes qui bloquent ses aptitudes. Et ensuite, tu vas créer un portail pour que je rentre.

— Mais tu as tout prévu.

Je ris quelque peu en levant les yeux aux ciels. Ses mains remontent lentement le long de mes jambes. Je ne devrais pas apprécier cette sensation qui n'a rien de romantique au vu de la situation.

— Oui et je ne te laisse pas vraiment le choix de m'aider.

La lame de mon couteau effleure rapidement ma gorge avant d'arracher mon pantalon à l'endroit où se trouve ma dague à rouelle.

— Tu es pleine de surprise. Avant que tu fasses ce que je te demande, je veux des réponses à certaines de mes questions.

— Je ne ferais pas ce que tu veux, même si je le voulais, c'est impossible dans l'enceinte du château. Il est protégé et aucun portail ne peut y être créé.

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant