Chapitre 2 : Discordes.

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Chapitre 2.2 : Discordes.

         — Alors, elle a décidé de prendre congé ? Que c'est regrettable... » exprima Marianne, ressentant de la peine pour son mari. Je sais que vous portez une affection particulière à cette dame.

— Et vous, n'est-ce pas ? demanda Edouard, tandis que Jules Bellamy, son valet de chambre, l'assistait à enfiler son pyjama. En temps normal, cette tâche aurait été effectuée dans la chambre du duc, mais il avait ressenti le besoin réel de discuter avec sa femme, Marianne. Cette dernière étaient déjà assise dans son lit, en robe de nuit, sous les couverture du grand lit à baldaquin.

— Bien sûr que si. Mais ce n'est pas la même relation. Elle ne m'a jamais élevée...

Marianne soupira, observant Edouard baisser la tête, contrarié par ses paroles qui n'allaient pas dans le sens qu'il aurait souhaité. Elle n'avait jamais entretenu une relation chaleureuse avec Madame Dubois, et elle ne feindrait pas d'être attristée par son départ.

Lorsque Marianne De Rohan, Baronne De Montfort, avait épousé Edouard De Villiers, Duc de Chantilly, il y avait près de 30 ans, elle avait eu de la chance. Une baronne élevée au rang de duchesse était plutôt rare. La société s'était toute retournée à l'époque, se remémorait Marianne avec amusement. Ses parents, le Baron et la Baronne de Montfort, avaient clamé haut et fort que leur fille était leur plus grande réussite. Pourtant, la famille d'Edouard n'avait jamais réellement partagé cet avis, même s'il ne le laisserait jamais transparaître devant elle. Leur unique fils ? Héritier du domaine de Chantilly avec une simple baronne ? Et pour couronner le tout, elle n'avait pas seulement été mal accueillie par les regrettés parents De Villiers, mais aussi par ses employés. Dont Madame Dubois, qui, bien qu'elle eût grandement affectionné ses enfants Éléonore et Charles, ne l'avait jamais portée dans son cœur. Sans doute la trouvait elle également indigne d'Edouard, qu'elle avait élevé et aimé comme une mère le devrait.

Cependant, il ne s'agissait pas simplement d'une question de rang et de convenance. Non, Edouard et elle étaient véritablement tombés amoureux, et elle n'avait jamais pensé ressentir cela un jour. Quand elle repensait à cette époque, c'était avec une certaine mélancolie. Où ce sentiment était il donc passé ? Quand avaient ils cessé de partager leur lit et commencé à rester dans leurs quartiers respectifs ?

Les rares fois où ils partageaient leur lit, comme la veille, Marianne était sujette à des cauchemars intenses. Le médecin avait qualifié cela de terreurs nocturnes, bien qu'elle ne comprenne pas pleinement la nuance. Seulement qu'il s'agissait de rêves découlant d'un événement traumatisant...

— Je vous remercie, Bellamy, exprima Edouard en inclinant la tête vers son valet de pied, qui lui rendit la salutation avant de s'éclipser de la chambre sans produire le moindre bruit.

Edouard se tourna ensuite vers Marianne, et un silence embarrassant s'installa. Les récents événements avaient considérablement altéré leur relation. Leur mariage, autrefois empreint d'une abondance de sujets de conversation, semblait désormais plongé dans un mutisme pesant.

— Souhaitez vous que je m'en aille ? osa finalement demander son mari.

— Oui... Je ne voudrais pas vous priver de sommeil si vous restez, comme cela arrive fréquemment ces derniers temps, répondit Marianne.

— Mais je suis votre mari... Je n'aime pas savoir que vous vous réveillez en proie à la terreur et que je ne suis pas là pour vous soutenir et vous rassurer, ajouta Edouard.

— Edouard... Marianne prit une grande inspiration. Je ne fais pas de cauchemars lorsque vous n'êtes pas là...

La Duchesse de Chantilly observa le visage de son mari se déformer, non seulement de chagrin, mais aussi de douleur.

