Chapitre 9 : Complots.

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Chapitre 9.1 : Complots.

               Henri était assis sur l'un des murets qui entouraient les somptueux jardins à la française du château. Sa tête reposait entre ses mains, toute préoccupation pour les convenances l'ayant abandonné.

Soudain, une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter. Il rencontra le regard d'Edouard De Villiers et tenta de se lever, mais le duc le retint avant de s'asseoir également sur le muret à ses côtés. Les pompiers avaient réussi à éteindre l'incendie, bien que les chambres à l'extrémité du couloir des femmes aient subi des dégâts considérables, voire aient été entièrement détruites. Cependant, l'essentiel était que tout le monde était sain et sauf.

— Tout va bien, Henri ? demanda gentiment le duc De Villiers.

— Merci, Monsieur.

— Pas de cela avec moi, sourit-il, encourageant la conversation.

— Je n'ai pas été à la hauteur, Monsieur. Je n'ai rien su faire. Mademoiselle Leclaircie nous a tous sauvés, en commençant par Mademoiselle Dupuis.

— Comment va-t-elle ? demanda le Duc de Chantilly.

Henri observa devant lui, où les pompiers s'affairaient autour de leurs chevaux et de leurs modestes équipements. Lorsque Julia était sortie des flammes, tenant Elise à bout de bras, sa robe était en feu, elle avait hurlé. Henri s'était précipité pour prendre la femme de chambre inconsciente sur ses épaules et avait tenté d'éteindre le feu de la robe de Julia avec sa veste. Sa robe bleu clair était maintenant noire et brûlée, remontant presque à mi-cuisses.

— Mademoiselle Dupuis va bien. Elle est à l'intérieur avec Mademoiselle Leclaircie... Les pompiers disent qu'elle a inhalé beaucoup de fumée. C'est pour cela qu'elle a perdu connaissance, elle n'a pas réussi à sortir en même temps que Mademoiselle Martinet. Certainement parce qu'elle voulait récupérer des affaires...

Monsieur De Villiers hocha la tête en silence, regardant également devant lui. Le soleil commençait à poindre à l'horizon, indiquant une heure très matinale en ce jour d'hiver. Tous les employés étaient dispersés entre la cour et l'office. Charles De Villiers et Marianne De Villiers étaient retournés dans les étages, sous les ordres du Duc qui n'avait pas quitté une seule seconde ses employés.

— Vous n'y êtes pour rien, Henri. Vous avez déjà beaucoup aidé.

— Mademoiselle Leclaircie a été... héroïque.

— Je suis bien d'accord... Nous avons de la chance de l'avoir.

Monsieur De Villiers se leva du muret et regarda Henri, qui se leva également avec respect.

— Il faut qu'elle se repose. Je ne veux pas qu'elle travaille aujourd'hui. Vous demanderez à Mademoiselle Lambert de reprendre ses fonctions pour la journée. Et il n'est évidemment pas question que Mademoiselle Dupuis reprenne ses fonctions avant d'être en pleine forme.

— Bien, Monsieur.

— Oh, et, dites à Mademoiselle Leclaircie de passer me voir quand elle se sentira bien.

Henri hocha respectueusement la tête et regarda Monsieur De Villiers quitter la cour de l'office pour retourner à l'entrée principale et aux étages. Le majordome soupira de soulagement, sentant son cœur ralentir enfin son allure, l'adrénaline de la nuit quittant ses veines petit à petit.

Il était soulagé que tout se soit bien terminé pour chacun. Cependant, un profond sentiment d'inutilité l'accablait. En sa qualité de majordome de la demeure, il n'avait su protéger quiconque. Lorsqu'il avait vu Julia Leclaircie se précipiter dans les flammes, une terreur dévastatrice avait semblé faire éclater son cœur. À cet instant, la panique l'avait submergé, et il avait désespérément crié le nom de Julia. La perspective de la perdre lui était insupportable. Elle ne pouvait disparaître ainsi. On ne pouvait la lui ôter, pas alors qu'il commençait à avoir la chance de la découvrir réellement. Pas après qu'il eut pris conscience de ce sentiment qui le traversait tout entier à chaque pensée pour elle, à chaque regard porté sur elle, à chaque instant passé à ses côtés. Ce sentiment qu'il avait ressenti si intensément dans son bureau, lorsqu'il l'avait embrassée et qu'elle avait répondu avec une ferveur égale à la sienne.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéOn viuen les histories. Descobreix ara