Chapitre 12 : Expiation.

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Chapitre 12.2 : Expiation.

— Vous présentez une mine déplorable, commenta froidement Pauline Lambert.

— Je vous prie de m'excuser ?

Julia fronça les sourcils en relevant les yeux vers le miroir suspendu au-dessus de la petite commode, où reposaient une bassine vide, un broc d'eau et une serviette. Elle venait tout juste d'entrer dans la chambre, prenant soin de fermer avec précaution la porte de l'office, puis celle des quartiers réservés aux femmes. Depuis l'incendie, et depuis qu'elle partageait une chambre avec Pauline Lambert, Julia avait dû renoncer à fréquenter le Cercle des Républicains. La seule fois où elle s'y était rendue ces dernières semaines, c'était lorsque Henri Deveau l'avait suppliée de l'y accompagner. Henri... Ses yeux se souvenaient encore de la scène pénible dans le petit salon des De Villiers, il y avait désormais trois mois. Et maintenant, alors qu'elle se lavait le visage, le regard de Mademoiselle Lambert dans le miroir la défiait avec un sourire narquois.

— Vous semblez souffrir.

— Et cela vous intéresse ? demanda Julia de manière ironique, posant la serviette maintenant humide sur la commode.

Elle se tourna vers la femme de chambre en chef et la toisa du regard, ses fesses reposant sur le rebord de la commode.

— Pas vraiment.

— Alors pourquoi poser la question ?

Un silence s'installa dans la petite pièce froide avant que Pauline, déjà en chemise de nuit, ne se lève du bord de son lit pour se glisser sous les couvertures.

— Je ne vous apprécie guère. Mais je suppose que vous le savez déjà.

Julia baissa la tête, esquissant un petit ricanement.

— Oui, j'avais déjà deviné. D'ailleurs, vous n'aviez pas besoin de mettre le feu à ma chambre pour me le faire comprendre.

La réaction de Mademoiselle Lambert ne se fit pas attendre, et Julia jubila intérieurement. Son visage se décomposa littéralement devant elle, ses mains légèrement tremblantes.

— De quoi parlez vous ?

— Bien sûr...

Julia hocha la tête avec ironie, se déplaçant pour se tourner de nouveau vers la bassine d'eau. Elle reprit la serviette et la suspendit sur le crochet prévu à cet effet.

— Que comptez vous faire ? Allez-vous en parler au duc et à la duchesse ? Ils ne vous croiront jamais.

— Vous savez quoi ? Puisque vous êtes honnête avec moi, je le serai aussi. En réalité, je n'avais pas l'intention de vous parler de tout cela. Je pensais simplement vous observer faire vos valises. Donc, je vous annonce que c'est votre dernière nuit dans cette maison. Profitez en.

Le visage confus de la femme plus âgée fit jubiler intérieurement Julia. Elle se sentait méchante. Mais la blessure causée par la trahison d'Henri semblait la rendre sombre, noire, dénuée de tout sentiment.

— J'ai trouvé ceci dans cette chambre.

Julia glissa sa main dans la poche de sa jupe bleue et en sortit un médaillon complètement noirci et brûlé.

— C'est à moi ! Vous avez fouillé dans mes affaires.

— Peut-être. Mais c'est intrigant, car je suis certaine qu'au moment de l'incendie, vous n'aviez aucune trace de suie sur vos vêtements ni sur votre visage. Aucun de vos habits n'était brûlé, rien. Mais ce médaillon... Je me rappelle vous l'avoir vu porter tous les jours depuis que je vous connais. Il est assez curieux que vous ne le portiez plus depuis l'incendie. Heureusement pour vous, vous êtes une femme loyale, travaillant ici depuis des années. À mon avis, tout le monde aura remarqué ou vous aura fait la remarque que vous ne portiez plus votre précieux collier. Qu'avez-vous répondu ? Que vous l'aviez égaré ?

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now