— Je... Je vois, murmura-t-il d'une voix rauque d'inconfort, détournant le regard à droite puis à gauche, contemplant leur chambre autrefois empreinte de lumière, de rires et de joie, l'endroit où elle avait donné naissance à leurs deux merveilleux enfants. Edouard avait toujours considéré cette pièce comme étant leur chambre, bien qu'il s'agisse en réalité de celle de sa femme. Il la trouvait toujours si féminine, imprégnée d'amour et de bonheur. En comparaison, ses propres quartiers n'étaient qu'un ensemble vide, meublé de façon robuste et terne.

Les quartiers de Marianne De Villiers au château de Chantilly reflétaient à la fois la grandeur classique de la demeure et la personnalité raffinée de la duchesse. Les murs étaient ornés de riches tentures de velours dans des tons chauds, apportant une atmosphère chaleureuse à la pièce. Les meubles en bois massif, finement sculptés, ajoutaient une touche d'élégance et de tradition à l'ensemble.

Le lit à baldaquin trônait au centre de la chambre, drapé de luxueux tissus aux nuances subtiles de violet et rouge. Les oreillers et la couverture étaient soigneusement assortis, créant un ensemble harmonieux. À côté du lit, une petite table en acajou supportait un vase débordant de fleurs fraîches, ajoutant une touche de couleur à la pièce.

Un bureau en bois sombre, orné de détails délicats, était placé près de la fenêtre, offrant une vue sur les jardins bien entretenus du château. Sur le bureau, des lettres scellées à la cire attendaient d'être lues, et un ensemble de plumes et d'encriers reposait à côté d'un cahier de correspondance.

L'air était imprégné d'un parfum subtil, une fragrance délicate choisie personnellement par Marianne. Des bougies diffusaient une lueur douce, créant une ambiance apaisante dans la chambre. Un fauteuil confortable près de la cheminée invitait à la détente, avec une étoffe assortie à celle du lit.

Des étagères finement travaillées étaient remplies de livres, montrant le goût de la duchesse pour la littérature et l'érudition. Des portraits de famille, délicatement encadrés, décoraient les murs, rappelant les liens précieux qui unissaient Marianne à son mari et à ses enfants.

Pourtant, tous ces souvenirs étaient désormais éclipsés par un sentiment d'amertume et de chagrin.

— Bonne nuit, dit alors le duc, d'un ton vide, une main déjà sur la poignée de la porte. Marianne observa son mari l'ouvrir, le visage fermé.

— Oh, et... Demain, Madame Dubois nous présentera la nouvelle gouvernante en chef qu'elle a choisie. Nous la présenterons ensuite à l'office.

— Je suis soulagée. Je pensais que nous opérerions sans gouvernante... C'est une chose que nous ne pouvons nous permettre.

— Oui...

Marianne observa attentivement son mari, le ton de sa voix semblant légèrement amer. Mais était il amer à cause de sa réponse ou de la perspective d'une nouvelle gouvernante en chef ?

— J'espère qu'elle sera compétente. Le château de Chantilly entretenu par une mauvaise gouvernante, quel scandale ça serait.

Edouard eut un rictus ironique face aux paroles de sa femme et sortit en trombe de la pièce. Les épaules de Marianne s'affaissèrent immédiatement, regrettant ses paroles de bourgeoise. Elle venait de jouer à la Duchesse avec son mari, et elle savait qu'il avait horreur de ce comportement. Lui, qui avait toujours été humble et reconnaissant du travail des autres. En outre, elle avait été élevée dans un environnement différent, moins élevé mais plus égoïste, et son mauvais caractère ressurgissait parfois. Et souvent ces derniers temps.

Contrariée, Marianne De Villiers se laissa choir sur le lit, éteignant la lampe à l'huile de son côté du lit, plongeant ainsi dans l'obscurité qui engloutissait son être, mirant fidèlement l'état de son cœur en cet instant.

Contrariée, Marianne De Villiers se laissa choir sur le lit, éteignant la lampe à l'huile de son côté du lit, plongeant ainsi dans l'obscurité qui engloutissait son être, mirant fidèlement l'état de son cœur en cet instant

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« Tandis que Jules Bellamy, son valet de chambre, l'assistait à enfiler son pyjama »

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