Chapitre 14 : Détermination.

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Chapitre 14.1 : Détermination.

                    — Je ne puis concevoir que vous ayez accordé foi à cette... cette...

— Si vous faites référence à Mademoiselle Leclaircie, permettez moi de vous interrompre immédiatement. Nous lui sommes redevables d'une grande reconnaissance, coupa Édouard, interrompant Marianne dans son élan.

— Une grande reconnaissance ?

— En effet. Pauline Lambert était une menace. Et je n'ai jamais porté cette femme dans mon estime, s'irrita légèrement Édouard en desserrant sa cravate, seul devant le vaste miroir de la chambre.

— Oui, certes, mais elle était ma femme de chambre. Qui prendra désormais en charge mon habillement ? Leclaircie ?! demanda ironiquement Marianne.

— Effectivement.

— Quoi ?! Vous plaisantez !

Marianne se leva presque du lit, se redressant complètement.

— Je ne sais pas ce que cette femme vous a fait pour que vous la détestiez autant, Marianne, mais elle est compétente. Elle s'occupe déjà d'Eléonore, et cette dernière est très satisfaite de Mademoiselle Leclaircie. C'est simplement le temps qu'Henri réorganise la hiérarchie des femmes de chambre. L'une d'entre elles sera promue en tant que cheffe et chargée de former les autres. Ne vous inquiétez pas, au pire, cela ne sera que temporaire.

Marianne soupira, passant une main sur son visage. Elle devait cesser de s'emporter contre cette femme devant son mari. Il avait du mal à la comprendre depuis un certain temps déjà, mais elle craignait tout de même qu'il commence à douter de ce qui n'allait pas.

Il s'était écoulé près de trois mois depuis qu'elle avait embrassé Henri. Qu'elle lui avait confessé son amour, et il n'avait pas semblé surpris. Dans un élan de courage, elle l'avait embrassé passionnément, et il avait répondu avec la même passion. Son corps avait frissonné de la tête aux pieds, jusqu'à ce que la porte entrouverte ne grince. Henri et elle avaient sursauté, son cœur avait bondi, et elle avait immédiatement ressenti une nausée en imaginant Charles ou Édouard derrière la porte. Mais non. Les circonstances ne pouvaient pas être meilleures. Le visage consterné de Mademoiselle Leclaircie fut la plus belle vision qu'elle avait connue depuis un moment. Cependant, ce qui fut moins agréable, c'est quand Henri l'avait poursuivie.

Malgré tout, même si Henri Deveau avait suivi la gouvernante, elle était heureuse. Ce qui s'était passé entre elle et le jeune homme, elle l'avait rêvé depuis longtemps.

Ensuite, elle avait compris. Henri l'évitait. Il n'était pas venu la voir une seule fois ni n'avait cherché à la croiser. Peut-être se sentait il mal, pensant avoir profité d'elle ou, probablement, pensant à son mari, Édouard. Peut-être se sentait il mal envers lui et aussi envers Julia Leclaircie, à qui il avait probablement donné de fausses idées.

Mais un jour, il était venu la voir, dans le même petit salon où ils s'étaient embrassés, la tête haute. Il l'avait confrontée courageusement, lui disant qu'il ne ressentait pas la même chose qu'elle et qu'il était profondément amoureux de la gouvernante de Chantilly, malgré le fait qu'elle ne lui parlait plus depuis la scène qu'elle avait surprise.

Le cœur de Marianne s'était brisé en deux, complètement. Ce cœur, déjà largement fissuré depuis la perte de son enfant et de celui d'Édouard, n'avait eu besoin que d'un coup de pouce pour se fracturer. Chaque moitié s'était emplie de noirceur. Elle ne ressentait plus rien, seulement de la jalousie, de l'amertume et de la colère. L'amour qui avait de nouveau traversé son corps s'était évaporé, remplacé par l'obscurité. Même la perspective de dormir a nouveau avec son mari depuis près de trois mois la laissait indifférente.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant